Le 18 mars 2021, le satellite militaire chinois YUNHAI 1-02 s’est brisé en, au moins, 21 morceaux. Était-ce une défaillance interne, une micro-explosion ? D’après l’enquête menée par l’astronome Jonathan McDowell, spécialisé dans l’analyse des satellites, il s’agirait en fait d’une collision… avec un débris spatial.
Ce constat vient rappeler le problème grandissant de la poubelle qu’est en train de devenir l’orbite terrestre en l’absence d’un véritable nettoyage systématique et organisé.
« C’est très inquiétant »
Jonathan McDowell explique avoir commencé à s’interroger lorsqu’il a repéré, sur une base de données nommée Space-Track.org, une entrée étonnante dédiée à un élément nommé Object 48078, qui est un débris de la fusée Zenit-2 ayant lancé un satellite russe en 1996. L’entrée indique « Collided with satellite », une collision avec un satellite. Il explique qu’il s’agit là « d’une entrée d’un nouveau genre — je n’ai pas vu ce genre de commentaire pour un satellite avant ».
L’astronome décide alors de creuser l’historique des trajectoires de ce débris, et il constate alors que les coordonnées de route, cette entrée mentionnant une collision et le moment où le satellite YUNHAI 1-02 s’est brisé, sont cohérentes : « (…) Yunhai 1-02 et le débris 48078 sont passés à 1 km l’un de l’autre (donc dans la marge d’incertitude) à 3h41 du matin, le 18 mars, exactement quand Yunhai s’est cassé. »
D’après McDowell, bien que ce type de collisions reste encore assez rare — c’est la première depuis une décennie, elles constituent un danger à long terme, à mesure que les débris s’accumulent. « Les collisions sont proportionnelles au nombre de choses en orbite. Si vous avez 10 fois plus de satellites, vous aurez 100 fois plus de collisions. Donc, à mesure que la densité du trafic augmente, les collisions vont passer d’une composante mineure du problème des déchets spatiaux à une composante majeure », a-t-il confié au site Space.
D’autant que plus il y a de collisions… plus les risques de collisions augmentent, étant donné que chacune peut générer un nombre plus important de débris, lesquels seront alors plus petits. Par exemple, YUNHAI 1-02 a donné lieu à 37 débris. Et en 2009, le satellite Kosmos-2251 a percuté le satellite Iridium 33, ce qui a provoqué l’émission de 1 800 petits débris. « C’est très inquiétant, et c’est une raison de plus pour retirer ces objets de l’orbite », alerte McDowell.
D’après les estimations de l’Agence spatiale européenne (ESA), l’orbite terrestre compte de nos jours 34 000 débris plus gros que 10 centimètres ; 900 000 débris entre 1 et 10 centimètres ; 128 millions de débris entre 1 millimètre et 1 centimètre. Il s’agit donc d’un problème notoire : « Il y a un problème qui se prépare au-dessus de nos têtes. Invisible à l’œil nu et relativement peu connu, il menace notre avenir dans l’espace : les débris spatiaux », rappelait récemment l’ESA, qui développe des projets de nettoyage spatial divers et variés.
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