La petite virée aérienne de Richard Branson, le 11 juillet 2021, a soulevé une question chez les passionnés d’astronautique : le milliardaire britannique est-il vraiment allé dans l’espace avec le vaisseau VSS Unity conçu par son entreprise, Virgin Galactic ? Blue Origin, une société concurrente, a laissé entendre que non. La raison ? Tout le monde ne définit pas la frontière de l’espace de la même manière.
Mais au sein de la direction de l’aviation civile américaine (FAA), c’est une autre interrogation qui s’est imposée : le vol conduit par Virgin Galactic s’est-il si bien déroulé que cela ? En clair, s’est-il déroulé en respectant toutes les règles de sécurité ? Le sujet est arrivé sur la table alors qu’a été publié le 1er septembre 2021 dans les colonnes du New Yorker un article qui relate divers problèmes de sécurité, sur plusieurs années et qui vont au-delà de ce seul vol.
Un véhicule qui a « dévié »
Contesté par Virgin, le récit du New Yorker signale malgré tout le déclenchement d’une enquête de la FAA, enquête confirmée par l’autorité de régulation à Reuters. Ainsi, le véhicule « a dévié » de son plan de vol au moment de son retour à Spaceport America, le site à partir duquel l’entreprise britannique opère ses activités spatiales. Ce plan de vol est requis à des fins de contrôle aérien.
Le problème, raconte le New Yorker, implique la technique utilisée par le VSS Unity pour revenir sur Terre. L’appareil suit une sorte de cône de descente lors de sa rentrée. Il faut imaginer un cône invisible et renversé dans lequel le VSS Unity évolue. C’est dans ce volume imaginaire que l’appareil plane selon une certaine trajectoire, pour contrôler sa vitesse et atterrir au bon endroit.
On peut imaginer que le VSS Unity suit, en quelque sorte, le mouvement tournoyant de l’eau dans un évier. C’est très différent, par exemple, de Blue Origin, dont la capsule descend verticalement et est freinée par des parachutes et des rétrofusées. Mais pour que ça marche, compte tenu des paramètres du vol, une certaine vitesse doit être observée. Or, ce n’était pas le cas, selon le New Yorker.
Il s’avère que l’insuffisante vitesse du VSS Unity lors de sa descente a déclenché une alarme à bord, obligeant les pilotes du VSS Unity à sortir du cône dans lequel il évolue pour rattraper le coup. Or, poursuit l’enquête du magazine, les procédures de Virgin Galactic prévoient normalement deux procédures : soit on corrige immédiatement le vol, soit on annule tout et on coupe le moteur-fusée.
Tout était sous contrôle, jure Virgin
La sortie de l’article du New Yorker a donné lieu à un communiqué de Virgin Galactic qui en « conteste les descriptions et conclusions trompeuses », évoquant des « vents de haute altitude qui ont modifié la trajectoire » et la réaction « appropriée » des pilotes pour gérer ces circonstances mouvantes, en accord avec leur formation et dans le cadre des règles de Virgin Galactic.
« Bien que la trajectoire finale du vol ait dévié de notre plan initial, admet la société, le vol n’est pas sorti des limites latérales de l’espace aérien réservé. En raison de l’ajustement de la trajectoire, le vol est descendu en dessous de l’altitude de cet espace réservé pour les missions de Virgin Galactic pendant une courte distance et une courte durée (1m40s) avant de le réintégrer jusqu’au sol. »
Le respect de l’espace aérien est primordial pour éviter certains risques. Le VSS Unity s’est élevé à plus de 80 kilomètres, ce qui fait qu’il a dépassé de fait l’altitude que les avions de ligne empruntent lors de leur trajet. Il fallait donc réserver une zone dans laquelle la trajectoire du vaisseau ne pose pas de problème, y compris en cas de désastre — une perte du véhicule et de ses occupants.
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