Le 13 juin, la biotech du Maryland Novavax a annoncé dans un communiqué que son vaccin contre le Covid est efficace à 90% et sûr. Si nous avons déjà des vaccins très performants, celui-ci pourrait contribuer à la stratégie vaccinale mondiale qui peine à se mettre en œuvre.

Dans un communiqué de presse du 14 juin, la biotech américaine spécialisée dans les vaccins Novavax a annoncé que son vaccin contre le Covid-19 était efficace à 90% dans la prévention des covid symptomatiques et ce, sur les principaux variants actuels (Alpha, Beta, Epsilon et Gamma.)

Même s’il convient toujours de prendre du recul sur un communiqué de presse et d’attendre les résultats de l’étude clinique, cela ressemble à une très bonne nouvelle. Mais d’ailleurs pourquoi ? Après tout, nous avons déjà des vaccins très efficaces et sûrs qui remplissent leur mission. En France et dans le reste de l’Europe de l’Ouest, la campagne de vaccination suit son cours. Sur ces territoires, le risque est plus d’atteindre un plafond de verre du fait d’inégalités face à la vaccination, que de manquer de doses.

Vacciner l’ensemble de la population mondiale est une nécessité

Comme le souligne cependant, de manière imagée, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus dans une lettre d’avril 2021 : « si vous n’arrosez qu’une partie [de l’enfer], le reste continuera à brûler. » En d’autres termes, on ne viendra pas à bout de la pandémie, de la prolifération de variants et des restrictions de déplacement, tant que la majorité de la population mondiale ne sera pas vaccinée. Or, au 16 juin 2021, 2,4 milliards de doses ont été administrées dans le monde et 32,6 millions sont désormais administrées chaque jour. Seulement 0,8 % des habitants des pays à faible revenu ont reçu au moins une dose. À titre d’exemple, au 15 juin, 43% de la population des États-Unis avait complété son schéma vaccinal et 21,3 % en France. Au Soudan, ce chiffre est de seulement 0,2%. Mi-juin 2021, les pays les plus riches concentraient 50% des vaccins alors qu’ils n’abritent que 13% de la population mondiale.

Force est de constater que, pour le moment, COVAX, le programme de solidarité codirigé par Gavi (L’alliance du vaccin), la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’OMS, n’apporte pas les résultats escomptés. Il n’a permis que d’envoyer 87 millions de doses de vaccins contre le Covid aux 131 pays bénéficiaires. Il est urgent d’accélérer le mouvement.

Le 13 juin, lors du sommet qui s’est tenu à Cornwall, au Royaume-Uni, les dirigeants du G7 se sont engagés à partager des doses de vaccin contre le Covid-19, pour assurer un accès universel équitable à la vaccination et mettre fin à la phase aiguë de la pandémie. Ainsi, le G7 s’est engagé à fournir 870 millions de doses de vaccin contre le Covid-19, dont la moitié au moins sera livrée d’ici la fin de 2021.

Un vaccin au prix correct et à la conservation aisée

Selon les premières annonces, le vaccin de Novavax devrait être vendu 16 $ la dose aux États-Unis contre 19,50 $ pour le vaccin Pfizer et entre 25 $ et 37 $ pour celui de Moderna. Son coût ne serait donc pas un frein à l’achat comparativement aux deux autres vaccins les plus efficaces du marché. En outre, il jouit de conditions de conservation relativement simples puisqu’il n’a pas besoin d’être maintenu à de faibles températures comme ses concurrents, mais seulement entre 2 et 8°C. En cela, il constituerait donc une option intéressante dans la stratégie vaccinale mondiale.

Car une levée des brevets ne solutionnera pas tous les problèmes, rappelle dans un article de The Atlantic, le journaliste spécialisé en santé publique James Hamblin : « Si vos voisins voient l’incendie et vous remettent des plans pour construire une plateforme d’échelle aérienne, ils ne vous seront pas d’un grand secours. » Dans l’urgence, les pays riches doivent pouvoir aider les plus pauvres en envoyant des doses de vaccin. Novavax estime être en mesure d’atteindre une capacité de fabrication de 100 millions de doses par mois d’ici là et de 150 millions par mois, avant fin 2021.

Un vaccin que les pays du Sud pourraient produire

Sur la durée, il faut aussi pouvoir délocaliser les chaines de production afin d’augmenter le rythme et alléger les processus d’envoi et de diffusion. Jointe par téléphone, l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola nous explique : « Le problème que nous rencontrons n’est pas tant la levée des brevets par les entreprises pharmaceutiques que celui de la production des vaccins à travers le monde, ce qui signifie des transferts de compétences et de technologies mais aussi la création de chaines de production. »

C’est là que le fait de disposer de plusieurs vaccins efficaces et sûrs devient particulièrement intéressant : les différentes firmes pharmaceutiques — évidemment financées par des fonds publics et/ou par COVAX — pourront simultanément œuvrer à transférer leurs compétences et à équiper les pays à ressources limitées.

Dominique Costagiolla nous fait remarquer que « la fabrication du vaccin Novavax qui est un vaccin à protéines recombinantes, se fait sur des plateformes de production à sous-unités protéiques. Contrairement aux chaines de productions nécessaires à la fabrication de vaccins à ARN-m, il y a d’ores et déjà des pays du Sud qui utilisent ce type de plateforme. Le transfert de compétences serait donc plus simple. » Toutefois, l’épidémiologiste note un possible frein : « le Matrix-M, l’adjuvant nécessaire pour avoir une réponse immunitaire suffisante avec le vaccin Novavax, est un extrait du bois de Panama dont les stocks sont limités. »

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