Si des rovers sillonnent la surface de Mars et des sondes visitent les confins du Système Solaire, il reste un endroit beaucoup plus proche de nous qui est toujours inexploré: les océans. Des chercheurs de l’Institut Océanographique de Woods Hole aux États-Unis présentent leur dernière trouvaille dans un article paru dans Science Robotics, le 15 juin 2021, pour aller à la rencontre de la faune qui vit dans ce qui est surnommé la « twilight zone » des océans.
Mesobot, c’est son nom, est un petit véhicule autonome de 250 kilos. Plus petit qu’une voiture, il va plonger entre 200 et 1 000 mètres de profondeur, dans la zone dite mésopélagique, là où la photosynthèse n’est plus possible car la lumière du Soleil ne pénètre plus suffisamment. Jusque-là, les seuls appareils capables de résister à la pression à de telles profondeurs ne pouvaient rester que quelques heures, tout au plus, et ils se contentaient de descendre sous le navire qui les avait largué.
Ici, Mesobot est capable de descendre pendant 24 heures et de se déplacer automatiquement, en suivant des animaux qui se déplacent lentement. Cela lui permet de suivre des espèces sur de plus longues périodes pour étudier leur mode de vie, mais aussi de s’éloigner du navire susceptible de déranger leur quotidien. Les chercheurs précisent : «Mesobot a été conçu pour combler un vide dans la connaissance que nous avons de nos océans.»
Au départ, l’engin sera contrôlé par des humains, puis une fois qu’il aura détecté une cible à suivre, il sera libéré et passera en phase autonome grâce à ses caméras stéréos.
Robot discret et efficace
Un des enjeux de la mission était de créer un engin le plus discret possible afin de ne pas être trop invasif face aux espèces habituées à une certaine tranquillité. C’est pourquoi Mesobot sera doté de lumières proches de l’infrarouge, indétectables par la plupart des animaux de cette zone. Son mode de propulsion a aussi été pensé pour être le plus discret possible et faire en sorte que les autres espèces ne le prennent pas pour un prédateur. Ainsi, le déplacement du robot qui poursuit les zooplanctons reste doux, il ne s’approche pas trop et les tests ont montré qu’il ne faisait pas peur aux animaux.
L’enjeu est grand, car le fond des océans abrite les espèces parmi les plus fascinantes du règne animal. Par exemple le Siphonophore géant, une sorte de long ver gélatineux composé en réalité de plusieurs individus reliés sur des dizaines de mètres. La plupart de ces espèces sont indétectables par des sonars car leur nature aqueuse reflète mal le son, et les filets parfois utilisés ne font que les réduire en miettes car leur corps mou ne résiste pas à ce mode de capture. «L’intérêt pour cette zone a grandi alors que nous prenions conscience de l’importance de sa biodiversité, écrivent les auteurs. L’exploration de l’un des écosystèmes les plus grands et les moins bien compris de la Terre présente un intérêt scientifique majeur.»
Un intérêt ravivé par la prise de conscience écologique. La zone mésopélagique joue un rôle-clé dans le cycle du carbone qui régule le climat de la Terre et la chimie des océans. Un cycle en péril avec le réchauffement climatique.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !