Certaines expressions curieuses sont parfois utilisées pour décrire la Lune. Même si elles peuvent sembler poétiques, leur sens n’a pas de valeur en astronomie.

Il ne vous a peut-être pas échappé que la Lune est régulièrement affublée de surnoms étranges, parfois même par des organisations reconnues comme la Nasa, ou plus récemment le CNRS. Ces dénominations n’ont pourtant pas de fondement scientifique, et sont la plupart du temps des emprunts à une tradition culturelle. Les astronomes ne s’en servent pas pour parler de la Lune.

Généralement, on croise ces noms associés à un moment précis, celui de la pleine Lune (soit le moment où la face visible de l’astre est entièrement éclairée par le Soleil).

Petit florilège de surnoms

Voici quelques exemples de ces noms de Lune que vous pourriez croiser, et qu’il est recommandé de prendre avec des pincettes s’ils sont donnés dans un contexte présenté comme scientifique.

  • La « pleine Lune du loup » (« Full Wolf Moon »),
  • La « pleine Lune de neige » (« Full Snow Moon »),
  • La « pleine Lune de ver » (« Full Worm Moon »),
  • La « pleine Lune rose » (« Full Pink Moon »),
  • La « pleine Lune des fleurs » (« Full Flower Moon »),
  • La « pleine Lune des fraises » (« Full Strawberry Moon »),
  • La « pleine Lune du chevreuil » (« Full Buck Moon »),
  • La « pleine Lune de l’esturgeon » (« Full Sturgeon Moon »),
  • La « pleine Lune de maïs » (« Full Corn Moon »),
  • La « pleine Lune du chasseur » (« Full Hunter Moon »),
  • La « pleine Lune du castor » (« Full Beaver Moon »),
  • Et la « pleine Lune froide » (« Full Cold Moon »).

Mais ce n’est pas tout. Vous pourriez aussi croiser ces autres appellations :

  • La « pleine Lune bleue », qui ne désigne rien d’autre qu’une treizième pleine Lune survenant dans une année (au lieu de 12 habituellement),
  • La « Lune noire », qui semble simplement faire référence au fait que deux nouvelles lunes se produisent dans un même mois calendaire,
  • La « Lune de sang », qui qualifie improprement le moment où la Lune prend une teinte cuivrée, ce qui peut arriver lors d’une éclipse lunaire,
  • La « super Lune », une expression astrologique et non astronomique qui fait référence à la coïncidence de deux phénomènes : la pleine Lune et le moment où la Lune est à sa distance minimale avec la Terre,
  • La « micro Lune », qui serait en quelque sorte l’inverse de la « super Lune », quand l’astre serait le plus éloigné de la Terre.

À noter que l’on peut parfois trouver ces diverses expressions associées, ce qui donne des enchaînements encore moins réalistes, comme la « super Lune des fleurs ».

D’où viennent ces surnoms de Lune ?

Les expressions de la première liste sont des emprunts à une tradition culturelle nord-américaine, notamment issue des Amérindiens. On retrouve ces noms dans The Old Farmer’s Almanac (« L’Almanach du vieux fermier »), un périodique américain qui existe depuis le 18è siècle. Pourtant, et le périodique le mentionne lui-même, ces noms traditionnels n’étaient pas associés à un seul jour, mais à l’ensemble du mois lunaire concerné (le début du mois étant marqué soit par une nouvelle Lune, soit par une pleine Lune).

Par ailleurs, les surnoms listés par The Old Farmer’s Almanac sont pour la plupart des interprétations en anglais de mots qui étaient utilisés dans les langues amérindiennes. Et ce calendrier ne s’aligne pas forcément avec les mois du calendrier grégorien, qui est celui que nous utilisons aujourd’hui.

Un problème survient lorsque ces noms sont repris dans des communications scientifiques officielles ou dans la sphère médiatique, avec peu de contexte sur leur origine culturelle. Un communiqué comme celui de la Nasa annonçant une « Superlune rose » le 20 avril dernier peut contribuer à entretenir une confusion entre la tradition culturelle et la réalité scientifique.

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