Hubble est officiellement de retour. Après une panne de plus d’un mois, le télescope spatial a pu obtenir de nouvelles images du ciel. Entre le 13 juin et le 16 juillet 2021, l’engin était hors service. Hubble a rencontré un problème plutôt inédit, en 31 ans dans l’espace : cette fois-ci, c’est son ordinateur de bord qui a connu une panne. La Nasa n’a eu d’autre choix que de faire basculer l’observatoire iconique sur son ordinateur de bord de secours. L’agence spatiale a annoncé que grâce à cette manœuvre, la longévité — déjà épatante – de Hubble devrait être encore repoussée de plusieurs années.
Probablement encore plusieurs années de fonctionnement
Pour la communauté des astronomes, c’est évidemment une bonne nouvelle. L’incident rappelle néanmoins que le télescope n’est plus tout jeune (sa mission devait durer initialement 15 ans), et que chaque jour qui passe l’appareil vieillit un peu plus. « Hubble reste en sursis. Mais le fait que la Nasa soit passée sur l’ordinateur de secours promet encore de bonnes années de fonctionnement », indique à Numerama Élodie Choquet, astronome au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille.
On peut raisonnablement espérer que l’ordinateur de bord de secours, dont le rôle est de contrôler les instruments scientifiques, permette de tenir encore des années. « L’ordinateur de bord qui est tombé en panne avait été changé en 2009, lors d’une des ‘Service missions’ [ndlr : les opérations de maintenance du télescope réalisées avec la navette spatiale entre 1993 et 2009]. Il a donc fonctionné pendant 12 ans sans problème. On peut espérer que l’ordinateur de secours ait la même longévité, même si ce n’est pas garanti, car il est lui aussi assez vieux. Mais comme il n’a pas été utilisé, on peut espérer qu’il soit en bon état et qu’il ait plusieurs années de fonctionnement. »
Sensibles et indispensables gyroscopes
Mais qu’en est-il des autres composants du télescope ? « Le scénario dans lequel l’ordinateur durerait encore une dizaine d’années, mais où un autre instrument nous lâcherait avant, est très probable », constate Élodie Choquet. Certains autres composants peuvent susciter des inquiétudes de la part des scientifiques, car ils « sont davantage sujets aux pannes et représentent plus de risque de faire cesser la mission de Hubble, fait observer l’astronome. C’est le cas des gyroscopes : sur les six du début, il y en a désormais trois en panne. »
Les gyroscopes permettent de mesurer la vitesse du télescope, ainsi que son orientation dans l’espace. Ils sont nécessaires pour orienter correctement Hubble vers les zones du ciel que l’on souhaite étudier. « Il en faut trois pour pouvoir parfaitement orienter le télescope dans l’espace. Si un gyroscope lâche, sachant que ce sont des composants sensibles, Hubble pourra encore fonctionner avec juste deux gyroscopes, mais de façon beaucoup plus contrainte. Il pourra moins facilement s’orienter dans l’espace, ce qui limite le nombre d’observations scientifiques — en particulier, celles qui demandent un pointage du télescope très précis ou un suivi sur un temps long », décrit la spécialiste. Et le jour où un deuxième gyroscope viendrait à ne plus fonctionner ? « Ce sera la fin. »
Les gyroscopes sont particulièrement sensibles, mais ce ne sont pas les seuls éléments fragiles de Hubble, poursuit Élodie Choquet. « Dans l’ensemble, tous les instruments scientifiques vieillissent et perdent en performance. Les détecteurs, les caméras sont impactés par les rayonnements cosmiques. Petit à petit, les caméras se dégradent, perdent en sensibilité, ou des pixels ne fonctionnent plus. Là, on parle plutôt de vieillissement que de risque de panne. »
Un couple prometteur, avec le JWST
Pour remettre en perspective la liste de ces défaillances, il faut tout de même souligner que Hubble a déjà derrière lui une longue (et honorable) carrière, et que sa longévité est particulièrement impressionnante (31 ans, au lieu de 15 prévus). Mais la popularité du télescope est telle que beaucoup de scientifiques, et même le grand public, accueilleront sans nul doute la fin de sa mission avec tristesse.
Surtout que la Nasa a encore de grandes ambitions pour Hubble. Avec le lancement du futur télescope James-Webb (JWST) dans l’espace, prévu pour fin 2021, la perspective d’utiliser les deux observatoires conjointement est enthousiasmante. « L’objectif de la Nasa, c’est bien entendu que Hubble survive le plus longtemps possible. Ce serait très intéressant d’avoir Hubble et le JWST qui fonctionnent en même temps dans l’espace, car ils sont très complémentaires. Hubble est le plus sensible dans l’ultraviolet et le visible, tandis que le JWST est optimisé dans l’infrarouge », conclut Élodie Choquet.
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