L’astéroïde 16 Psyche — aussi désigné (16) Psyché — pourrait être moins dense et moins métallique que ce que l’on pensait. Cela ne le rendrait pas pour autant moins intéressant à étudier : au contraire, rapporte une équipe de scientifiques dans une étude de The Planetary Science Journal, publiée le 12 mai 2021 et relayée par l’université de l’Arizona le 9 juin.
« Alors que Psyche est peut-être moins métallique qu’on ne le pensait, nos résultats continuent de décrire un corps inhabituel qui requiert de futures observations au sol et dans l’espace », lit-on dans la conclusion de l’étude. 16 Psyche est connu depuis bien longtemps : il a été découvert en 1852. Il s’agit du plus grand des astéroïdes de type M (métalliques), avec un diamètre de 226 kilomètres. L’objet évolue dans la ceinture principale d’astéroïdes, qui se trouve entre les orbites de Mars et de Jupiter.
82 % de métal, au lieu de 95 %
Plus largement, l’étude approfondie des astéroïdes est cruciale, parce que ceux-ci font office de véritables « capsules temporelles qui donnent un aperçu des questions fondamentales concernant la création de protoplanètes [ndlr : planète en formation] et des processus qui les ont transformées pour devenir les corps planétaires observés aujourd’hui », soulignent les auteurs. Dans le cas de 16 Psyche, on soupçonne que ce corps serait le noyau d’une planète primitive, qui aurait perdu ses couches extérieures lors de collisions il y a des milliards d’années.
« Malgré un intérêt considérable dans la communauté scientifique, la composition de Psyche et sa formation restent mal comprises », constatent les scientifiques dans cette étude. Ici, les auteurs estiment que 16 Psyche est composé à 82,5 % de métal, et que sa masse volumique (la quantité d’espace vide qui est présente à l’intérieur de l’objet) est d’environ 35 %. Des analyses antérieures avaient estimé que l’astéroïde pouvait contenir jusqu’à 95 % de métal et qu’il était bien plus dense. Ces mesures auraient des conséquences sur le scénario envisagé plus haut, à savoir que 16 Psyche serait le noyau exposé d’une planète qui aurait pu se former, mais ne l’a finalement pas fait, au début de l’histoire du système solaire.
Un tas de décombres ?
Au lieu d’être un noyau mis à nu, l’astéroïde pourrait davantage être un tas de décombres, un peu comme un autre astéroïde connu et étudié, Bennu. C’est vers cet objet que la Nasa a envoyé la sonde OSIRIS-Rex, qui a collecté un échantillon de l’astéroïde et est actuellement en chemin vers la Terre. Dans le cas de 16 Psyche, si ce scénario alternatif était le bon, cela pourrait vouloir dire que l’astéroïde aurait été davantage modifié par rapport à ce que l’on croyait. Il aurait pu connaître des collisions avec d’autres astéroïdes. Pour Bennu, une porosité élevée n’est pas surprenante, car il est relativement petit et peu massif (500 mètres de diamètre). Ce serait plus surprenant pour Psyche.
Afin d’estimer la composition de l’astéroïde, les études précédentes étaient fondées sur la manière dont l’objet réfléchit la lumière du Soleil. Le résultat correspondait à ce qu’on pouvait attendre d’objets métalliques. Ici, les auteurs on travaillé en laboratoire pour chercher à recréer le régolithe (couche du sol couvrant la roche-mère) de 16 Psyche, jusqu’à retrouver les motifs lumineux correspondant aux observations qui avaient été faites de l’objet.
L’occasion d’observer de plus près l’objet devrait se présenter dans les années à venir. La Nasa a un projet de mission, sobrement baptisé Psyché, pour étudier l’astéroïde, avec une insertion en orbite théoriquement prévue en 2026.
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