Facebook revoit ses ambitions à la baisse sur les dispositifs cérébraux censés permettre à terme d’écrire des messages par la pensée. Au détour d’un point d’étape publié le 14 juillet sur son site consacré à la recherche et à l’ingénierie, le réseau social américain a fait comprendre qu’il se détournait en partie de ces travaux, pour se focaliser sur autre chose.
Facebook a fourni « des conseils en matière d’apprentissage automatique et un financement » de travaux sur une interface homme-machine capable de capter et restituer les pensées d’une personne, via un dispositif adapté. Mais l’aventure s’arrête là. « Pour être clair, Facebook n’a aucun intérêt à développer des produits qui nécessitent des électrodes implantées », écrit ainsi le site communautaire, qui souligne d’ailleurs que c’est son partenaire universitaire, la faculté de Californie à San Francisco (UCSF), qui est aux manettes. Facebook résume son rôle à un appui économique et technique, en somme à un rôle d’accélérateur.
Ainsi, dit Facebook, son financement « a permis à l’UCSF d’augmenter considérablement la capacité de ses serveurs, ce qui lui a permis de tester plus de modèles simultanément et d’obtenir des résultats plus précis ». Mais la conception et la supervision de l’étude ne sont pas de son fait, et Facebook « n’a en aucun cas participé à la collecte des données », qui sont stockées et gérées par l’UCSF.
Ce commentaire survient au moment où est publié dans The New England Journal of Medecine une nouvelle étude, le 15 juillet, qui expose l’état des travaux de l’UCSF et souligne leur potentiel pour les personnes qui souffrent de troubles de la parole.
Le rétropédalage de Facebook contraste avec la façon dont le réseau social accueille les résultats de l’UCSF, puisqu’ils sont qualifiés de « résultats importants » et ont démontré pour « la première fois qu’une personne souffrant d’une perte sévère de la parole a été capable de taper ce qu’elle voulait dire presque instantanément, simplement en essayant de parler ».
« En d’autres termes, l’UCSF a restauré la capacité d’une personne à communiquer en décodant les signaux cérébraux envoyés du cortex moteur au conduit vocal. Cette étude marque une étape importante dans le domaine des neurosciences », est-il indiqué. C’est pourtant après ce succès que Facebook met fin à sa collaboration de plusieurs années avec le laboratoire de l’UCSF.
Absence de débouché à court terme
Une des raisons poussant Facebook à prendre ses distances est que ces recherches n’auront pas une traduction concrète avant un moment.
Dans sa communication, le site l’admet : il voudrait prioriser des projets ayant un débouché commercial plus immédiat. « Bien que nous croyons toujours au potentiel à long terme de cette technologie optique d’interface homme-machine sur la tête, nous avons décidé de concentrer nos efforts immédiats sur une approche différente de l’interface neuronale, dont la commercialisation est plus proche ».
Les travaux de l’UCSF et de Facebook sur cette interface homme-machine remontent à quelques années déjà. En 2019, les deux partenaires s’étaient associés pour travailler sur la compréhension des mécanismes de la parole dans le cerveau et réfléchir aux perspectives médicales pour les personnes ayant un trouble de la parole. Facebook, au passage, rêvait de débouchés plus courants.
Ainsi, il a été imaginé des espèces de lunettes en réalité augmentée capables d’écrire et d’envoyer des messages, en captant ce qui se passe dans le cerveau, de manière non invasive, c’est-à-dire sans nécessiter un acte de chirurgie ou une insertion d’un composant dans le corps. Deux ans plus tôt, Facebook avait dévoilé un programme dédié à l’écriture et l’envoi de messages sans l’utilisation du moindre clavier.
Cette quête visant à traduire l’activité cérébrale en mots, écrits ou prononcés par une voix de synthèse, n’intéresse pas que Facebook et les laboratoires de recherche, même si les publications scientifiques n’ont pas toujours de perspective commerciale évidente. On sait par exemple qu’Elon Musk, via Neuralink, souhaite aussi connecter le cerveau humain à des ordinateurs. Mais ce n’est pas simple.
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