La route longe une berge et rejoint d’autres bâtiments découverts, ce qui confirme l’existence d’une installation durable des Romains sur place, avant la submersion par les eaux.

Des travaux archéologiques publiés ce 22 juillet 2021 dans Scientific Reports apportent des preuves de la présence d’une antique route romaine sous la lagune de la célèbre Venise, en Italie. Cela confirme l’existence d’un port installé bien avant l’existence de la ville telle qu’on la connaît. La voie romaine est située plus précisément au nord, tout au fond du canal Treporti.

Comment cette structure a-t-elle été mise au jour et comment peut-on la situer dans l’histoire du lieu ?

La route antique existait à l'époque où Venise n'était pas submergée par les eaux. // Source : Fantina Madricardo

La route antique existait à l'époque où Venise n'était pas submergée par les eaux.

Source : Fantina Madricardo

Une route romaine sur 1 140 mètres

C’est lors d’une cartographie complète de la lagune, au sonar, que Fantina Madricardo et son équipe ont pu détecter pas moins de 12 structures, enfouies sous la lagune et s’étendant sur pas moins de 1 140 mètres. Ces structures forment une longue route antique. Ce n’est pas une si grande surprise : de premières études, menées à la fin du XXe siècle, avaient mis en avant l’existence d’une vie romaine sur place avant que le niveau de la mer ne monte. Des tronçons de route et des objets anciens représentaient d’importants indices. Mais restait à savoir l’étendue et la forme de cette occupation locale.

L’équipe de Fantina Madricardo a donc mobilisé la technologie moderne d’un sonar multifaisceaux à haute résolution : ce type de scanner fonctionne par l’envoi d’un sonde qui émet des impulsions sonores, puis, lorsque ces ondes reviennent vers un récepteur, les échos sonores sont convertis en signaux électriques. Grâce à ce repérage acoustique, à partir du temps que mettent les ondes à revenir, on peut situer la présence de roches et objets divers, ainsi que leur forme. Cela permet d’obtenir une image d’un lieu, submergé sous l’eau, qu’il n’est pas possible de photographier directement. La technique est utile aussi bien en navigation qu’en cartographie.

La route antique a pu être reconstruite en 3D grâce à un sonar. // Source : Fantina Madricardo

La route antique a pu être reconstruite en 3D grâce à un sonar.

Source : Fantina Madricardo

En l’occurrence, le sonar offre la possibilité de cartographier la géomorphologie de la lagune vénitienne, c’est-à-dire, justement, les structures submergées que l’on peut trouver dans ces fonds marins. « L’interprétation des données par les archives et les recherches géoarchéologiques a permis une reconstruction architecturale tridimensionnelle de la voie romaine », explique l’équipe de recherche en introduction de l’étude.

Les Romains s’étaient établis sur place de façon stable

Cette reconstruction 3D permet de documenter la présence d’une ancienne route romaine, mais également qu’elle longeait le quai d’une plage aujourd’hui submergée par la mer.

« La présence de l’ancienne voie romaine confirme l’hypothèse d’un système stable d’établissements romains dans la lagune de Venise », expliquent les scientifiques à l’origine de cette nouvelle étude. La route s’inscrit dans la continuité d’autres structures, comme des tours défensives, des digues servant probablement de passerelles, des lieux privés, le tout constituant probablement un port. « Cette zone était traversée par des voyageurs et des marins », commentent les auteurs.

Ces nouvelles découvertes archéologies nous montrent encore un peu plus à quoi ressemblait le paysage, des siècles avant que la ville de Venise soit fondée en 528, date à laquelle elle ressemblait déjà à la « cité flottante » que l’on connaît aujourd’hui. Les lieux étaient, à l’époque de cette route, accessibles via les terres, et toute une vie installée et organisée y était déjà présente.

La reconstruction permise par cette découverte offre d’ailleurs, aussi, un aperçu de l’urbanisme romain antique : « L’étude souligne l’importance de cette route dans le contexte plus large du système de transport romain, démontrant une fois de plus la capacité des Romains à s’adapter et à gérer des environnements dynamiques complexes, souvent radicalement différents de ceux d’aujourd’hui. »

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