Comment nommer les variants du coronavirus SARS-CoV-2 ? Cette question a émergé début 2021, après l’apparition de plusieurs d’entre eux. À l’époque, ils étaient nommés en fonction de leur lieu d’apparition ou en tout cas de première détection. Par exemple, « variant anglais » ou encore « variant indien ». Ces appellations, en plus d’être stigmatisantes, n’avaient pas beaucoup de sens.
Au 1er juin 2021, l’Organisation mondiale de la Santé a donc proposé une nouvelle grille publique pour nommer les variants, à partir de l’alphabet grec. Cette nomenclature a rapidement été adoptée par tout le monde, parlant de variant « alpha » ou « delta ». Ces noms ne viennent pas remplacer les appellations scientifiques : le variant alpha est le VOC-202012/01, ou, à partir de son lignage génétique, B.1.1.7. Mais « ces noms scientifiques peuvent être difficiles à prononcer et à retenir, et sont sujets à des déclarations erronées », expliquait l’OMS.
La nouvelle nomenclature est donc une bonne chose. Seulement, il se trouve que le coronavirus connaît un certain nombre de mutations. Elles ne sont pas toutes inquiétantes. Certaines donnent lieu à des variants sous surveillance. Certains sont plus préoccupants et méritent à la fois une surveillance accrue et une communication à leur sujet, et c’est seulement dans ce cas qu’ils entrent dans la nomenclature. À l’heure actuelle, le dernier variant en date à avoir reçu un nom est appelé Mu.
Que se passerait-il si nous venions à manquer de lettres grecques ?
« Nous prenons en compte l’idée des constellations »
Lors d’une interview donnée courant août, l’épidémiologiste Maria Van Kerkhove, directrice technique du volet Covid-19 du programme technique de surveillance des maladies infectieuses de l’OMS, a expliqué que l’organisation réfléchissait à comment nommer les variants dans le cas où la nomenclature basée sur l’alphabet grec arriverait à épuisement. Il faudrait, pour cela, que 24 variants soient enregistrés. Mais comme il peut, avec le temps, en apparaître beaucoup (sans qu’ils soient forcément plus dangereux), ce n’est pas improbable que cette limite soit atteinte un jour.
Elle explique alors que nommer les prochains variants selon des noms de dieux et déesses grecques semblait un peu trop étrange, et, ainsi, les discussions ont mené à envisager d’autres références. « Nous prenons en compte l’idée des constellations », affirme-t-elle. L’idée de Maria Van Kerkhove est, depuis plus d’un an, d’établir des noms qui permettent d’éviter toute stigmatisation d’un groupe de personnes ou d’une localité.
Cela pourrait donc, en l’occurrence, donner un jour quelque chose comme « le variant Orion ». Mais ce serait une mauvaise idée.
Une idée peu enthousiasmante
Si la volonté de Maria Van Kerkhove de trouver une nomenclature neutre est plus que nécessaire et a prouvé son efficacité avec l’alphabet grec, l’idée d’une extension de la nomenclature à partir des constellations n’est pas tout à fait enthousiasmante. Et elle semble loin de faire plaisir aux astronomes :
La compatibilité entre la terminologie astronomique et celle médicale est en effet quelque peu contestable. Les variants peuvent avoir des conséquences sanitaires importantes, en tout cas lorsqu’ils sont problématiques comme le variant Delta. L’association d’idées pourrait générer une connotation négative aux noms des constellations ; et inversement, ne pas signifier toute la gravité d’un variant. On imagine mal une conférence de presse d’Olivier Véran durant laquelle il ferait un point sur « le variant Andromède ». En clair : il paraît bien difficile d’associer une souche d’un virus dangereux et mortel à un nom, poétique, rêveur, d’une constellation.
Il faut espérer non seulement qu’une autre extension sera envisagée, mais également, pour la pandémie que cette extension ne sera jamais nécessaire, ou bien dans très longtemps.
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