Une nouvelle ère du tourisme spatial s’est indéniablement ouverte. Après la décennie des années 2000, qui a vu sept civils accéder à la Station spatiale internationale, les initiatives se multiplient depuis plusieurs mois. Il y a eu la parabole remarquée de Jeff Bezos avec Blue Origin et juste avant lui Richard Branson transporté par Virgin Galactic. Mais surtout, il y a eu Inspiration4.
Pendant trois jours, quatre civils ont vécu dans une capsule Crew Dragon envoyée en orbite autour de la Terre par la fusée Falcon 9 de SpaceX. Ces quatre astronautes en herbe ont voyagé au-delà de l’ISS ou du télescope spatial Hubble, à une altitude rarement atteinte dans l’histoire de la conquête spatiale — hormis le programme Apollo. Ils sont rentrés dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 septembre 2021 et tout s’est bien passé.
Cette nouvelle ère ne va pas se refermer tout de suite : à dire vrai, elle ne se refermera peut-être plus — sauf à imaginer un incident majeur. À court terme en tout cas, l’actualité de la conquête spatiale sera rythmée par de nouvelles missions impliquant des civils, en plus des activités habituelles des agences spatiales. Les États-Unis ne sont d’ailleurs pas les seuls sur le coup. Il s’avère qu’en Russie aussi, le tourisme reprend.
Le tourisme spatial va continuer dans les prochains mois
Ainsi, la prochaine mission russe vers l’ISS (Soyouz MS-19) comportera trois membres, dont deux civils : le cinéaste russe Klim Chipenko et sa compatriote Ioulia Peressild, actrice. Le réalisateur entend profiter de l’occasion pour filmer des plans pour son film The Challenge. Le décollage est prévu début octobre dans une fusée russe et les deux artistes doivent séjourner environ une semaine.
Le troisième homme du voyage, Anton Chkaplerov, est un cosmonaute professionnel russe, présent afin d’encadrer les deux novices. Une fois arrivés, ils côtoieront les membres de Crew-3, trois Américains et un Allemand, qui sont tous des professionnels. Trois sont membres de l’agence spatiale américaine (Nasa), tandis que le dernier est rattaché à l’Agence spatiale européenne (ESA).
Deux mois plus tard, une autre mission semblable surviendra : le vol Soyouz-MS-20, qui est prévu en décembre. Cette fois, il s’agira de transporter le richissime homme d’affaires japonais Yusaku Maezawa ainsi que son photographe Yozo Hirano, qui devra immortaliser le voyage de son patron. Le séjour durera aussi une semaine. Alexandre Missourkine, complétera l’équipage. C’est un cosmonaute russe professionnel.
Il est à noter que Yusaku Maezawa est l’homme qui doit effectuer un survol de la Lune dans deux ans avec SpaceX et son nouveau vaisseau spatial, le Starship, dont la conception et les essais sont en cours aux États-Unis. Comme toutes les autres personnes amenées à aller dans l’ISS, une formation leur est dispensée (en Russie ou aux USA suivant leur point de départ) afin qu’ils ne soient pas un poids pour les autres.
Quant à SpaceX, la mission Inspiration4 en amènera probablement d’autres. En attendant, la société américaine se prépare à des vols mixtes en partenariat avec Axiom Space. Ainsi, la mission Ax-1 est planifiée pour janvier 2022 en direction de l’ISS : elle comptera trois civils et un astronaute. À l’automne 2022, ce sera ensuite autour de la mission Ax-2 avec un équipage semblable. D’autres vols sont prévus en 2023.
Si l’équipage pour la mission Ax-1 est constitué, celui de la mission Ax-2 n’est pas encore complet. Des bruits de couloir évoquent notamment Tom Cruise. L’acteur américain doit prochainement voyager avec un cinéaste pour effectuer des cascades dans l’ISS. « La Nasa est ravie de travailler avec Tom Cruise sur un film à bord de l’ISS », déclarait l’ancien patron de la Nasa, Jim Bridenstine, en mai 2020.
Toutes ces personnes pourront être considérées comme des astronautes quand elles franchiront l’altitude des 100 kilomètres : cette démarcation arbitraire — la ligne de Kármán — est celle qui, par convention, sépare l’atmosphère de l’espace. Cela étant dit, les États-Unis ont, pour des raisons notamment historiques, privilégient une démarcation plus basse, à 80 kilomètres.
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