La mission d’Ingenuity est loin d’être terminée. L’hélicoptère de la Nasa poursuit inlassablement son péril sur Mars et ne compte pas encore s’arrêter. Les vols sont un tel succès qu’il a été décidé d’en faire un allié de Perseverance tant qu’il continue de bien fonctionner.

Il avait tout pour être un second rôle idéal, mais il est en train de voler la vedette au personnage principal. Ingenuity multiplie les prouesses depuis son arrivée sur Mars et ce n’est pas près de s’arrêter. Après désormais une douzaine de vols, le petit hélicoptère qui accompagnait le rover Perseverance est en pleine forme et dépasse toutes les attentes. «Un seul vol aurait été un succès, raconte Nacer Chahat, ingénieur français au JPL (Jet Propulsion Laboratory) de la Nasa qui a travaillé sur les antennes et tout le système de communication. Donc là c’est bien au-delà des espérances et les missions sont de plus en plus complexes.»

Ingenuity a appris à aller plus haut, plus loin, et il a désormais volé sur plus d’un kilomètre de distance au total. Un succès tel que désormais, à la Nasa, on ne parle plus du tout de fin de mission pour lui. Mars va bientôt passer derrière le Soleil et la communication va être interrompue, mais dès le retour il va pouvoir continuer. «Maintenant c’est un vol après l’autre, précise Nacer Chahat. Tant que le système est fiable, on continue

Prochaine étape : aider Perseverance (à moins d’un kilomètre)

On continue, certes, mais pour quoi faire ? Ingenuity a cumulé bien assez de données pour tester tous ses composants et pour apprendre à voler dans toutes les circonstances. Il a rempli son cahier des charges. La prochaine étape est donc d’aider Perseverance. «Maintenant nous pouvons aider les scientifiques, et pas seulement apprendre à voler, assure Nacer Chahat. Ingenuity peut aller voir des  zones inaccessibles pour le rover et prendre des photos. C’est une nouvelle mission avec de nouvelles contraintes

Gros et petit robot. // Source : NASA/JPL-Caltech/MSSS

Gros et petit robot.

Source : NASA/JPL-Caltech/MSSS

Ces contraintes, elles sont liées au point faible d’Ingenuity : il ne fonctionne qu’en liaison avec le rover. Les deux engins ne doivent pas être séparés de plus d’un kilomètre, sinon la communication ne passe plus et l’hélicoptère ne peut plus être contrôlé. Les ingénieurs sont très prudents avec cette limite, car Ingenuity n’a jamais dépassé les 625 mètres de distance pour l’instant.

Mais rester dans cette zone de confort va devenir un peu plus compliqué maintenant, confie Nacer Chahat : «Au début, le rover restait où ça nous arrangeait pour les premiers vols, mais désormais c’est à nous de nous adapter à lui. Il nous faut le suivre partout.» Perseverance constitue bel et bien le cœur de la mission et le rover doit maintenant se contenter d’être son assistant. Ce qui veut dire voler dans des endroits parfois plus accidentés, aller chercher des images de lieux choisis pour leur potentiel intérêt scientifique. Bref, Ingenuity va devoir faire preuve de flexibilité et se plier aux exigences des scientifiques, et non plus seulement des ingénieurs. Les prochains vols ne seront donc pas des démonstrations techniques, toujours plus loin, toujours plus haut, mais seront avant tout utiles.

Ingenuity ad vitam eternam

À quoi ressemblera le dernier vol d’Ingenuity, et quand aura-t-il lieu ? Personne ne peut le dire actuellement. Mais quoi qu’il en soit Nacer Chahat et les autres ingénieurs du JPL travaillent déjà sur un successeur.

«Nous en sommes pour l’instant au développement du concept, mais le principal défi sera de faire un hélicoptère plus gros et plus lourd.» Le potentiel Ingenuity 2 sera trop gros pour partir avec un rover, et il devra transporter des instruments scientifiques d’au moins 20 kg, ce qui implique des pales plus grosses et sans doute plus rapides. Un défi non négligeable à relever, puisque la principale difficulté pour faire voler Ingenuity était la rareté de l’air sur Mars qui obligeait les pâles à tourner bien plus vite que sur Terre. Il faudra donc faire encore plus la prochaine fois.

Mais l’équipe peut compter sur des mois d’expériences avec le succès du premier appareil. Et d’ici quelques années un autre engin volant devrait parcourir un autre astre : Dragonfly est en préparation pour aller visiter Titan, le satellite de Saturne. «Nous pouvons aider, considère Nacer Chahat, car nous savons comment faire pour opérer les vols, nous pouvons donner des conseils, mais les problématiques ne sont pas du tout les mêmes, l’atmosphère sur Titan est beaucoup plus dense.» L’équipe qui travaille sur Dragonfly sera donc confrontée à des défis très différents, mais espère connaître le même succès.

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