Comme bien souvent en science, les spécialistes de Mars ont un vide à combler : relier une planète aride et morte avec des reliefs évoquant des lacs et des rivières. Entre les deux, il s’est passé quelque chose, mais quoi ? Dans une étude parue dans Nature Astronomy, des chercheurs affirment qu’encore aujourd’hui, les tempêtes de poussière ont une influence sur ce point, en faisant s’échapper de l’eau dans l’espace.
Avant l’arrivée des premières sondes d’observation, Mars était déjà considérée comme « morte » depuis longtemps. Une planète sans effet dynamo, et presque sans atmosphère pour protéger sa surface. Mais quand les premiers relevés atmosphériques ont été menés, les chercheurs ont eu la surprise de voir qu’il y avait des variations de la quantité d’hydrogène dans l’atmosphère. En d’autres termes, non seulement Mars continue à perdre de l’eau, mais cette perte n’est pas régulière. Il y a donc quelque chose qui influence le phénomène.
La faute aux tempêtes ?
Rapidement, les tempêtes fréquentes sur la planète rouge ont été pointées du doigt. Mais le manque de données sur le sujet et les nombreux autres facteurs possibles ont poussé les scientifiques à la prudence. « En même temps que la perte d’hydrogène diminuait, il y avait le déclin des tempêtes, la fin de l’été dans l’hémisphère sud et l’augmentation de la distance avec le Soleil. Avec cela, impossible de déterminer une cause unique », soulignent les auteurs.
Mais les chercheurs ont trouvé une solution grâce à l’observation de la tempête globale qui a touché toute la planète entre décembre 2018 et mars 2019. Cet événement a pu être particulièrement bien suivi grâce à trois engins différents, tous en orbite autour de Mars :
- MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile Evolution) : une sonde arrivée en orbite en 2014 dont le but est justement de savoir pourquoi la planète est devenue le désert aride d’aujourd’hui. MAVEN a pu observer la tempête, mais aussi suivre les évolutions de températures, ainsi que les mouvements de poussière et d’eau au fur et à mesure.
- MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) : chargé de cartographier la surface depuis plus de quinze ans. Il mesure également la température atmosphérique, notamment à très basse altitude.
- TGO (Trace Gas Orbiter): une mission de l’ESA arrivée fin 2016 en orbite et qui étudie les gaz présents dans l’atmosphère, notamment le méthane. Il est performant surtout pour les altitudes intermédiaires, ce qui couvre le blanc entre les deux autres satellites.
«Une perte 5 à 10 fois supérieure»
Avec toutes ces mesures, les chercheurs ont pu conclure que l’impact des tempêtes n’est pas négligeable : «La perte d’hydrogène était cinq à dix fois supérieure à la moyenne, écrivent-ils. Cela peut varier selon la force de la tempête, mais l’effet est indéniable.» Il est si important que, selon eux, les tempêtes, même locales, peuvent être les principales responsables de l’assèchement de la planète. Mais cela n’a pas toujours été le cas. A l’époque où Mars était entourée d’une épaisse atmosphère, l’eau était « retenue » à la surface et ne s’échappait pas de cette manière. Plus tard, son axe a pu évoluer, tout comme sa distance avec le Soleil, ce qui a modifié les paramètres. Il reste encore du travail pour retracer toute la chronologie de Mars, mais ce qui est sûr c’est que la planète évolue encore aujourd’hui.
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