L’hydroélectricité est un allié de taille contre le réchauffement climatique. Son utilité est cependant très sous-estimée. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, il est indispensable de développer fortement l’utilisation de l’énergie hydraulique pour atteindre les objectifs zéro-carbone d’ici 2050.

Solaire, éolien… lorsqu’on parle d’énergies renouvelables, ces solutions sont souvent mises en vedette. C’est pourtant un autre type d’énergie, dont on parle beaucoup moins, qui contribue le plus à générer de l’électricité propre : l’énergie hydraulique, exploitée par des infrastructures type barrages ou centrales au fil de l’eau.

« En 2020, l’énergie hydraulique a fourni un sixième de l’électricité mondiale. Cela fait d’elle la source d’énergie bas carbone la plus importante. Elle en produit d’ailleurs plus que toutes les autres sources renouvelables combinées », note l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) dans un rapport publié le 30 juin sur le sujet. Problème : l’importance de cette technologie est totalement sous-estimée. « L’énergie hydraulique est le géant oublié de l’électricité verte. Il faut la replacer au centre de nos agendas énergétiques et climatiques si les pays veulent atteindre leur objectif zéro carbone », avertit Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, dans un communiqué.

L'énergie hydrualique est le « géant oublié » de l'électricité verte, avertit l'AIE. // Source : Monjur Hasan / Unsplash

L'énergie hydrualique est le « géant oublié » de l'électricité verte, avertit l'AIE.

Source : Monjur Hasan / Unsplash

L’énergie hydraulique est un allié contre la crise climatique

L’Agence Internationale de l’Énergie s’inquiète de voir que le développement des centrales hydroélectriques s’apprête à ralentir significativement dans la décennie à venir. Si la puissance hydroélectrique mondiale devrait augmenter de 17 % entre 2021 et 2030 — notamment grâce aux projets de la Chine, de l’Inde, de la Turquie et de l’Éthiopie — son développement sera bien moins marqué que celui qu’elle avait enregistré la décennie passée. « La croissance prévue dans la décennie à venir sera inférieure de 25 % à celle que l’hydroélectricité avait enregistrée ces dix dernières années », avertit l’AIE. 

Ce ralentissement tombe au plus mal. Car cette technologie est un allié de taille dans la lutte contre la crise climatique. « L’énergie hydraulique a un rôle stratégique dans la transition vers des énergies propres. Pas seulement car elle permet de produire des quantités massives d’électricité bas-carbone. Mais aussi car elle offre des possibilités inédites de stockage et de flexibilité d’usage », souligne l’Agence Internationale de l’Énergie.

Stocker la production du solaire et de l’éolien

Le développement des énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien pose de nombreux défis, notamment celui de leur intermittence : à certains moments de la journée, l’énergie solaire produite peut excéder les besoins, et à d’autres (la nuit par exemple), elle ne peut y répondre. C’est le même problème qui se pose avec le vent (qui ne souffle pas tout le temps). Il est donc crucial de trouver des moyens efficaces de stocker le surplus d’énergie produit à certains moments. Le stockage hydraulique est justement un moyen très efficace de stocker de l’énergie. Cela se fait via une technique éprouvée appelée « pompage – turbinage ». L’idée est d’utiliser les surplus d’énergie ponctuels pour faire remonter l’eau dans des bassins d’accumulation. Lorsque de l’énergie est de nouveau demandée, il est possible d’utiliser cette eau stockée pour  alimenter des turbines et en produire.

« La plupart des centrales hydroélectriques peuvent ajuster, à la hausse ou à la baisse, leur production bien plus vite que des centrales nucléaires, à charbon ou au gaz naturel. Elles peuvent donc aider à intégrer plus d’énergie solaire et éolienne, dont la production varie beaucoup en fonction du temps qu’il fait, de la période de la journée, et des saisons », note l’AIE.

Des barrages pharaoniques en Chine

La Chine vient d’ailleurs d’inaugurer le barrage de Baithen, le deuxième barrage le plus puissant du monde, derrière celui des Trois Gorges, également situé en Chine. Construction pharaonique de près de 300 mètres de haut, le nouveau barrage de Baithen a mis dix ans à être achevé. Le site a une puissance de 16 GW et devrait pouvoir alimenter 16 GW des centaines de milliers de foyers, précise BFM. En France, l’énergie hydraulique est également une source d’énergie stratégique. C’est la troisième source de production d’électricité et la première à partir des énergies renouvelables, précise EDF sur son site. « Près de la moitié du potentiel de l’énergie hydraulique dans le monde est inexploité », avertit cependant l’Agence Internationale de l’Énergie.

Selon l’AIE, d’ici 2030, 127 milliards de dollars devraient être utilisés pour moderniser les centrales hydroélectriques vieillissantes, principalement aux États-Unis et en Europe. Mais selon l’agence, c’est plus du double (300 milliards de dollars) qu’il faudrait prévoir pour mettre à niveau toutes les infrastructures qui en ont besoin dans le monde.

Accélérer le développement de l’hydroélectricité

Selon l’AIE, il faudra ces mesures fortes pour remettre le secteur sur les bons rails. L’agence recommande notamment de donner davantage de visibilité économique aux entités qui développent ces projets, en convenant par exemple, avec elles, de prix d’achat sur de longues périodes. Il faudra également être très vigilants sur l’impact environnemental et sociétal de ces projets qui peuvent être très importants. La construction de barrages monumentaux, notamment, a des répercussions importantes : des zones entières sont inondées, ce qui force les populations humaines et animales à se déplacer, et bouleverse la flore locale.

Accélérer le développement des sites hydro déjà en projet pourrait augmenter de 40 % la capacité installée d’ici 2030, note l’AIE. Pour rester sur la voie du zéro émission d’ici 2050, il faudra cependant avancer bien plus vite dans ce domaine. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, il faudrait en effet que la capacité hydroélectrique augmente deux fois plus que prévu d’ici 2030.

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