Deux équipes qui participaient à un concours de la NASA ont réussi à créer des tissus humains fonctionnels, avec une structure vasculaire qui leur permet de rester vivants hors du corps pendant trente jours. Une découverte cruciale pour les astronautes en mission, mais aussi pour les humains qui restent sur Terre.

Si la Nasa fait la une de la presse à chaque succès, au moment d’envoyer un rover sur Mars ou d’y faire voler un hélicoptère par exemple, elle est aussi impliquée dans bien d’autres domaines. L’agence spatiale américaine a ainsi lancé un concours sur l’ingénierie des tissus humains.  Intitulé Vascular Tissue Challenge, cette compétition vise à trouver des innovations permettant de créer de toutes pièces des organes fonctionnels.

Des organes « vivants » hors du corps

Deux équipes du Wake Forest Institute for Regenerative Medicine (WFIRM)  en Caroline du Nord ont remporté les deux premiers prix. Toutes les deux ont, via deux méthodes différentes, réussi à créer des tissus humains fonctionnels, avec une structure vasculaire qui leur permet de rester vivants hors du corps pendant trente jours.

Test de perfusion sur un tissu humain créé en laboratoire

Test de perfusion sur un tissu humain créé en laboratoire. Crédits : WFIRM

C’est une première car jusque-là, les organes artificiels créés pour les greffes, qui sont encore expérimentaux, consistaient à « imprimer » des cellules humaines et à  prolonger leur survie dans un organisme vivant. Ici, les chercheurs ont réussi à créer des organes solides, qui copient la structure vasculaire du foie humain. Comme l’explique la responsable du concours de la Nasa Lynn Harper dans un communiqué : « Le plus important pour ces tissus, c’est leur capacité à imiter ce qui se passe dans le corps. »

Les équipes ont toutes deux utilisé des impressions 3D à partir de cellules humaines, pour créer des tissus capables de maintenir un réseau de vaisseaux en bon état environ un mois, en conservant un niveau suffisant d’oxygène et de nutriments à l’intérieur.

Thinking outside the body

Si c’est la Nasa qui a organisé ce concours, c’est parce que ce type de technologie pourrait servir à des missions spatiales de longue durée. Savoir que l’on peut avoir à disposition des organes à greffer en cas de gros problème est crucial. Encore plus si ces organes peuvent être fabriqués à l’avance et stockés. Et si les astronautes en créent à partir de leurs propres cellules, il n’y a pas de risque de rejet.

Cela peut évidemment être également très utile sur Terre, notamment dans les zones de conflits ou lors de catastrophes naturelles. C’était un des critères du concours d’ailleurs : il fallait que la technologie inventée puisse être utilisée sur Terre.

Un « faux » morceau de corps humain qui réagit comme un vrai est du reste particulièrement intéressant en médecine, pour tester des médicaments, ou encore pour modéliser la progression d’une maladie. Le résultat de l’expérience sera prochainement envoyé dans la Station spatiale internationale pour étudier les effets prolongés des radiations sur le corps humain au niveau cellulaire. À noter que la microgravité permet par ailleurs de mieux travailler les tissus artificiels, et ainsi d’espérer mettre au point des dispositifs plus complexes, utiles pour d’autres organes comme les reins ou même les poumons.

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