Les tardigrades sont incontestablement des êtres fascinants. D’abord, car ils sont des êtres « extrémophiles ». En partie grâce à une sorte de bouclier unique son genre, ils peuvent résister aux radiations, aux produits les plus corrosifs ou à des impacts de plusieurs milliers de kilomètres/heure. Les températures extrêmes n’auront pas non plus raison de leur survie, du quasi zéro absolu jusqu’à 150 degrés. Dans le vide spatial, il en va de même : ils résistent. Sans être immortels, ils sont bien plus indestructibles que l’immense majorité des êtres vivants.
Pour cette raison, les scientifiques sont nombreux à se pencher sur ces petits êtres, qui ne mesurent pas plus de 0,1 à 1 millimètre. C’est ce qui a donné lieu à une étude publiée publiée le 31 août 2021 dans la revue PNAS. « Les tardigrades, qui sont peut-être le plus petit animal à pattes et l’un des seuls marcheurs à corps mou connus, possèdent un ensemble d’outils locomoteurs d’une polyvalence unique », explique l’équipe de recherche.
Mais pourquoi la façon de marcher des tardigrades est-elle si unique ?
La démarche « remarquable » des tardigrades
Avant toute chose, il vous faut observer un tardigrade en train de marcher — de se « balader », pourrions-nous même dire. Voici les images prises au microscope par l’équipe de recherche:
Si vous avez la sensation que la démarche du tardigrade est particulièrement « perfectionnée », les scientifiques ont fait l’exact même constat. C’est ce que confie l’une des autrices de l’étude, Jasmine Nirody, sur Twitter : « L’une des choses les plus intéressantes — et des plus surprenantes au départ — à propos de la marche des tardigrades, c’est à quel point ils sont… doués pour cela. Ils ont une démarche régulière, et elle ressemble remarquablement à celle d’animaux beaucoup plus grands ! »
Leur démarche est particulièrement proche de certains insectes et arthropodes, des animaux non seulement plus grands, mais aussi qui ont un squelette rigide et qui ne marchent pas sous l’eau (contrairement, dans ces deux cas, aux tardigrades).
Au fil de l’étude, les scientifiques n’ont pas eu à « forcer » les tardigrades à faire quoi que ce soit : ils se sont contentés d’observer leurs mouvements, sur différentes surfaces. Bien que les tardigrades aient clairement plus de mal à se déplacer sur des surfaces très lisses comme du verre (mais nous n’en menons pas large non plus sur du verglas après tout), ce qui ressort de l’étude est leur capacité globale d’adaptation motrice dans leur environnement. Les scientifiques écrivent que les tardigrades adaptent leur locomotion à un modèle de coordination « galopant » (oui, ils « galopent ») lorsqu’ils marchent sur des substrats plus mous — fluides, granuleux… — afin de se déplacer plus efficacement.
En bref, les tardigrades sont d’excellents marcheurs. Ce n’est pas sans explication scientifique : « Cela a du sens : nous savons que les tardigrades sont présents partout — mais pour survivre dans tous ces endroits, ils doivent être capables de se déplacer dans un tas de paysages différents pour manger, pour ne pas être mangés, pour trouver des partenaires, etc », explique Jasmine Nirody.
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