Thomas Pesquet sera commandant de l’ISS à la fin de son séjour dans l’espace. Ce rôle n’est pas symbolique : il implique de vraies responsabilités.

C’est dans quelques semaines que le séjour de Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale prendra fin. Parti du centre spatial Kennedy, en Floride, le 23 avril, l’astronaute français doit rentrer sur Terre en novembre 2021. Une capsule Crew Dragon le transportera, ainsi que ses camarades de la mission Crew-2 : les Américains Shane Kimbrough et Megan McArthur, et le Japonais Akihiko Hoshide.

Durant cette dernière ligne droite d’un voyage de six mois, le Français aura l’honneur de commander pendant environ un mois la Station spatiale internationale (ISS). Ce sera une première pour la France : jamais jusqu’à présent un spationaute ne s’était retrouvé à ce poste dans l’ISS, malgré plusieurs séjours effectués par ses prédécesseurs Claudie Haigneré, Léopold Eyharts et Philippe Perrin.

On savait en fait depuis la mi-mars que Thomas Pesquet recevrait cette responsabilité : une conférence de presse de l’Agence spatiale européenne (ESA) avait officialisé la nouvelle et précisé que ce transfert d’autorité surviendrait à la fin de son séjour. Il a toutefois fallu attendre le 9 septembre pour connaître la date exacte de passation d’autorité entre Akihiko Hoshide, l’actuel commandant, et Thomas Pesquet.

La Station spatiale internationale. // Source : Flickr/CC/Nasa

La Station spatiale internationale.

Source : Flickr/CC/Nasa

Quel est le rôle du commandant de l’ISS ?

De la même manière que le grade militaire de commandant confère à son titulaire une autorité sur ses subalternes, le titre de commandant de l’ISS octroie à son détenteur une position hiérarchique élevée parmi les personnes qui occupent la station. Dans les grandes lignes, c’est lui qui est amené à prendre les principales décisions, que ce soit dans un cadre de fonctionnement normal ou bien en cas d’urgence.

« Être aux commandes de la Station spatiale internationale implique de veiller à ce que chaque membre de l’équipage comprenne son rôle et contribue au mieux de ses capacités afin de fournir des performances optimales en équipe », résume dans un communiqué de l’ESA Frank De Winne, un astronaute belge qui a été le premier Européen à avoir occupé ce poste.

Historiquement, le commandement de l’ISS était partagé entre les États-Unis et la Russie, à tour de rôle. Il a fallu attendre près de dix ans pour voir d’autres nationalités émerger à ce poste. Outre Frank De Winne en 2009, il y a eu le Canadien Chris Hadfield en 2013, le Japonais Kōichi Wakata en 2014, l’Allemand Alexander Gerst en 2018 et l’Italien Luca Parmitano en 2020.

Thomas Pesquet combinaison

Thomas Pesquet, lors d’une sortie extravéhiculaire. // Source : NASA Johnson

Évidemment, les autres astronautes doivent se soumettre à ses directives. Que ce soit pour une courte visite ou un séjour de longue durée, « tous les membres de l’équipage sont […] soumis à l’autorité du commandant de l’ISS », rappelle un bulletin de 2001 de l’ESA qui traite du code de conduite pour les membres d’équipage de l’ISS. Tout le monde doit s’y soumettre, quelle que soit la nationalité.

L’Agence spatiale européenne indiquait, au moment de la nomination de Thomas Pesquet à ce poste pour la fin de son séjour, que « le commandant de la Station assure la gestion du quotidien quand tout va bien, facilite le travail de l’équipage, et en situation d’urgence, prend les décisions – même si tout le monde est parfaitement formé et sait ce qu’il doit faire ».

Bref, c’est à lui que revient de coordonner les astronautes, de savoir ce qu’ils font dans la station en ayant connaissance de leur planning, d’encadrer le quotidien à bord et les évènements un peu particuliers, comme l’arrivée d’un cargo de ravitaillement, celle d’un nouvel équipage à bord d’une capsule de transport ou encore une sortie spatiale — extravéhiculaire, dans le jargon.

Toujours selon le code de conduite, le bulletin fait observer que c’est au commandant de l’ISS de faire appliquer les procédures de sécurité et de sauvetage de l’équipage dans l’ISS, afin de préserver l’intégrité physique des membres et l’intégrité de la station. Car ce ne sont pas les périls qui manquent en orbite : incendie, dépressurisation, intoxication, maladie, blessure…

Thomas Pesquet

Thomas Pesquet à bord de la station, pendant une expérience. // Source : NASA Johnson

Évidemment, tout le monde est rompu aux procédures et sait quoi faire. C’est du moins vrai pour les astronautes professionnels. Moins sans doute pour les touristes spatiaux, même s’ils reçoivent une formation express. Avoir un responsable capable de prendre le lead en cas d’urgence permet de centraliser la prise de décision et d’avoir une chaîne de commandement, en liaison ou non avec les opérateurs au sol.

Il est à espérer que les prérogatives de Thomas Pesquet en tant que commandant de l’ISS se cantonneront à la gestion du quotidien et qu’il n’aura pas à user de son autorité pour gérer un pépin plus grave à bord. En tout cas, l’intéressé a fait savoir qu’il était ravi de cette opportunité. « Je suis très honoré et heureux de me voir offrir le commandement de la Station pour ma seconde mission », déclarait-il en mars.

Thomas Pesquet aura d’ailleurs l’occasion de vivre une autre première. Lorsqu’il deviendra commandant de l’ISS, le hasard du calendrier et des affectations fera qu’il y aura un autre Européen à bord : l’Allemand Matthias Maurer. L’intéressé doit en effet arriver au cours de la mission SpaceX Crew 3, prévue en octobre. Il n’y avait jamais eu deux Européens à bord en même temps, dont l’un commande l’ISS.

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