Retourner sur la Lune nécessitera évidemment une fusée pour transporter et ramener les équipages. Mais sur place, les astronautes auront aussi besoin d’un véhicule adapté pour parcourir les alentours du site d’atterrissage, car il n’est pas question de couvrir de grandes distances à pied. C’est là que Lockheed Martin et General Motors entrent en scène, avec la présentation d’un concept de rover.
Ce ne sera pas la première fois qu’un véhicule terrestre sillonne la surface de la Lune. Du temps du programme Apollo dans les années 70, un rover lunaire a été mis en oeuvre pour étendre le rayon d’action des Américains, lors des missions 15, 16 et 17. L’engin électrique utilisait des batteries non rechargeables et avait été conçu pour être robuste, car l’environnement dans lequel il évoluait était inhospitalier et mal connu.
Il faut dire que le terrain est accidenté, et peut être dangereux si on ne prend pas garde aux cratères. Le sol est également un autre facteur à prendre en compte en termes de tenue de route et d’adhérence. Les importants écarts de température sont aussi un autre facteur qu’il faudra inclure. Certaines régions peuvent atteindre les 130°C au Soleil à l’équateur et descendre jusqu’à -170°C à l’ombre par endroits.
À chaque mission Apollo, ce rover aura roulé entre 3h et 4h30 et parcouru quelques dizaines de kilomètres. Les statistiques les plus poussées ont été obtenues avec Apollo 17 : la distance totale parcourue est de 35,89 km, avec un voyage unique de 20,12 km. Il a été mis en activité pendant 4h26 et a permis de pousser l’explorer à 7,6 km de distance du site d’atterrissage.
Cinquante ans après la mission Apollo 17, qui était la dernière du programme, Lockheed Martin et General Motors entendent reprendre certaines idées qui avaient été retenues pour l’astromobile de l’époque. Rien d’étonnant sans doute : pour la petite histoire, les deux entreprises américaines, et d’autres comme Boeing, avaient contribué à des études sur un véhicule lunaire. GM participera même à sa fabrication.
Plus vite, plus loin, plus autonome
Le nouveau rover sera donc lui aussi électrique. Ses batteries seront rechargeables, soit grâce à un dispositif intégré au véhicule, comme des panneaux solaires, soit depuis une source externe, en le raccordant à quelque chose. L’engin devra aussi être au moins aussi endurant que son prédécesseur, manœuvrable et polyvalent. Dans une vidéo, il est suggéré que deux passagers peuvent monter à bord.
Les caractéristiques exactes du rover ne sont pas arrêtées, à tel point qu’il pourrait en fin de compte être capable de transporter un peu plus de monde — si cela ne se fait pas au détriment d’autres considérations, comme l’emplacement pour charger du matériel par exemple. Les dimensions, le poids et le rayon d’action du rover seront précisés d’ici 2024, date à laquelle les astronautes sont censés revenir sur la Lune.
Différence notable avec l’astromobile des années 70, son remplaçant intégrera des dispositifs avancés d’aide à la conduite, au point qu’un conducteur ne sera pas requis — même si le rover pourra se piloter manuellement, au cas où l’ordinateur de bord ne parvient pas à analyser correctement le terrain très accidenté de la Lune. Mais au moins, il n’y a pas besoin de tenir compte de la circulation.
Cette faculté ouvre des possibilités très intéressantes : on pourrait imaginer des véhicules pouvant faire la navette entre deux bases lunaires, sans personne à bord, ou bien, pendant que des astronautes travaillent sur un site particulier, de faire des allers-retours entre leur zone d’action et leur site d’atterrissage. De fait, ce rover bénéficiera des progrès notables enregistrés en matière de conduite autonome sur Terre.
Lockheed Martin et General Motors ne sont pas les entreprises à réfléchir à la question du transport sur la Lune. En 2019, le constructeur automobile japonais Toyota s’était aussi prêté à cet exercice avec un concept de rover spatial tout terrain habitable, avec un très haut degré d’autonomie et une capacité d’accueil plus importante. À l’époque, Toyota annonçait un rapprochement avec l’agence spatiale nippone.
Il reste maintenant aux deux partenaires américains à affiner leur concept, en coopération avec la Nasa pour définir les caractéristiques de l’engin. En clair, passer de la théorie à la pratique. Les deux entreprises ont quelques années devant eux, mais il ne s’agit pas de trop traîner : le retour des astronautes sur la Lune n’est pas prévu avant trois ans. Cela dit, la question du rover ne se posera peut-être que pour plus tard.
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