« Il faut se réveiller face à la crise de l’eau qui s’annonce », alerte Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, en complément d’un rapport publié ce 4 octobre 2021, à quelques semaines de la COP26.
Le dérèglement climatique accroît non seulement les sécheresses, qui ont augmenté de 29 % des vingt dernières années, mais aussi les risques d’inondations qui se sont accrus de 134 % au XXIe siècle par rapport à la fin du XXe. Dans les deux cas, le risque est présent dans des régions habitées et pose un problème de manque d’accès à l’eau (notamment potable et sanitaire). Qui plus est, le réchauffement modifie le régime des précipitations, ce qui a un impact sur l’agriculture et donc sur la sécurité alimentaire. Résultat, peu à peu, le changement climatique dessine une crise humanitaire de l’eau.
Et cette crise a déjà commencé. En 2020, des précipitations extrêmes ont provoqué des inondations massives au Japon, en Chine, en Indonésie, au Népal, au Pakistan et en Inde. « Des millions de personnes ont été déplacées et des centaines ont été tuées. Mais ce n’est pas seulement dans le monde en développement que les inondations ont entraîné des perturbations majeures. En Europe, des inondations catastrophiques ont fait des centaines de morts et provoqué des dégâts considérables », rappelle Petteri Taalas.
Un centimètre d’eau accessible en moins chaque année
Le rapport donne un chiffre marquant. En 2018, 3,6 milliards de personnes ont souffert au moins une fois par mois d’un accès insuffisant à l’eau. De manière générale, 2,3 milliards de personnes vivent actuellement dans des pays où l’accès à l’eau est un problème. Parmi elles, 733 millions vivent dans des pays où il s’agit d’un risque critique. D’ici 2050, 5 milliards de personnes pourraient être concernées par un accès insuffisant à l’eau au moins une fois par mois.
Ces vingt dernières années, le total des masses d’eau disponibles sur le globe a diminué d’un centimètre par an. Or, comme seulement 0,5 % de l’eau sur Terre est de l’eau douce utilisable et disponible, cette perte se transforme rapidement en un problème d’accès à une ressource clé.
La carte ci-dessous, également présente dans le rapport, dresse les tendances du stockage de l’eau terrestre au cours des 20 dernières années (2002-2021). Les zones rouges indiquent une « importante perte de masse d’eau » au cours de cette période. Il se trouve que ce sont aussi les zones « les plus touchées par le changement climatique et/ou l’activité humaine ». Le Groenland et l’Antarctique ne figurent pas sur la carte, car en matière de perte de masse d’eau, leurs tendances « sont si importantes qu’elles éclipsent les tendances des autres pertes de masse d’eau continentales ».
Selon le rapport, les efforts face à cette crise sont clairement insuffisants, que ce soit en matière de surveillance, de prévision/alerte ou de gestion. Les financements des programmes liés à ce problème ne sont pas non plus à la hauteur.
Investir dans la gestion des ressources en eau
L’Organisation météorologique mondiale recommande un budget cohérent afin d’ investir dans des systèmes dits de « gestion intégrée des ressources en eau », qui peuvent être une solution contre le stress hydrique (c’est-à-dire le danger posé par le manque d’accès à l’eau). Il faut également des systèmes permettant de prévenir, à l’avance, les périodes de sécheresse et d’inondations.
Plus largement, l’Organisation météorologique mondiale s’inquiète du manque d’action, ou plutôt du déséquilibre entre les discours et la réalité. Le secrétaire général Petteri Taalas appelle donc à ce que ce dossier soit sérieusement étudié lors de la COP26, et que cela aboutisse à des changements concrets. Car à l’heure actuelle, le fait est que 107 pays risquent de ne jamais remplir les objectifs d’un accès soutenable aux ressources en eau d’ici 2030. Dans les avancées en matière d’accès à l’eau, il faudra que le taux de progrès quadruple pour que les objectifs soient remplis.
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