Il n’y aura pas une, ni deux, mais bien trois missions spatiales en direction de Vénus aux alentours de 2030. Après l’annonce par la Nasa de deux programmes à destination de la deuxième planète la plus proche du Soleil, début juin, c’est au tour de son homologue européenne d’annoncer, ce jeudi 10 juin, son propre projet d’exploration. Son nom ? EnVision. Départ prévu au début des années 2030.
L’enjeu de cette mission consiste à répondre à une question basique : pourquoi diable Vénus est-elle si différente de la Terre, alors que leur composition est très similaire, tout comme leur taille ? En effet, les conditions sur Vénus sont épouvantables pour un être humain : une atmosphère toxique, une couche nuageuse chargée en acide sulfurique et une température au sol de plusieurs centaines de degrés.
De toute évidence, Vénus a été confrontée à un évènement particulier dans son passé qui lui a fait prendre une trajectoire climatique différente de la Terre. D’autres questions sont toujours ouvertes : si elle est naturellement inhabitable aujourd’hui, l’a-t-elle été autrefois ? A-t-elle également accueilli un immense océan à la surface, avant son brutal virage environnemental ?
Ce regain d’intérêt pour Vénus ne vise pas tant à mieux connaître cette planète si proche de la Terre pour elle-même. En fait, ce pourrait être presque secondaire aux yeux des scientifiques. Il apparaît, en tout cas dans le communiqué de l’Agence spatiale européenne, que les connaissances nouvelles sur ce monde pourraient servir à la fois pour les travaux en matière d’exoplanètes et pour la Terre.
C’est ce qui transparaît de certaines interrogations formulées par l’ESA : « Quelle histoire Vénus a-t-elle vécue pour arriver à cet état et cela présage-t-il du sort de la Terre si elle devait, elle aussi, subir un effet de serre catastrophique ? Quelles leçons peut-on tirer de l’évolution des planètes terrestres en général, alors que nous découvrons davantage d’exoplanètes semblables à la Terre ? »
Une mission européenne, avec l’appui de la Nasa
Pour cette mission, c’est évidemment l’Agence spatiale européenne qui mènera la danse en assurant toute la supervision. C’est par ailleurs un maître d’œuvre industriel européen qui sera retenu pour construire et tester EnVision avant son lancement. Quant au lanceur, ce sera une fusée Ariane 6 qui sera utilisée. Enfin, la majorité des instruments scientifiques sera fournie par des équipes européennes.
Mais comme souvent en matière spatiale, la coopération internationale n’est jamais loin. Il s’avère que l’agence spatiale américaine aura une place sur EnVision, pour à la fois fournir un radar à synthèse d’ouverture (VenSAR) et mettre à disposition le Deep Space Network, un réseau de trois stations terriennes déployées en Espagne, en Australie et aux USA pour communiquer avec les sondes spatiales lointaines.
D’ailleurs, l’une des deux missions américaines, à savoir VERITAS (« Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography, and Spectroscopy »), l’autre étant baptisée DAVINCI+ (« Deep Atmosphere Venus Investigation of Noble gases, Chemistry, and Imaging »), doit aussi accueillir des instruments européens, notamment allemands et possiblement aussi français.
Quoiqu’il en soit, la nouvelle de la mission européenne a été saluée par la Nasa : « Puis il y en a eu 3 ! Félicitations à l’ESA pour l’annonce de leur mission EnVision vers Vénus ! Nous sommes ravis de collaborer avec vous dans cette entreprise audacieuse et de travailler de concert avec les missions DAVINCI+ et VERITAS de la NASA. C’est un triplé pour Vénus ! », s’est enthousiasmé Thomas Zurbuchen, administrateur associé.
Par le passé, plusieurs missions d’exploration ont été lancées en direction de Vénus, soit en tant qu’objectif principal soit parce qu’il s’agissait d’un survol d’opportunité. Récemment, il y a eu la mission Vénus Express entre 2006 et 2014 par l’Agence spatiale européenne.À ce jour, la seule mission en cours est une mission japonaise, Akatsuki, en orbite depuis 2015. Elle doit s’achever prochainement.
Pour l’Agence spatiale européenne, le déploiement au cours de la même fenêtre de trois missions va accroitre énormément les connaissances sur cette planète. « Le trio de nouveaux engins spatiaux fournira l’étude la plus complète jamais réalisée sur Vénus », lit-on dans le communiqué. Il reste maintenant à effectivement concevoir cette sonde puis la construire, avant de l’envoyer dans l’espace.
L’actualité autour d’EnVision ne fait que commencer : l’ESA mise sur un décollage au plus tôt en… 2031, voire 2032 ou 2033. Ensuite, il faudra encore patienter quinze mois pour rallier Vénus puis encore seize mois pour finaliser l’insertion d’EnVision en orbite, afin d’avoir une trajectoire bien circulaire autour de la planète, à une altitude très basse, entre 220 et 540 kilomètres d’altitude.
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