« Les nations européennes devraient se préparer à la montée des eaux, et ajuster leurs politiques à mesure que de nouvelles données nous arrivent. » C’est l’avertissement donné par le professeur Michael Norton, le directeur du programme environnemental de l’EASAC (European Academies’ Science Advisory Council), alors qu’il dévoilait le résultat de ses deux années de recherches sur la montée des eaux de l’Océan Atlantique Nord le 8 juin dernier. Les principaux pays concernés par cette montée des eaux sont les pays ayant des côtes sur la mer du Nord, soit le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas (dont Amsterdam), l’Allemagne et le Danemark.
On s’attendait à ce que la montée des eaux touche principalement les pays d’Asie du Sud Est — elle a d’ailleurs déjà commencé. Les scientifiques ont cependant découvert que la fonte des glaces en Antarctique allait affecter le sens de cette montée. « La perte de masse en Antarctique est suffisante pour affecter la force gravitationnelle qu’elle applique sur les océans, qui vont être repoussés », explique le professeur Norton. « Cela signifie que pendant que l’Antarctique fond, les océans montent vers le nord et l’eau monte encore plus vite en Europe.» Si la montée atteint un mètre en 2100, comme c’est prévu, le coût annuel des dommages sur les côtes passerait de 1 à près de 814 milliards d’euros par an, et affecterait plus de trois millions de personnes.
Des inégalités face à la montée des eaux
Deux facteurs contribuent à la montée des eaux. Le premier est l’expansion thermale, un phénomène causé par le réchauffement climatique et qui est responsable d’un tiers de celle-ci : alors que notre atmosphère accumule de plus en plus de chaleur à cause des gaz à effet de serre, plus de 90% de cette chaleur est absorbée par les océans. Ce faisant, la température des océans monte et l’eau gonfle. La fonte des glaces, celles de l’Antarctique et du Groenland en tête, est responsable de la moitié des 3,6 mm annuels de montée des eaux mondiales.
Même si l’eau est globalement montée de vingt centimètres le long des côtes européennes en un siècle, l’étude montre que toutes les côtes ne sont pas égales face à l’augmentation du niveau de la mer. Les régions qui possèdent des glaciers sont les grandes perdantes : l’Europe du Nord et le golfe de Botnie, entre la Suède et la Finlande, montent beaucoup plus vite que la moyenne mondiale. D’autres différences sont dues à des spécificités atmosphériques en Europe, comme l’Oscillation Nord Atlantique (NAO), une zone en dent de scie entre les Açores et le sud de l’Islande qui provoque des vents très forts et des variations de température qui vont déplacer littéralement les océans. Ainsi, « durant la phase positive du NAO, l’eau monte dans la mer du Nord et sur les côtes norvégiennes, tandis que les niveaux sur les côtes françaises sont plus élevés durant sa phase négative », peut-on lire.
Une mer d’opportunités
« Le futur de l’Europe dans l’Atlantique est à la fois un lieu de préoccupation et de promesses, rassure le Professeur Tor Eldevik, qui a également participé à l’étude. Notre rapport est très clair sur les futurs risques climatiques, mais nous nous sommes aussi penchés sur les opportunités qui pourraient naître d’une compréhension de la relation entre l’état de l’océan et les conditions climatiques. » Des données qui devraient permettre d’élaborer des politiques de protection des personnes menacées et de leur environnement.
« Les futures variations dans l’océan dépendent de notre succès ou de notre échec à stopper le réchauffement climatique. […] Dépasser les 2°C de plus de l’accord de Paris amènerait l’Antarctique à fondre à la vitesse de 0,5 cm par an en 2100.» Il encourage notamment les États européens à maximiser l’usage des énergies renouvelables telles que l’énergie hydraulique et les éoliennes offshore, plutôt que l’usage de biomasse qui continue de libérer du dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
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