Le programme environnemental des Nations unies (UNEP) s’en est félicité le lundi 30 août 2021 : l’usage de l’essence au plomb n’est dorénavant plus d’actualité dans le monde. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué une étape déterminante pour le multilatéralisme, c’est-à-dire la coopération internationale sur un seul et même sujet. Comme il l’a rappelé dans son discours, mettre fin au carburant basé sur le plomb relève d’un programme qui s’est étendu sur plusieurs décennies.
L’usage de ce type d’essence pour faire fonctionner les véhicules remonte aux années 1920. Lors de l’entrée dans la deuxième partie du 20e siècle, la majorité des véhicules du monde roulait au plomb. Dans les années 1970-80, des alertes scientifiques de plus en plus audibles se sont fait entendre au sujet de la dangerosité du composant. La plupart des pays « riches » ont décidé en conséquence, dès les années 1980, d’en interdire l’usage. Mais c’était alors loin d’être la règle : des dizaines de pays, essentiellement ceux à revenus dits intermédiaires, continuaient au début du 21e siècle d’utiliser de l’essence au plomb. Il y a 20 ans, 86 pays utilisaient du carburant au plomb. Peu à peu, le programme de l’UNEP a permis d’en abandonner l’usage.
L’Algérie était récemment le dernier pays à avoir encore de l’essence au plomb. En juillet 2021, le pays a épuisé son dernier stock, ce qui signe la fin de ce carburant. C’est une bonne nouvelle à la fois pour l’environnement et pour la santé humaine.
Pollution, problèmes de santé…
« Le plomb est un métal lourd, toxique même à des niveaux très faibles d’exposition, qui entraîne des effets aigus et chroniques sur la santé humaine. Il peut causer des troubles des systèmes nerveux, cardiovasculaire, rénal, gastro-intestinal, hématologique et reproducteur », relevait un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement, publié en 2010.
C’est bien là l’un des problèmes majeurs de l’essence au plomb : elle a un impact néfaste sur la santé. L’exposition à ce matériau a causé jusqu’à un million de morts prématurées par an dans le monde, en raison de cancers, maladies cardiaques et accidents vasculaires. On sait aussi qu’une telle exposition peut affecter le développement du cerveau et donc le fonctionnement intellectuel, en particulier chez les enfants. Un rapport de l’Unicef publié en 2020 pointait un chiffre de 800 millions d’enfants dans le monde ayant un taux de plomb dans le sang d’au moins 5 microgrammes par décilitre, soit le seuil problématique.
À l’impact sur la santé humaine, il faut ajouter les détériorations environnementales. « Dans l’environnement, le plomb est toxique pour les plantes, les animaux et les micro-organismes. Il s’accumule dans la plupart des organismes vivants », relève le rapport de l’UNEP de 2010. Les particules biologiques contenant du plomb peuvent séjourner jusqu’à deux ans dans les eaux de surface ; un temps heureusement assez court. Le plomb se retrouve aussi sous forme de particules dans l’atmosphère. Cela a des conséquences locales, mais les particules sont également transportées par les vents : « La propagation atmosphérique régionale et intercontinentale du plomb contribue aux dépôts de ce métal dans des régions reculées comme l’Arctique, où peu de sources d’émissions existent. »
En cette fin août 2021, l’UNEP profite de la fin de l’essence au plomb pour enjoindre les secteurs publics et privés à « s’inspirer de cette énorme réussite pour faire en sorte que, maintenant que nous disposons de carburants plus propres, nous adoptions également des normes de véhicules plus propres au niveau mondial — la combinaison de carburants et de véhicules plus propres peut réduire les émissions de plus de 80 % ».
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