L’OMS a annoncé une nouvelle nomenclature pour nommer les variants du coronavirus. Il était temps, car les noms « nationalisés » posaient problème.

Le coronavirus SARS-CoV-2, comme d’autres virus, mute régulièrement. Le plus souvent, ces milliers de mutations ne provoquent pas de conséquences importantes, mais quelques fois, cela peut générer une nouvelle mouture génétique du virus, et donner un variant. C’est ce qui fait qu’à la fin de l’année 2020, un premier variant of concern (« variant inquiétant ») a été détecté, en Angleterre, et il est aujourd’hui devenu majoritaire en Europe.

Depuis plusieurs mois, deux systèmes coexistent pour nommer ces variants :

  • Dans le langage courant et dans les médias, ils sont nommés par le pays où ils ont été détectés pour la première fois, ce qui génère ces expressions : variant anglais, variant brésilien, variant indien, etc.
  • Officiellement, et dans la littérature scientifique, ces variants sont nommés à partir d’une terminologie faite de chiffres et de lettres. Celui que l’on nomme « variant anglais » régulièrement, par exemple, s’appelle VOC-202012/01, ou plus régulièrement B.1.1.7 (nom établi à partir du lignage génétique du variant).

Ce double système peut rendre les choses confuses et, surtout, les noms « nationalisés » posent un vrai problème de fond. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient donc d’impulser, le 31 mai 2021, un nouveau système public pour nommer les variants : une nomenclature à partir des lettres grecques.

Stigmatisant et discriminatoire

La terminologie scientifique est technique et peu intuitive, il est donc difficile de l’utiliser régulièrement dans la communication publique sur les enjeux sanitaires du moment. « Ces noms scientifiques peuvent être difficiles à prononcer et à retenir, et sont sujets à des déclarations erronées », explique l’OMS. Les noms habituels basés sur les lieux de la première détection sont donc davantage utilisés dans le langage courant, mais ils sont particulièrement problématiques : c’est « stigmatisant et discriminatoire », rappelle l’OMS. Qui plus est, ces noms nationalisés peuvent donner une fausse idée de la circulation et de la diffusion des variants.

C’est « pour éviter cela et simplifier la communication publique » que la nouvelle nomenclature a été mise en place, et l’OMS « encourage les autorités nationales, les médias et autres à adopter ces nouvelles étiquettes ». Il s’agit là du système « public », visant à remplacer l’usage de noms nationalisés — la nomenclature établie par l’OMS ne vient pas remplacer les noms scientifiques, qui continueront à être utilisés tels quels dans les publications de recherche et dans des contextes scientifiques.

Le nouveau système

La nouvelle nomenclature est basée sur les lettres grecques. Dans leur ordre alphabétique, elles correspondent aux variants au fil de leurs dates d’apparition. Le variant B.1.1.7, que l’on appelait « anglais », est dorénavant nommé Alpha. Le variant B.1.351, que l’on appelait « sud-africain », se nomme maintenant Beta. Le variant dit « indien » est divisé génétiquement en deux lignées, alors le variant B.1.617.2 s’appelle Delta et le B.1.617.1 s’appelle Kappa.

Pour vous y retrouver, voici, ci-dessous, les tableaux de nomenclature, comprenant :

  • Le label, c’est-à-dire leur nom public officiel dorénavant ;
  • Leur nom scientifique ;
  • La date de première apparition (retracée à partir de l’étude des échantillons, cela dépend donc des échantillons qui ont été retrouvés) ;
  • La date de désignation (le moment où ils ont été nommés et considérés comme « variants »).

Sur celui ci-dessous, il s’agit des variants of concern (VOC), les variants considérés comme inquiétants, car ils ont des effets potentiels sur la pandémie (vaccins, contagiosité…).

Label officiel de l’OMS Nom scientifique (lignée génétique) Datation de la première apparition Date de désignation comme variant
Alpha B.1.1.7 Royaume-Uni, septembre 2020 18 décembre 2020
Beta B.1.351 Afrique du Sud, mai 2020 18 décembre 2020
Gamma P.1 Brésil, novembre 2020 11 janvier 2021
Delta B.1.617.2 Inde, octobre 2020 11 mai 2021

Sur ce second tableau, il s’agit des variants of interest (VOI) : ils ne sont pas forcément inquiétants, mais sont sous surveillance, par exemple s’ils ont été à l’origine de clusters ou détectés dans plusieurs pays après apparition.

Label officiel de l’OMS Nom scientifique (lignée génétique) Datation de la première apparition Date de désignation comme variant
Epsilon B.1.427/B.1.429 États-Unis, mars 2020 5 mars 2021
Zeta P.2 Brésil, avril 2020 17 mars 2021
Eta B.1.525 Plusieurs pays, avril 2020 17 mars 2021
Theta P.3 Philippines, janvier 2021 24 mars 2021
Iota B.1.526 États-Unis, novembre 2020 24 mars 2021
Kappa B.1.617.1 Inde, octobre 2020 4 avril 2021

L’alphabet grec contient 24 lettres, mais dans l’immédiat, il y a peu de chances que cette limite soit atteinte de sitôt puisque toutes les mutations ne deviennent pas forcément des VOC ou VOI.

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