Les chiffres clé du sixième rapport du GIEC — paru ce lundi 9 août 2021 — sont alarmants, tant ils montrent le caractère inédit du problème, mais aussi son caractère urgent. Mais le rôle du GIEC est justement de procéder à une évaluation scientifique concrète des données climatiques, sans en atténuer la gravité. Tous les 5-6 ans, ce rapport sert aussi à guider les politiques publiques en montrant des pistes.
Cela signifie que le GIEC n’est pas là seulement pour montrer que cela va mal. Il est là pour produire un rapport utile. « Ce rapport-là sera sûrement la base objective des négociations sur les politiques climatiques qui vont se dérouler à Glasgow [dans le cadre de la COP26] », nous a expliqué Christophe Cassou, l’un des auteurs principaux de ce rapport, au cours d’un entretien pour Numerama sur les coulisses de ce rapport à lire bientôt dans notre rubrique environnement. Le rapport du 2013/2014 « a eu un impact très important en étant à l’origine de la conférence de Paris », qui avait alors fixé de nouveaux objectifs.
S’il y a des notions d’irréversibilité dans ce rapport, montrant par ailleurs le caractère planétaire du réchauffement, l’évaluation produite par le GIEC montre qu’il est encore « géophysiquement possible de limiter de réchauffement à 1,5 degré ». Les processus physiques ne sont pas encore totalement dans une phase d’emballement.
4 pistes structurantes pour les futures décisions
L’évaluation produite par le GIEC conditionne notre capacité à limiter le réchauffement à quatre types et temporalités d’action :
- L’immédiateté dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre : « il faut le faire dès aujourd’hui », résume Christophe Cassou ;
- L’amplitude de cette réduction « doit être très forte » ;
- Cette réduction doit être constante et ne pas subir d’arrêt : « il ne faut pas arrêter pendant 2 ans » la réduction ;
- Cela doit se faire à grande échelle — c’est-à-dire à l’échelle de toute la planète.
L’objectif global en matière de solution peut être résumé en deux mots : neutralité carbone. « Il ne faut plus qu’il y ait une seule molécule de CO2 qui s’accumule dans l’atmosphère. On a une bonne compréhension, maintenant, de cette contrainte, qui n’est pas une décision politique : c’est une contrainte physique. Chaque tonne de CO2 est une fraction supplémentaire de température », explique Christophe Cassou.
C’est ce que met aussi en évidence le GIEC dans ce rapport : chaque élévation du réchauffement augmente certes les températures, mais aussi les événements extrêmes. Par exemple, il faut compter un accroissement de 7 % des précipitations extrêmes par degré supplémentaire, comme le montre cet atlas interactif du GIEC.
Tout est dans l’immédiateté des réductions
L’immédiateté de l’action pour aller vers zéro émission de gaz à effet de serre est déterminante dans le rapport du GIEC. Le graphique suivant montre les 4 scénarios de changement climatique, construits à partir des données climatiques, en fonction de la temporalité des mesures prises.
Le constat est sans appel : les décisions les plus importantes doivent être prises en ce début de la décennie 2020. En cas d’émissions de CO2 basses ou très basses, les températures peuvent largement être conservées autour voire au-dessous de 1,5 degré, limitant ainsi les dégâts du changement climatique. En revanche, les autres scénarios provoqueraient une hausse certaine.
La fenêtre d’opportunité — quand agir, et ce qu’il faut faire durant cette période — comment agir, voilà deux éléments clés qui sont clairement définis dans ce rapport.
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