Les masques font partie de la panoplie essentielle, avec les gestes barrières, pour lutter contre la propagation du coronavirus. Ils sont utilisés depuis les premiers mois de la pandémie, et obligatoires dans les lieux recevant du public. On le sait : leur usage généralisé dans la population est efficace. C’est ce qu’ont montré de nombreuses études, dédiées à d’autres pathogènes, bien avant la pandémie, puis dès la mi-2020, cela se confirmait aussi pour le coronavirus SARS-CoV-2.
Ce 1er septembre 2021, une équipe de recherche a diffusé ce qui est aujourd’hui la plus vaste étude menée sur le sujet pour le covid. L’étude a été mise en ligne en preprint (qui n’a pas encore été revue par des pairs) et, d’après les informations du Washington Post, sera prochainement publiée dans la revue Science.
La méthode pour mesurer l’efficacité des masques
L’étude a été menée dans les règles de l’art, et auprès de 342 000 personnes, dans 660 villages situés au Bangladesh, de novembre 2020 à avril 2021. La méthodologie appliquée est l’une des plus rodées qui soit pour établir des preuves : la randomisation, divisée en deux groupes aux interventions différentes.
Dans le premier groupe, composé de 178 000 personnes, les participants ont reçu gratuitement des masques. Il leur a été conféré des informations sur l’importance des masques, avec des rappels réguliers. Dans le groupe témoin, avec 164 000 personnes, aucune de ces informations n’a eu lieu et les participants n’ont pas reçu de masques gratuitement.
L’équipe de recherche a alors mis en place une série de mesures visant à mesurer les différences entre ces deux groupes. Tout d’abord, ils ont placé, dans les villages, des observateurs dont le rôle était de noter les différences de comportement — quelles personnes portaient des masques, respectaient les règles de distanciation physique, etc. Puis il fallait mesurer les différences de circulation du coronavirus d’un groupe à l’autre.
Cela a commencé tout d’abord par un sondage, cinq semaines puis neuf semaines après le début de l’étude, visant à demander aux participants s’ils avaient des symptômes. Deuxième étape : dans les 10 à 12 semaines après le début de l’étude, ils ont effectué des tests sérologiques parmi les personnages qui ont été préalablement symptomatiques.
Les résultats
La première conclusion de l’étude montre l’efficacité d’une information claire et répétée, et de dispositifs de soutien : dans le groupe ayant reçu des masques et de la communication sur le sujet, leur bon usage était de 42,3 %, quand cela tombe à 13,3 % dans le groupe de contrôle. La distanciation physique est également légèrement mieux respectée (29,2 %) que dans le groupe de contrôle (24,1 %).
En matière d’infection ensuite, sur les 11 000 personnes qui ont déclaré des symptômes, les tests sérologiques ont montré que l’infection symptomatique au covid était réduite de 9,3 % dans le groupe ayant reçu des masques et des informations. Cette différence est significative, mais constitue surtout une sorte de socle minimal. Dans des contextes où le port du masque est largement plus généralisé, et où il est même obligatoire dans les lieux clos, la différence s’avère donc statistiquement des dizaines de fois plus élevée.
« L’impact total d’un masquage quasi universel — réalisable avec des stratégies alternatives ou une application plus stricte — pourrait être plusieurs fois supérieur à notre estimation de 10 % », écrivent en effet les auteurs de l’étude. Et celle-ci vient surtout s’ajouter un très large faisceau de preuve sur l’utilité des masques chirurgicaux.
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