Fusée qui explose, combinaison endommagée… voilà le genre de dangers que l’on redoute lorsqu’on imagine le quotidien des astronautes. Mais certaines menaces prennent des formes plus inattendues. Sur la Lune, un des risques que doivent gérer les équipes provient de la… poussière.
« La poussière lunaire ne ressemble en rien à celle qui s’accumule sur les étagères et les tables : elle est omniprésente et abrasive », explique ainsi la Nasa dans une publication datée du 26 mai. Cette poussière appelée régolithe est en effet le résultat d’impacts de météorites sur les roches lunaires depuis des millions d’années. La Nasa précisait dans une précédente publication que ces impacts avaient créé des myriades de minuscules fragments de verre et de minéraux qui « se déplacent à la vitesse d’un ouragan, et s’accrochent à tout type de surfaces à cause de leurs bords irréguliers et de leur charge électrostatique.»
Des combinaisons spatiales détériorées par le régolithe
Cette poussière lunaire peut nuire au bon fonctionnement des équipements des astronautes. « Elle avait bouché les caméras [des missions Apollo] et causé des rayures si profondes sur les visières des casques des astronautes qu’ils avaient des difficultés à voir », précise la Nasa.
Des appareils qui dysfonctionnent lors de missions aussi complexes que celles-ci posent évidemment des risques majeurs, mais la poussière lunaire ne s’attaque pas qu’aux appareils. Elle peut également menacer directement la santé des voyageurs spatiaux.
Le régolithe a en effet une fâcheuse tendance à s’infiltrer dans les infrastructures spatiales. Et lorsqu’il y parvient, il peut endommager des tissus sensibles tels que les poumons ou les cornées. L’astronaute Harrison Schmitt qui participait à la mission Apollo 17 rapportait ainsi avoir souffert d’une sorte de « rhume des foins lunaire ».
Bien sûr, les acteurs du secteur tentent par tous les moyens d’empêcher cette poussière lunaire d’entrer — et de s’en débarrasser lorsqu’elle est présente. Mais nettoyer le régolithe est autrement plus compliqué que de virer les moutons qui se baladent sous un lit. La poussière lunaire est « si terrible qu’elle a cassé l’aspirateur que la Nasa avait spécialement conçu pour la retirer des combinaisons Apollo », note ainsi l’agence spatiale américaine.
Le problème est que plusieurs missions prévoient de renvoyer des astronautes sur la Lune, dans les années qui viennent — il y en a tant que les équipes risquent même de se marcher sur les pieds. Il est donc crucial de trouver comment protéger les équipes et les équipements du régolithe.
Un « canari » dans l’espace
Des équipements de filtration de l’air permettent déjà de bloquer l’essentiel de la poussière lunaire. La Nasa étudie également des revêtements innovants auxquels la poussière de Lune adhère moins bien. Pour mieux se protéger du régolithe, la Nasa a également encouragé le secteur privé à mettre au point des appareils capables de suivre précisément la quantité de poussière présente dans les habitats.
La société Lunar Outpost a ainsi développé un capteur spécial baptisé Canari de l’espace — en référence aux canaris autrefois utilisés par les mineurs pour détecter les fuites de gaz dans un tunnel. Adapté aux besoins spécifiques de la Nasa par Lockheed Martin, ce capteur devrait aider les astronautes à se protéger de la poussière lunaire.
Des capteurs qui servent aussi à évaluer la pollution de l’air sur Terre
« Nous ne sommes qu’au début de nos recherches sur les manières de réduire la quantité de poussière qui pénètre dans les zones utilisées par les astronautes et, sur les façons de l’en retirer, explique Tracy Gill, ingénieur au centre spatial Kennedy de la Nasa. Avoir des systèmes de mesure comme celui que Lunar Outpost a présenté nous permettrait de mieux cerner l’environnement dans lequel l’équipe doit évoluer et nous aiderait à le maintenir à des niveaux d’exposition sûrs.»
Ce type d’innovations peut également s’avérer utile sur Terre. Lunar Outpost a ainsi présenté une version légèrement différente de son Space Canary adapté à des usages plus courants. Le département américain en charge des forêts l’utilise pour suivre les émissions générées par les feux de forêt en temps réel et éviter que les pompiers soient trop exposés lorsqu’elles atteignent des niveaux très élevés.
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