Les nuages de Vénus ne sont probablement pas habitables, en raison de la faible quantité d’eau qui s’y trouve. Dans une étude publiée au sein de la revue Nature le 28 juin 2021, une équipe de scientifiques s’interroge sur la possibilité que des organismes, qui résisteraient à des conditions extrêmes sur Terre, puissent prospérer dans les nuages de la plupart des planètes du système solaire, et particulièrement ceux de Vénus.
Phosphine et buzz médiatique
Cette publication n’arrive pas dans n’importe quel contexte. En septembre dernier, une équipe de scientifiques avait avancé la détection de phosphine dans l’atmosphère de cette planète. L’annonce de cette découverte avait été très médiatisée, jusqu’à parler de « signes de vie », alors que ce n’était pas le cas. « La récente suggestion de phosphine dans l’atmosphère de Vénus a ravivé l’intérêt pour l’idée de la vie dans les nuages. Cependant, de telles analyses négligent généralement le rôle de l’activité de l’eau, qui est une mesure de la disponibilité relative de l’eau [ndlr : dans l’atmosphère d’une planète], dans l’habitabilité », écrivent ces chercheurs. Ici, les auteurs arrivent à la conclusion que la vie, telle que nous la connaissons, ne pourrait probablement pas exister dans la plupart des nuages des planètes du système solaire.
Pourquoi s’intéresser aux nuages des planètes, et surtout à ceux de Vénus ? La surface de notre voisine est connue pour ses conditions infernales, avec une température de 465°C environ, a priori trop chaude pour accueillir une forme de vie. Cependant, rappellent les scientifiques, « la couche nuageuse inférieure, à une altitude d’environ 40 à 70 km, a une plage de températures qui la rend potentiellement habitable d’après notre connaissance de la vie de type terrestre ». Les chercheurs s’intéressent dès lors à Vénus comme « étude de cas » pour déterminer si une vie de type terrestre serait possible dans ces nuages, en fonction de l’eau qui y serait présente. Les exemples de Mars et Jupiter sont aussi abordés dans l’étude.
« L’activité de l’eau est le facteur limitant »
Il n’y a certes aucune raison de supposer que la vie vénusienne, si elle existait, aurait les mêmes bases que celle sur notre planète. Mais on se concentre généralement sur la vie telle que nous la connaissons, pour rechercher une forme de vie extraterrestre, étant donné qu’il s’agit du seul exemple dont on dispose. Ainsi, on a pu s’interroger sur la capacité de certains systèmes vivants, comme ceux que l’on connait sur Terre, à survivre dans les gouttelettes d’acide sulfurique des nuages de Vénus. « À la limite d’acidité pour la vie terrestre, nous pensons que, paradoxalement, c’est l’activité de l’eau qui est le facteur limitant », avancent les auteurs.
L’activité de l’eau est mesurée sur une échelle de 0 à 1. D’après des études en laboratoire, on estime qu’il faut au moins que cette mesure soit de 0,585 pour que la vie existe. Les auteurs de la nouvelle étude ont donc voulu faire le calcul pour les nuages de Vénus. En raison des concentrations fortes d’acide sulfurique, l’activité de l’eau dans les goulettes est réduite à moins de 0,004 (soit plus de 100 fois moins que la limite de la vie active). Pour Mars, la mesure est de 0,537, tandis que pour Jupiter elle est de 0,585 (mais des niveaux élevés de rayonnement pourraient empêcher l’habitabilité de son atmosphère).
« Sur la base de cette étude, nous devons imaginer un type d’organisme qualitativement nouveau pour invoquer une histoire plausible sur la vie dans l’atmosphère de Vénus, au moins pour la vie telle que nous la connaissons », écrivent les auteurs. Ils pensent aussi que cette approche pourrait être utilisée pour étudier des exoplanètes, c’est-à-dire situées hors du système solaire. Déterminer l’activité de l’eau dans leurs atmosphères pourrait être une manière de restreindre l’échantillon des lieux où rechercher une potentielle vie extraterrestre.
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