La crise énergétique que vit la Chine en ce moment va compliquer la vie de beaucoup de secteurs. La tech, l’auto et les jouets ne sont cependant pas les seuls affectés : la filière photovoltaïque en souffre également. Afin de traverser la pénurie d’énergie qu’elle subit actuellement, et plus globalement de réduire ses émissions de CO2 (avec la COP26 en ligne de mire), la Chine a en effet imposé des restrictions significatives sur la consommation des particuliers et des entreprises du pays.
Résultat, les usines locales qui produisent le silicium tournent au ralenti. Comme le note l’agence Bloomberg le 29 septembre 2021, les prix de cette ressource ont bondi de 300 % depuis août dernier. Or, le silicium est un composant clé dans la production de panneaux solaires. Si son prix augmente, le prix des installations photovoltaïques suivra très probablement cette tendance.
L’industrie solaire a été bousculée par la pandémie
C’est d’autant plus ennuyeux que le prix des panneaux a déjà augmenté ces derniers mois. Comme le soulignait en septembre un rapport du cabinet de conseil Rystad Energy, les prix des panneaux solaires dans le monde ont augmenté de 16 %. C’est lié à plusieurs facteurs, notamment la pandémie de covid — qui a impacté la production de tous les secteurs — et à la hausse des prix de certaines matières premières requises pour fabriquer les panneaux. « Le prix de l’argent, qui est central pour réaliser les connexions entre les cellules de silicium et les fils de cuivre est passé de 550 $/kg en 2019 à 850 $/kg en 2021 », indique Rystad Energy. Une hausse de tarif plus de 50 %.
Transporter les panneaux solaires d’un pays à l’autre est par ailleurs devenu beaucoup plus couteux ces derniers mois. Le tarif à débourser pour louer un conteneur de moins de 75 mètres cubes a ainsi augmenté de 650 %, indique BFMTV. « Le taux d’usage des modules solaires, c’est-à-dire l’écart entre les capacités de productions et les livraisons, était de 84 % en 2018 et a diminué depuis. Il était de 71 % en 2019 et de 58 % en 2020 », précise le cabinet de conseil Rystad Energy.
Ce retournement de situation tombe mal. Le coût du solaire avait considérablement baissé ces dernières années — à tel point que créer de nouveaux sites photovoltaïques est devenu plus compétitif que d’ouvrir de nouvelles centrales à charbon. Comme l’indiquait l’Irena en juin 2021, le coût de l’électricité a ainsi baissé en dix ans de 85 % pour le solaire photovoltaïque à échelle industrielle (et de 68 % pour le solaire thermique à concentration). « Aujourd’hui, les énergies renouvelables sont la source d’électricité la moins chère », concluait cet été le directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera.
Pour Rystad Energy, la pandémie de Covid-19 est venue freiner cette tendance très positive. Le cabinet indique que l’impact se fera sans doute ressentir pendant tout le restant de l’année 2021. Une hausse des prix du solaire, à l’heure où la transition verte est une urgence, n’est pas une bonne nouvelle. Reste donc à voir combien de temps ces perturbations dureront.
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