Le méthane a un gros défaut, et un gros avantage. Son impact sur le réchauffement climatique est très fort car c’est un gaz à effet de 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2). Heureusement, sa durée de vie dans l’atmosphère est bien plus courte (12 ans contre plus de 100 ans pour le CO2).
Réduire les émissions de méthane a donc un impact très rapide sur le réchauffement climatique. Le dernier rapport du programme environnemental des Nations Unies (UNEP), publié jeudi 6 mai, apporte sur ce sujet des nouvelles très positives. L’équipe qui a travaillé dessus a identifié de nombreuses solutions pour réduire significativement les émissions de ce gaz à effet de serre.
« Plus de la moitié des émissions des émissions mondiales de méthane proviennent d’activités dans trois domaines : les énergies fossiles (35 % des émissions générées par l’homme), les déchets (20 %) et l’agriculture (40 %) », écrivent les auteurs. Dans le secteur des énergies fossiles, des émissions de méthane sont notamment générées lors de l’extraction, du raffinement et de la distribution du pétrole et du gaz.
Dans le domaine des déchets, ces émissions proviennent, entre autres, des eaux usées et des décharges à ciel ouvert. Et dans le secteur agricole, on le sait, les rots et les pets du bétail sont les principaux responsables, mais la culture du riz entraîne également son lot d’émissions.
Des solutions dans les secteurs de l’énergie, de l’élevage et des déchets
Les priorités ne seront pas les mêmes pour chaque pays : « En Europe et en Inde, c’est dans le traitement des déchets qu’il y a le plus de potentiel de réduction. En Chine, c’est dans l’industrie du charbon et l’élevage. En Afrique, dans l’élevage et l’industrie du pétrole et du gaz », précise le rapport de l’UNEP.
Mais quel que soit le domaine visé, il existe de nombreuses solutions pour réduire les émissions de méthane, révèle l’UNEP. Dans le secteur des énergies fossiles, cela passera par exemple par un travail minutieux d’inspection des installations, afin de repérer les fuites et les colmater. Il est également possible de réduire les émissions de méthane des mines de charbon en inondant les sites abandonnés.
Dans le domaine agricole, des modifications du régime alimentaire des animaux peuvent avoir un impact significatif sur le méthane qu’ils rejettent. Pour ce qui est de la culture de riz, l’utilisation de variétés d’hybrides et le compostage de la paille sont des options intéressantes.
Le point le plus positif mis en évidence par le rapport est que ces mesures auront un impact important sans forcément coûter plus d’argent.
Réduire les émissions de méthane ne coûte pas cher
Selon l’UNEP, les techniques de réduction qui existent à l’heure actuelle pourraient réduire les émissions de l’industrie du pétrole et du gaz de 29 à 57 millions de tonnes (Mt) par an. Pour le charbon, cela représenterait entre 12 et 25 Mt par an. « Jusqu’à 80 % des mesures sur le pétrole et le gaz, et jusqu’à 98 % de celles concernant le charbon pourraient être implémentées à un coût nul ou réduit », soulignent les auteurs.
C’est aussi le cas dans le domaine des déchets. « Les techniques ciblées actuelles pourraient réduire les émissions de méthane de 29 à 36 Mt par an d’ici 2030 (…) Près de 60 % de ces mesures ont un coût négatif ou faible. »
Dans le domaine agricole, l’impact et le coût des mesures ciblées étant plus incertain, il est crucial qu’il s’accompagne de « changements de comportements » tels que « la réduction des déchets et des pertes alimentaires », ou «l’adoption de régimes alimentaires plus sains, végétariens ou avec une quantité de viande et de laitage réduite», précise le rapport.
Il est urgent d’agir
Les différentes stratégies analysées par l’UNEP devraient permettre de réduire de 45 % les émissions de méthane générées par les activités humaines, soit 180 millions de tonnes par an : « Cela permettra d’éviter 0,3°C de réchauffement d’ici la décennie 2040. »
« Réduire les émissions de méthane générées par les activités humaines est une des stratégies présentant le meilleur rapport efficacité/coût pour réduire rapidement le réchauffement et contribuer significativement à sa limitation à 1,5°C. »
Il est toutefois urgent d’agir car la concentration du méthane dans l’atmosphère, deuxième cause du réchauffement climatique derrière le dioxyde de carbone, s’accroit rapidement. « Elle augmente plus rapidement que jamais, depuis les années 1980 », précise le rapport. Avec une dernière mise en garde : si les émissions de méthane ne sont pas réduites de 40 à 45 % d’ici 2030, il ne sera pas possible d’atteindre, à un coût raisonnable, l’objectif de réchauffement limité à 1.5°C fixé par les accords de Paris.
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