Une étude inédite fait le décompte du nombre total et actuel d’individus issus de toutes les espèces d’oiseaux connues.

Vous vous êtes forcément déjà demandé combien d’individus d’une même espèce existent sur la planète, tout en étant pris d’un vertige de curiosité à ce moment. Les scientifiques d’une université australienne ont justement produit l’une des études les plus massives à ce jour. Dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, ils publient, en mai 2021, leurs calculs sur l’abondance des oiseaux.

Ils répondent donc à cette question : combien y a-t-il actuellement d’oiseaux sauvages sur la planète ?

Des pitizoiseaux. // Source : Pexels

Des pitizoiseaux.

Source : Pexels

50 milliards d’oiseaux sur Terre

« Les humains ont consacré beaucoup d’efforts à compter les membres de notre propre espèce — 7,8 milliards », explique l’écologue Will Cornwell, principal auteur de l’étude. « Il s’agit là du premier effort global pour mesurer l’ensemble d’une autre espèce. » Et pour estimer combien d’oiseaux composent les plus de 9 700 espèces connues — y compris les oiseaux qui ne volent pas tels que les manchots — le défi est énorme. L’équipe de recherche s’est reposée sur la science citoyenne, en regroupant un milliard d’observations produites par 600 000 contributeurs sur la plateforme eBird.

Ils y ont associé l’usage d’algorithmes avancés. Pour chaque espèce, les calculs ont pris en compte la détectabilité d’une espèce, soit dans quelle mesure des spécimens peuvent être détectés ou non, en fonction de leurs couleurs, de leur taille, de leur localité (villes, forêts…), de leur mode de déplacement. L’étude a pu se pencher sur 92 % des espèces vivantes connues à ce jour — les 8 % restant ont été exclu de l’étude étant donné le manque de données à leur sujet, mais leur très faible abondance n’aurait donc pas influencé le décompte final.

Au total, l’équipe de recherche estime les populations d’oiseaux vivant en ce moment sur Terre à 50 milliards d’individus.

1,6 milliard d’oiseaux de l’espèce « Moineau domestique »

L’estimation peut varier énormément d’une espèce à l’autre. Environ 12 % des espèces d’oiseaux (soit 1 180) sont composées de moins de 5 000 individus. Quelques espèces ne reposent plus que sur une centaine d’oiseaux : c’est le cas du Turnix à poitrine noire ou du Vaza des Seychelles. En revanche, il y a des espèces qui dominent en nombre, avec des chiffres impressionnants. Seule une dizaine d’espèces est composée de plus de 500 millions d’oiseaux.

Quatre espèces dépassent, chacune, le milliard. Le Moineau domestique représente 1,6 milliard d’individus à lui seul ; l’Étourneau sansonnet, 1,2 milliard ; le goéland à bec cerclé, 1,2 milliard aussi ; l’Hirondelle rustique, 1 milliard.

Un moineau : il y a 1,6 milliards d'individus de cette espèce sur la planète. // Source : Daniel Jolivet / Flickr / CC

Un moineau : il y a 1,6 milliards d'individus de cette espèce sur la planète.

Source : Daniel Jolivet / Flickr / CC

« Il est surprenant que seules quelques espèces dominent le nombre total d’oiseaux individuels dans le monde. Qu’est-ce qui, sur le plan de l’évolution, a permis à ces espèces de connaître un tel succès ? », s’interroge l’équipe de recherche.

Dans l’annexe de l’étude, le fichier Excel « Dataset » intègre l’intégralité des espèces et les chiffres associés.

Des travaux utiles à la conservation

« Face à la perte actuelle de biodiversité, il y a un besoin urgent de priorités dans la conservation », écrivent les auteurs de l’étude. Ils estiment effectivement qu’un tel décompte peut aider le travail des écologistes pour identifier les espèces envers lesquelles des mesures de sauvegarde doivent être appliquées le plus urgemment. Cette étude a permis de chiffrer plus précisément quelles sont les « espèces rares » à protéger, et de fournir un outil de surveillance : « Nous serons en mesure de dire comment ces espèces se portent en répétant l’étude dans cinq ou dix ans. Si leurs populations diminuent, cela pourrait être une véritable sonnette d’alarme sur la santé de notre écosystème », détaillent les scientifiques.

Par ailleurs, les auteurs insistent sur l’idée qu’ils livrent non seulement des résultats concernant les oiseaux, qu’ils vont pouvoir affiner au fil du temps, mais également une méthodologie plus large, « reproductible et évolutive ». « Nous fournissons un modèle méthodologique pour quantifier l’abondance spécifique des espèces, ainsi que l’incertitude, pour tout organisme dans le monde », concluent-ils.

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