Suivre les perturbations météorologiques, assurer le GPS, donner des renseignements à l’armée… les satellites nous rendent une foule de services stratégiques au quotidien. Certaines de leurs occupations sont cependant plus intrigantes : certains d’entre eux s’emploient par exemple à observer les animaux sauvages.
À l’occasion du Congrès mondial de la Nature, début septembre 2021, la filiale CLS du Centre national d’études spatiales a publié un bilan qui nous éclaire sur la manière dont cela fonctionne, et surtout, sur les raisons pour lesquelles les satellites observent la faune terrestre.
Plus de 200 000 animaux suivis
Depuis les années 80, le CLS a suivi plus de 200 000 animaux sauvages. L’objectif le plus fréquent de ces missions est d’identifier ce qui peut menacer ces espèces afin de les en préserver. En 20 ans, le nombre de rennes sauvages arpentant la toundra de Yakoutie a par exemple chuté de 60 % sans que les scientifiques sachent précisément pourquoi. Ces animaux sont-ils décimés par des épidémies ? Le changement climatique modifie-t-il la disponibilité de leurs ressources alimentaires ? Pour tirer ça au clair, les chercheurs ont équipé 200 rennes de colliers satellites dotés d’une IA capable d’analyser leur comportement (endormi, en déplacement, en train de se nourrir, malade, etc.).
Ces informations doivent aider à identifier ce qui menace les rennes sauvages afin de prendre les mesures de protection adaptées. Des projets similaires sur d’autres grands mammifères (chevaux sauvages, bisons, etc.) sont en train d’être déployés. L’approche spatiale est « nécessaire au regard de l’immensité des territoires à surveiller », font valoir les équipes du CLS.
Identifier ce qui menace les espèces animales
Le CLS a également pu récoler des informations inédites sur les jeunes tortues de mer. Jusqu’alors, les scientifiques ne disposaient guère d’éléments sur les décennies s’écoulant entre leur naissance et leur retour sur les plages de nidification. Des balises micro satellites permettent désormais de suivre plus précisément leurs parcours, dans le but de prendre les mesures de protection les plus adaptées à cette espèce.
Le CLS ne s’intéresse pas qu’aux animaux terrestres et marins : il va également suivre de près les oiseaux, qui constituent 14 % des espèces menacées d’extinction. Ces animaux sont en effet mis en danger par l’agriculture intensive, la déforestation, la chasse et le réchauffement planétaire. « Les grandes migrations sont fortement affectées par les constructions et les aménagements faits par l’homme sur les territoires. Route migratoire, lieu de nourrissage, de repos, de reproduction, tous sont menacés ou perturbés », souligne la publication du CLS.
Les équipes en charge de ce projet prévoient de croiser les informations de localisation des oiseaux équipés de balise avec des données environnementales (végétation, couvert forestier, point d’eau) et des données relatives aux activités humaines (présence de zones urbaines, agricoles, etc.). Ces informations devraient aider à prendre les mesures de protection les plus pertinentes, mais aussi affiner nos connaissances sur la biodiversité. « Il fallait 10 ans pour reconstituer une route migratoire, 10 minutes de requête suffisent aujourd’hui pour identifier un parcours de migration », se réjouissent les équipes du CLS.
La filiale du Centre national d’études spatiales précise qu’elle pourra exploiter à partir de 2023 une nouvelle constellation satellitaire capable de connecter un nombre de balises bien plus élevé. Cette constellation baptisée Kinéis devrait permettre de suivre chaque mois plusieurs centaines de milliers d’animaux, contre 8 000 chaque mois aujourd’hui.
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