Le dernier rapport du GIEC en a été un douloureux rappel : la crise climatique s’aggrave et il est plus que jamais urgent d’agir pour lutter contre la hausse de la température globale moyenne. Dans ce contexte, la COP26 qui réunit près de 200 états du 31 octobre au 12 novembre afin de revoir les politiques climatiques mises en place, est un rendez-vous crucial.
Plus notre connaissance des effets du changement climatique s’affine, plus on mesure la gravité de son impact. Par exemple, nous manquions d’éléments précis sur la manière dont le réchauffement allait modifier la couverture nuageuse — qui contribue beaucoup à rafraîchir la Terre. Or les dernières études suggèrent que l’impact sera négatif : le réchauffement réduit la quantité de nuages réfléchissants. La Terre s’assombrit se faisant, et se réchauffe encore davantage. C’est ce qu’on appelle une boucle de rétroaction positive.
Le document qui présente les enjeux de la COP26 détaille les risques auxquels nous faisons face, et les nombreuses mesures qui permettraient de les prévenir : fixer des objectifs de baisse d’émissions carbone plus ambitieux, protéger les écosystèmes et les rendre résilients, financer la transition verte partout dans le monde, etc. Nous avons sélectionné les dossiers les plus importants et ajouté certaines problématiques stratégiques qui n’y figurent pas explicitement, mais seront également au centre des débats.
Où et quand se tiendra la COP26 ?
C’est à Glasgow, en Écosse que se déroule la 26e édition de la COP. Elle se tient du 31 octobre au 12 novembre 2021.
Qu’est-ce que la COP26
La COP est un acronyme qui désigne la Conférence des Parties (« Conference of Parties »). C’est un événement international organisé par les Nations Unies pour organiser la lutte contre le changement climatique. Il se déroule chaque année dans un pays différent, et près de 200 États y participent.
Quels seront les principaux dossiers de la COP26 ?
Fixer de nouveaux objectifs de baisse d’émissions
Tous les cinq ans, les pays doivent actualiser leur politique de baisse des émissions de gaz à effet de serre. L’idée est bien sûr d’élever les ambitions, et de s’assurer que les objectifs fixés sont cohérents avec le seuil de réchauffement que l’on tente à tout prix de ne pas dépasser (nettement en dessous de 2°C). C’est loin d’être le cas pour l’heure : selon Climate Action Tracker — qui a passé en revue les politiques de nombreux signataires de l’accord de Paris — pour le moment, seul un État a pris les mesures adéquates pour rester sous les 2°C : la Gambie.
Pour tenir cet objectif (au-delà duquel les effets du réchauffement seraient particulièrement dangereux), il est indispensable que le monde atteigne le zéro carbone d’ici 2050, mais également qu’il soit sur la bonne trajectoire à bien plus court terme, en 2030. « Pour tenir les objectifs requis, les pays doivent accélérer dans la sortie du charbon, encourager l’investissement dans les énergies renouvelables, prévenir la déforestation et accélérer la transition vers les véhicules électriques », souligne le document de présentation de la COP26.
Les engagements pris en 2015, lors de l’accord de Paris, ne sont pas du tout sur la bonne trajectoire. « Ils nous dirigent vers un réchauffement nettement supérieur à 3°C d’ici 2100, comparé au niveau pré-industriel. Si nous continuons à cette vitesse, les températures continueront de monter, amenant encore plus d’inondations catastrophiques, de feux de forêt, de phénomènes météorologiques extrêmes et de destructions d’espèces », souligne le site de la COP26.
Des progrès ont été faits ces derniers mois pour se rapprocher des 2°C (notamment l’engagement de la Chine à ne plus financer de centrales à charbon à l’étranger). Mais c’est bien le seuil de 1,5°C qu’il faut s’efforcer à tout prix d’atteindre, soulignent les organisateurs et organisatrices de la conférence climat.
Organiser les marchés du carbone
Les pays doivent se mettre d’accord sur un ensemble de règles permettant de faire fonctionner efficacement les marchés du carbone. Ces systèmes ont pour but d’inciter les entreprises à réduire leurs émissions, par le biais de quotas carbone. Lorsqu’elles le font, elles doivent acheter des « quotas carbone » supplémentaires, qui compensent leurs dépassements. À mesure que le prix du carbone augmente, les entreprises les plus polluantes payent donc une addition plus lourde — qui peut être utilisée pour récompenser d’autres initiatives plus écologiques.
Les pays ont cependant beaucoup de mal à s’entendre sur le fonctionnement de ces marchés. Ils n’étaient pas parvenus à un accord à la COP25 de Madrid.
Financer la transition verte des pays plus pauvres
On le sait, le changement climatique affectera la planète entière. Les mesures pour le prévenir doivent, elles aussi, être prises dans le monde entier. Mais tous les pays ne disposent pas de la même aisance financière pour opérer cette transition. Les pays les plus riches doivent donc impérativement les aider à réduire leurs émissions. C’est d’autant plus cohérent que les pays riches sont responsables d’une part écrasante des émissions de gaz à effet de serre actuelles et passées. Leur développement économique a justement été alimenté par l’utilisation de grandes quantités d’énergies fossiles.
Des aides significatives ont été promises : 100 milliards de dollars chaque année. L’ennui est que, pour l’heure, cet objectif n’est pas réellement atteint. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a indiqué qu’en 2019, la contribution s’élevait à 79,6 milliards de dollars et à 78,3 milliards en 2018. Or, l’énergie est une ressource dont on peut difficilement se passer au quotidien. Tant qu’ils n’ont pas les moyens de bâtir des infrastructures énergétiques plus vertes, les pays pauvres continueront d’utiliser de l’énergie carbonée et donc, d’émettre des gaz à effet de serre.
Réduire les émissions de méthane
Peut-être parce qu’il reste moins longtemps dans l’atmosphère, le méthane a longtemps été « éclipsé » par le CO2, dans les débats sur les gaz à effet de serre. Le méthane est pourtant un gaz très problématique, car il a un pouvoir réchauffant 80 fois plus fort que celui du dioxyde de carbone. C’est d’autant plus dommage que les mesures permettant de réduire les émissions de méthane sont bien identifiées et pas exagérément couteuses.
Beaucoup d’émissions de méthane surviennent à cause de bêtes fuites sur des sites du secteur pétrogazier. Les prévenir permettrait donc déjà de réduire les émissions de ce puissant gaz à effet de serre. Des modifications de notre alimentation et de nos pratiques agricoles auraient également un impact significatif (beaucoup de méthane provient des pets et des rots des ruminants, mais aussi des cultures de riz). La question semble, heureusement, arriver enfin sur le devant de la scène. Les États-Unis et l’Europe ont annoncé lancer un pacte visant à réduire de 30 % les émissions de méthane, d’ici la fin de la décennie. Le pacte sera officiellement présenté pendant la COP26. Reste à voir désormais quelle est la quantité de pays que les Européens et les Américains parviendront à convaincre de rejoindre le mouvement.
Les COP servent-elles à quelque chose ?
Les COP sur le climat ont beau se succéder chaque année, les politiques prises pour lutter contre le réchauffement mondial sont loin d’être encore à la hauteur. L’accord de Paris de la COP21 avait par exemple constitué un jalon important dans l’historique de ces conférences. Dans ce texte, 191 membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s’étaient engagés à prendre les mesures nécessaires pour maintenir le réchauffement bien en dessous de 2°C. Une annonce très importante puisqu’elle allait dans le sens des recommandations des expertes et experts du GIEC.
Mais l’important se niche dans les détails. De nombreuses ONG environnementales avaient critiqué le fait que cet accord ne contenait pas assez d’éléments précis et contraignants pour garantir que cet objectif ambitieux soit tenu. Et le fait est que, plus de cinq ans après, nous sommes toujours loin du compte. Selon Climate Action Tracker — qui a passé en revue les politiques de nombreux signataires de l’accord de Paris — pour le moment, seul un État a pris les mesures adéquates pour rester sous les 2°C : la Gambie. Plusieurs pays, notamment le Royaume-Uni, le Maroc, le Nigéria et le Kenya, ont mis en place des politiques plutôt bien alignées avec cet objectif. Mais ce n’est pas du tout le cas des principaux émetteurs de gaz à effet de serre.
Les mesures prises par les États-Unis sont ainsi jugées « insuffisantes ». C’est aussi dans cette catégorie que sont classées les politiques de l’Union européenne, du Japon, de la Norvège ou du Chili. Et les mesures prises par la Chine — qui est désormais le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre chaque année — sont encore moins bien notées : elles sont classées dans la catégorie « très insuffisantes », comme celles de l’Australie, du Canada ou de l’Inde.
Faire accepter à près de 200 pays de revoir complètement leur stratégie économique est, bien sûr, une tâche titanesque. Et il faut reconnaître que des progrès significatifs ont été accomplis ces dernières années. Les énergies renouvelables telles que l’éolien ou le solaire se développent de plus en plus. L’Agence Internationale de l’Énergie note ainsi qu’en 2020, leur usage pour produire de l’électricité a augmenté de 7 %, et qu’il devrait bondir de 10 % sur 2021. L’essor des énergies renouvelables et les innovations réalisées dans secteur ont d’ailleurs permis de faire baisser considérablement le prix de ces énergies vertes: elles coûtent désormais moins cher que le charbon. De nombreux constructeurs automobiles (Volvo, Ford, etc.) ont de leur côté pris la décision de ne plus commercialiser de voitures thermiques et de basculer sur le 100 % électrique à partir de 2030.
« Environ 70 % de l’économie mondiale se trouve désormais sous des objectifs zéro carbone, contre moins de 30 % lorsque le Royaume-Uni a démarré son mandat de présidence de la COP26 », fait valoir le Royaume-Uni qui assure la présidence de la COP26. Même si les aides ne sont pas encore à la hauteur de ce qui a été promis et qui est nécessaire, des sommes non négligeables (79 milliards de dollars en 2018) ont été versées par les pays riches, pour aider les pays pauvres à opérer leur transition climatique. Et de nombreuses banques centrales œuvrent désormais à tester la résistance de leur système financier contre le risque climatique — ce qui a d’ailleurs permis à l’Europe de mesurer à quel point le changement climatique pourrait lui coûter cher.
En résumé, les COP font bel et bien bouger les choses. Tout l’enjeu est de savoir si la conférence climatique à venir parviendra à les faire évoluer suffisamment vite.
Quels pays assistent à la COP26 ?
Les 197 « Parties » réunies par les COP sont constituées de 196 états et de l’Union Européenne. Il s’agit de l’ensemble des pays ayant signé la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
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