Le processus d’immunisation à la suite d’un vaccin n’est pas automatique : la production d’anticorps par le système immunitaire prend plusieurs jours, et atteint son pic environ quinze jours après l’injection de la seconde dose. Mais pourquoi ?
Rappel : comment fonctionne un vaccin
Les vaccins contre le covid utilisent deux technologies différentes. Pfizer et Moderna sont des vaccins à ARN (acide ribonucléique) messager (m), tandis que les Astrazeneca et Johnson & Johnson utilisent un vecteur viral inoffensif. Le vaccin à vecteur viral utilise une forme inoffensive du virus qui, une fois à l’intérieur d’une cellule, va produire une protéine caractéristique du coronavirus, la protéine Spike. Une fois que le système immunitaire la reconnaît comme une intruse, il va commencer à produire des anticorps pour combattre ce qu’il pense être une infection.
L’acide ribonucléique (ARN) messager (m) est une copie temporaire d’une séquence génétique. Cette copie contient les instructions pour la production, par les cellules, de protéines. Après le processus de transcription, l’ARNm va se rendre dans le cytoplasme des cellules, pour atteindre les ribosomes, des complexes chargés de synthétiser les protéines : dans le cadre du covid, la protéine Spike. Ensuite, les instructions portées par l’ARNm vont être lues et traduites pour produire les protéines codées dans celui-ci. Une fois le vaccin injecté, les cellules vont produire cette protéine qui n’est pas censée être là, ce qui va entraîner une réponse immunitaire et apprendre au corps à détruire le pathogène.
Les deux technologies ont le même objectif : entraîner le système immunitaire à reconnaître le coronavirus, à produire les anticorps adaptés, et à empêcher l’infection si elles y sont finalement confrontées. Cela ne vous empêche pas d’être protégé en partie jusque-là, comme le montre l’étude publiée par Public Health England en mai dernier : l’institut a déterminé que quinze jours après la première injection de Pfizer, les personnes vaccinées étaient protégées dans une fourchette de 52 % à 97 %.
Quinze jours pour booster l’immunité sur le long terme
Cela signifie non seulement que les risques de contracter le virus sont réduits, mais également que si cela se produit, vous avez plus de chances de développer une forme bénigne ou asymptomatique. En Angleterre, une étude a démontré que les adultes de plus de 70 ans qui attrapent le covid après une première dose de vaccin voient leurs risques d’hospitalisation réduits de 57 à 61% après une dose de Pfizer et de 60 à 73% après une dose d’Astrazeneca. Les risques de transmission sont également réduits : une personne vaccinée avec une dose de Pfizer ou d’Astrazeneca aurait moitié moins de risques de contaminer une personne avec qui elle vit. Cette protection durerait dix semaines, selon une étude réalisée sur 375 000 personnes au Royaume-Uni.
Une seconde dose permet d’apporter une immunité quasi totale, mais comme la première, elle met un certain temps à faire effet. En mars, la société israélienne Meuhedet Healthcare Services a averti le gouvernement qu’il délivrait le pass sanitaire trop tôt après la seconde dose : après une semaine, une étude sur 100 000 personnes vaccinées au Pfizer révélait que le vaccin n’avait atteint que 89 % de son efficacité. Après quinze jours, il atteignait un plateau de 96 %, et AstraZeneca atteignait plus de 70 %.
À l’échelle de la population, en conditions réelles, le risque est bien plus réduit : une étude californienne basée sur près de 30 000 soignants et soignantes suggère un risque d’être positif au coronavirus, après vaccination, entre 0,97 et 1,19 %. Les risques de transmission, même pour les cas asymptomatiques, sont quasiment nuls, mais ils ne sont pas inexistants. C’est pour cela qu’il faut continuer à appliquer les gestes barrières jusqu’à ce que l’immunité collective soit atteinte.
Combien de temps dure l’immunité accordée par un vaccin ?
Une étude publiée dans le New England Journal Of Medicine, réalisée sur un nombre réduit de personnes, montre que la présence d’anticorps atteint un pic entre une et deux semaines après la deuxième injection avec un vaccin ARN. Elle reste élevée pendant trois mois après la vaccination, et décline très lentement. Pour les personnes ayant eu le Covid et développé une immunité naturelle, une étude publiée dans Science en janvier dernier estime que l’immunité pourrait durer jusqu’à huit mois.
L’immunité provoquée par un vaccin peut parfois être plus forte et plus longue que l’immunité naturelle, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour les vaccins du Covid la question reste en suspens, par manque de recherche et de recul sur le sujet. Il n’est pas exclu que, comme pour la grippe, nous devions effectuer des piqûres de rappel régulièrement afin de rebooster notre immunité et nous adapter aux variants qui vont certainement se développer.
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