Quel est l’impact des boites de nuit sur la diffusion du coronavirus ? C’est ce que va mesurer une expérience inédite, le 26 juin prochain. Cette étude est conduite par des scientifiques de l’AP-HP, à Paris, et les inscriptions sont ouvertes.

Après 15 mois de fermeture, les discothèques françaises seront autorisées à rouvrir le 9 juillet 2021. Quelques règles s’appliqueront toutefois. La jauge intérieure sera de 75 % et, si le port du masque ne sera pas obligatoire, il restera recommandé. Pour accéder aux établissements, il faudra un pass sanitaire : un certificat de vaccination (parcours complet avec les deux doses), un certificat de test négatif ou un certificat de rétablissement au covid.

Mais que sait-on actuellement des risques de transmission au sein de ces lieux fermés, tout particulièrement dans un public de personnes vaccinées ? C’est pour répondre à cette question, avec des données récentes et précises, qu’une étude inédite vient d’être lancée par des chercheurs de l’AP-HP. Intitulée ITOC (Indoor clubbing Transmission Of COVID-19), financée par l’ANRS (agence nationale de recherche sur les maladies infectieuses), son objectif est d’évaluer les risques d’infection au SARS-CoV-2 chez des participants vaccinés lors d’une soirée clubbing sans masque en lieux clos « indoor ».

Pour ce faire, une soirée clubbing expérimentale est organisée ce samedi 26 juin 2021 dans deux discothèques : Le Cabaret Sauvage et La Machine du Moulin Rouge. Vous pouvez y participer si vous répondez aux critères d’éligibilité. Les inscriptions viennent d’ouvrir ce 23 juin, via le site intitulé Reviens la nuit. Voici ce qu’il faut savoir.

La méthode

L’étude vise à recruter autour de 4 000 personnes sur Paris, lesquelles seront alors randomisées, c’est-à-dire tirées au sort pour être réparties en deux groupes. Une première moitié sera assignée à une présence en discothèque (1 000 dans chacune des deux boites de nuit). L’autre moitié servira de groupe témoin : elle pourra conserver une vie normale mais pas aller en discothèques.

Les personnes sélectionnées devront toutes réaliser un premier prélèvement de dépistage dans les prochains jours avec un test PCR salivaire (un prélèvement dans la bouche, et non pas nasopharyngé). Sept jours après la soirée clubbing, il faudra à nouveau réaliser un test de dépistage du même ordre.

En discothèque, la promiscuité est importante et le lieu est clos. // Source : Pexels

En discothèque, la promiscuité est importante et le lieu est clos.

Source : Pexels

Les scientifiques vont pouvoir comparer le taux d’incidence du coronavirus dans les deux groupes. Le Dr Jérémy Zeggagh, investigateur coordinateur du projet ITOC, explique qu’« en comparant les gens infectés pendant la soirée versus les gens infectés restés chez eux, cela permet de voir s’il y a un surrisque d’être infecté » en discothèque.

Le recrutement

Pour pouvoir s’inscrire via le site Reviens la nuit, il faut être âgé entre 18 et 49 ans, sans facteurs de risque d’un covid grave, et résider en Île-de-France. Le schéma vaccinal doit être complet, c’est-à-dire qu’il faut être vacciné à deux doses et que deux semaines soient passées depuis la deuxième injection.

En pratique, cela se passe dans la rubrique Inscription du site, où il faut remplir un questionnaire médical et un formulaire de consentement. Vous pouvez vous inscrire en tant que personne seule, ou bien pour tout un groupe jusqu’à 10 personnes. Si la candidature est validée, il suffit ensuite de prendre RDV pour le prélèvement. Cette dernière étape accomplie, vous recevrez le samedi, entre 14h et 15h, votre groupe d’affectation.

L’objectif est de proposer de véritables soirées clubbing avec un line-up fourni (Laurent Garnier, Étienne de Crécy, Pedro Winter, Kiddy Smile, Chloé, Bambounou, Mad Rey, Roni et Rag). Mais les chercheurs et chercheuses à l’origine de l’expérience tiennent à préciser qu’« on cherche à recruter des participants qui ne veulent pas seulement participer à une soirée, mais à un projet de recherche pour donner des outils et des résultats scientifiques permettant de guider les politiques publiques sur l’ouverture des boites de nuit ».

Quelle portée pour cette étude ?

La soirée clubbing se tiendra de 23h à 6h. Elle se fera sans masque pour les participants, mais le staff sera quant à lui masqué. Les deux discothèques impliquées — le Cabaret Sauvage et La Machine — auront leur jauge portée à 100 %, contrairement aux 75 % autorisés en temps normal. Le bar des établissements sera par ailleurs ouvert — ce n’était jusqu’alors pas le cas dans les concerts-tests.

L’équipe de recherche a indiqué, lors d’une réunion avec la presse ce 23 juin, que cette étude était une « première mondiale ». L’objectif est donc d’« apporter des données, pour que les décisions des pouvoirs publics soient fondées sur des résultats scientifiques ». Les résultats finaux devraient être publiés fin juillet, soit bien après le 9 juillet. La publication aidera toutefois à évaluer si des allègements peuvent être envisagés.

L’expérience se faisant en conditions réelles, avec une jauge complète, sans masques, avec un bar ouvert et des personnes entièrement vaccinées, les scientifiques de l’AP-HP espèrent également que les résultats puissent être extrapolés plus largement pour mieux comprendre l’impact de ces événements en lieux fermés, chauds, et humides, sur la diffusion de la maladie Covid-19.

Jérémy Zeggagh précise que, bien que l’étude ne soit pas financée par le gouvernement mais par l’ANRS, l’exécutif est dans l’attente de ces données. L’équipe du projet ITOC a également été sollicitée « par différents pays pour leur communiquer les résultats, qui vont donc bénéficier à la France mais aussi à l’international pour guider les politiques de réouverture ».

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !