Lorsque le site d’atterrissage du rover Curiosity a été choisi, l’idée était d’analyser ce qui abritait autrefois un lac, et donc d’y trouver des roches ayant été en contact avec l’eau. C’est ce que le petit bolide de la NASA a fait avec succès depuis son arrivée dans le cratère de Gale en novembre 2011.
Mais une étude parue dans Science Advances ce 6 août révèle que les roches qui recouvrent la surface de ce cratère sont en réalité des sédiments déposés ici par les airs. Cela peut sonner comme une déception, mais pas du tout ! Au contraire même puisque certains échantillons examinés par Curiosity et sa ChemCam (l’ancêtre du SuperCam de Perseverance, tous deux développés par la France), sont bien d’origine lacustre. La découverte d’autres échantillons venus d’ailleurs est selon les auteurs de l’étude : «une pièce cruciale pour comprendre le puzzle de l’altération globale de Mars.»
Il y a bien un lac, mais…
En réalité, les roches ayant été formées dans un environnement sous-marin, ou ayant été en contact avec une grande quantité d’eau, pendant un temps relativement long, sont assez rares, voire même, sont l’exception. L’immense majorité de ce qui forme le cratère de Gale serait en réalité un ensemble de sable et de divers sédiments formés à l’air libre et déposés plus tard dans le cratère sec.
Les auteurs écrivent : «Certains échantillons avaient été interprétés comme étant lacustres, mais c’était via une technique utilisée sur Terre qui ne s’applique pas aussi bien ici.» Cette technique, elle s’appelle CIA pour Chemical index of alteration. Cet indice d’altération chimique en français, est utilisé pour caractériser comment des roches ont été altérées par leur environnement. Mais s’il fonctionne bien sur Terre dans des environnements bien connus, c’est moins le cas sur Mars dans des conditions très différentes. Par exemple, il n’évalue pas l’altération par le fer et le magnésium, rares chez nous, mais abondants sur la planète rouge. Pas non plus de référence à l’acidité de la surface de Mars, ni au calcium et au sodium dont les quantités ne sont pas du tout les mêmes d’une planète à l’autre.
A partir de ce postulat, les chercheurs ont ré-analysé huit ans de données acquises par Curiosity pour montrer que les roches étaient plutôt susceptibles d’avoir été formées à l’air libre. Leur altération correspond davantage à celle d’une roche soumise à l’acidité de la surface martienne et aux éléments qui s’y trouvent.
«Un processus global»
Ils ont ainsi pu mettre en lumière certains minéraux qui tiraient légèrement sur le bleu, signe d’une carence en fer. Un bleu que l’on retrouve ailleurs sur la planète, notamment dans Mawrth Vallis, un site envisagé également pour Curiosity, mais aussi dans l’atmosphère martienne !
«Cela signifie, résument les auteurs, que les observations du cratère de Gale sont représentatives d’un processus global à l’échelle de la planète.» Curiosity a bien visité un lac, certainement moins profond que ce qui était envisagé, mais il a trouvé des roches ayant séjourné sous l’eau. Cela dit, cette découverte inattendue de minéraux venus d’ailleurs révèle des secrets de Mars auxquels Perseverance apportera peut-être des précisions.
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