Pour la première fois, la Chine a émis plus de gaz à effet de serre, à elle seule, que l’ensemble des pays développés. Ce sombre bilan a été dévoilé, jeudi 6 mai par le cabinet Rhodium Group qui réalise chaque année une estimation des émissions de différents pays. Ces résultats sont évidemment très inquiétants.
Le cabinet indique que, selon ses derniers calculs, la Chine a émis en 2019, 27 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. C’est nettement plus que le deuxième émetteur mondial, les États-Unis, qui en ont produit 11 %. Selon Rhodium Group, l’Inde (6,6 % des émissions mondiales) passe quant à elle, pour la première fois, devant l’Europe des 27 (6,4 %) qui descend de ce fait au quatrième rang. On trouve ensuite l’Indonésie (3,4 %), la Russie (3,1 %), le Brésil (2,8 %) et enfin le Japon avec 2,2 % des émissions de gaz à effet de serre.
En 2019, estime le Rhodium Group, les émissions de la Chine ont dépassé le seuil des 14 000 millions de tonnes de gaz à effet de serre (mesurés en équivalent CO2 ou eqCO2). « C’est plus que le triple des niveaux de 1990 et cela représente une hausse de 25 % sur la dernière décennie », précise le cabinet.
Les États-Unis restent le premier émetteur de CO2 par habitant
L’impact de la Chine par rapport au reste du monde peut sembler démesuré. Il faut cependant mettre ces chiffres en perspective. Un autre indicateur utile à prendre en compte, lorsqu’on analyse l’impact environnemental d’une zone, est en effet le nombre d’émissions par habitant. Et sur cet autre classement, les États-Unis et les pays de l’OCDE n’ont pas de quoi fanfaronner.
Les Américains restent, et de loin, la population qui a l’impact individuel le plus élevé, avec un niveau moyen de 17,6 tonnes d’émissions de GES, par personne, en 2019. Et même si l’écart se réduit rapidement, les pays de l’OCDE (10,5 tonnes par personne en moyenne en 2019) restent, eux aussi, au-dessus de la Chine (10,1 tonnes par personne en moyenne en 2019).
L’OCDE a eu un impact cumulé plus important que la Chine
Il faut également rappeler que les pays développés ont une responsabilité nettement plus importante dans la crise climatique. Si certains gaz à effet de serre, comme le méthane, ne restent qu’une dizaine d’année dans l’atmosphère, le dioxyde de carbone — principal responsable du changement climatique — y demeure, lui, des centaines d’années. Or depuis 1750, les membres de l’OCDE ont collectivement émis quatre fois plus d’émissions de GES que la Chine.
« Ce chiffre peut donner une vision légèrement faussée de l’impact des émissions de CO2 de l’OCDE, car une partie significative d’entre elles sont tout de même absorbées, lors du cycle naturel du carbone de la Terre, dans les décennies qui suivent. La Chine a toutefois de la marge avant de dépasser le niveau cumulé d’émissions de gaz à effet de serre de l’OCDE », précise Rhodium Group. Que la Chine opère une transition écologique reste bien entendu urgent, a fortiori avec un niveau d’émissions actuel aussi élevé.
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