Une étude montre que les humains ont émis des polluants qui ont atteint l’atmosphère et ont voyagé loin sur le globe, bien avant l’ère industrielle.

Le changement climatique généré par les activités humaines a essentiellement commencé au début de l’ère industrielle, puis s’est accru progressivement. Des traces d’un impact existent-elles toutefois avant cela ? On sait que, très tôt, l’humanité a modifié son environnement. Une équipe de recherche a récemment identifié un impact direct sur l’atmosphère dès la fin du XIIIe siècle, c’est-à-dire autour de l’an 1300, en raison de brûlages de forêts.

« L’idée que l’être humain, à cette époque de l’histoire, ait provoqué une modification aussi importante du carbone suie présent dans l’atmosphère, par ses activités de défrichement, est assez surprenante », relève Joseph R. McConnell, auteur principal de cette étude publiée le 6 octobre 2021 dans Nature.

Un impact sur l’océan Austral dès le XIIIe siècle

En étudiant des échantillons prélevés en Antarctique, dans le cadre du programme de recherche British Antarctic Survey, cette équipe y a trouvé une augmentation significative des niveaux de carbone suie dès le XIIIe siècle. Les niveaux progressent jusqu’à atteindre des pics au XVIe et XVIIe siècle. Or, les glaces sont une sorte d’indicateur des évolutions de l’atmosphère terrestre. Et il se trouve que le carbone suie est un polluant issu de la combustion fossile, ou de biomasse (type forêts).

C'est dans de tels blocs de glace que des indices atmosphériques ont été découverts dans cette étude, dans le cadre du British Antarctic Survey. // Source : Jack Triest

C'est dans de tels blocs de glace que des indices atmosphériques ont été découverts dans cette étude, dans le cadre du British Antarctic Survey.

Source : Jack Triest

Dans leur étude, l’équipe de recherche a pu identifier la source de ce carbone suie. Une première modélisation a permis de restreindre la zone de recherche à la Nouvelle-Zélande, la Patagonie et la Tasmanie. Puis les auteurs ont mis ces critères en lien avec les enregistrements de paléo-incendies (les incendies dont on a une trace dans les sédiments). Cela a permis de restreindre plus précisément à la Nouvelle-Zélande, et à l’année 1300, période qui correspond à un premier pic dans les traces de charbon de bois brûlé et qui colle également avec les débuts de la colonisation humaine de l’île. Finalement, la théorie la plus probable est que la modification de l’atmosphère serait issue des pratiques de brûlage des forêts par les Maoris, en Nouvelle-Zélande.

« Nous avions l’habitude de penser que si l’on remontait quelques centaines d’années en arrière, on découvrait un monde vierge et préindustriel, mais cette étude montre clairement que l’être humain a eu un impact sur l’environnement de l’océan Austral et de la péninsule Antarctique au cours des 700 dernières années au moins », explique Joseph R. McConnell.

Cette étude représente un apport assez important pour étayer les modélisations climatiques. En matière de climat, comprendre le passé permet de mieux projeter le futur, afin de prendre pleinement la mesure de ce qu’il se passe actuellement. Par exemple, le carbone suie émit depuis la Nouvelle-Zélande a pu voyager jusqu’à l’Antarctique pour se déposer dans la glace. Or, les émissions les plus élevées de l’époque sont estimées à environ 36 000 tonnes/an. De nos jours, nous émettons des dizaines de millions de gigatonnes de gaz à effet de serre.

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