Trois missions d’un an embarqueront des équipages de quatre astronautes chacune, dans un module appelé Mars Dune Alpha où ils seront en totale autonomie. L’objectif est de préparer le terrain aux vraies missions sur la planète rouge (et sur la Lune).

Une mission d’un an sur Mars, mais sur Terre : c’est la nouvelle mission de simulation annoncée par la Nasa le 6 août 2021. Elle doit démarrer à la rentrée 2022. Mais pourquoi donc organiser une « fausse » vie martienne pour tout un équipage ?

Simuler Mars avant de partir sur Mars

Partir en explorateur ou exploratrice vers une autre planète telle que Mars peut faire rêver. Mais, dans la réalité, cette expérience serait avant tout une mission scientifique des plus éprouvantes. Sur la planète rouge, même après le trajet et l’atterrissage, le défi sera énorme. Le plus compliqué, sans doute, restera l’isolement : Mars est si loin que les communications auront un délai et, de toute façon, l’équipage ne pourra compter que sur lui-même face à un nombre invraisemblable de dangers (pas d’air respirable, sol coupant, radiations…).

En clair : vivre sur Mars signifie une capacité d’autonomie totale pour presque tout, dans l’autarcie la plus complète. Cela fait beaucoup à gérer, y compris psychologiquement. Avant d’envoyer des humains vers cette autre planète, les agences spatiales doivent donc en apprendre davantage sur ce type de vie, et en étudier les conséquences globales sur le physique, le moral.

Pour ce faire, depuis plusieurs années, des missions sur Mars sont organisées sur Terre. Ce sont donc des simulations. C’était l’objectif du programme HI-SEAS. L’exobiologiste français Cyprien Verseux y a participé. Avec un équipage de 6 personnes, il vivait sous un dôme isolé de 112 m² sur les hauteurs du volcan Mauna Loa, à Hawaii, un lieu proche des conditions martiennes.

Lors des simulations, l'équipage doit sortir avec sa combinaison spatiale. // Source : Nasa

Lors des simulations, l'équipage doit sortir avec sa combinaison spatiale.

Source : Nasa

Ces simulations sont loin d’être un jeu d’enfant. Toute communication extérieure est volontairement ralentie pour simuler Mars, et l’équipage ne peut pas sortir sans enfiler une combinaison spatiale. Il s’agit également de tester l’impact sur les relations humaines, ainsi que les systèmes de support de vie en autonomie — notamment production alimentaire sur place. Les « astronautes » doivent également mener de vraies missions scientifiques, car ce sera bien là le projet structurant de tout voyage vers Mars.

« L’habitat simulera les défis d’une mission sur Mars »

Les missions HI-SEAS ne duraient toutefois que quelques mois. Le nouveau projet de la Nasa doit durer une année complète. C’est une première. « À mesure que la NASA s’aventure plus loin dans le cosmos, l’expérience des astronautes change. Pour se préparer aux défis réels des futures missions vers Mars, la NASA étudiera comment des individus très motivés réagissent à la rigueur d’une simulation au sol de longue durée », explique l’agence spatiale. Trois missions de ce type seront organisées, la première à la rentrée 2022, puis en 2024 et en 2025. Le projet de recherche consistera notamment à « développer des méthodes et des technologies pour prévenir et résoudre les problèmes potentiels des futures missions de vols habités vers la Lune et Mars ».

Chacune de ces trois missions d’un an se déroulera dans un module appelé Mars Dune Alpha de 150 m², qui sera imprimé en 3D.

La construction du module Mars Dune Alpha est en cours. Elle est en grande partie imprimée en 3D. // Source : Nasa

La construction du module Mars Dune Alpha est en cours. Elle est en grande partie imprimée en 3D.

Source : Nasa

« L’habitat simulera les défis d’une mission sur Mars, notamment la limitation des ressources, les pannes d’équipement, les retards de communication et d’autres facteurs de stress environnementaux », détaille la Nasa. L’équipage devra effectuer des sorties spatiales simulées (en combinaison), des recherches scientifiques, du pilotage robotique, utiliser la réalité virtuelle, tester les communications.

À quoi ressemble le recrutement ?

La Nasa en profite pour passer un appel à candidatures — malheureusement pour vous, celui-ci est réservé aux résidents américains. Toutefois, voici les critères demandés :

  • Citoyen américain entre 30 et 55 ans ;
  • Non-fumeur ;
  • Anglais parfait ;
  • Des compétences physiques : il faudra passer l’intégralité des tests que passent habituellement les astronautes ;
  • Des compétences techniques : au moins un master dans des domaines scientifiques ou technologiques, comme l’ingénierie, les mathématiques, la biologie, la médecine, voire l’informatique, avec deux ans d’expérience professionnelle minimum. Les candidatures de celles et ceux ayant un diplôme de médecine seront aussi étudiées, pareillement pour les pilotes (il faudra alors justifier de 1 000 heures de vol).

« Les finalistes subiront des évaluations médicales, des tests psychologiques et des examens psychiatriques afin de déterminer leur aptitude à participer à une mission d’isolement de longue durée, physiquement et mentalement exigeante », ajoute la Nasa. Toute allergie alimentaire, trouble gastro-intestinal, et condition médicale nécessitant la prise régulièrement de médicaments sont éliminatoires, et il en va de même pour l’équivalent d’un mal des transports (vertiges, nausées) lors de l’utilisation d’équipements en réalité virtuelle.

Les résultats de ces missions « fourniront des données scientifiques importantes pour valider les systèmes et développer des solutions ».

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