Les premiers résultats du rover Perseverance confirment à quel point le cratère Jezero, où s’est posée la mission sur Mars, était prometteur. Le site d’atterrissage de l’astromobile a bien abrité un lac autrefois, il y a 3,6 milliards d’années. Ce lac faisait 35 kilomètres de diamètre et plusieurs dizaines de mètres de profondeur. L’annonce, relayée par le CNRS, fait l’objet d’une publication dans la revue Science le 7 octobre 2021.
« Les observations d’engins spatiaux orbitaux ont montré que le cratère Jezero de Mars contient un corps proéminent de roche sédimentaire en forme d’éventail déposé à sa marge ouest », rappellent ces scientifiques. Les images de sondes en orbite autour de Mars avaient laissé présager la complexité géologique et l’histoire de ce bassin. L’intérêt de la zone est maintenant confirmé par l’instrument SuperCam du rover : le cratère Jezero renfermait un lac alimenté par une rivière, via un delta (une embouchure de forme triangulaire).
Le lac était 100 mètres plus bas
« Nos images de rover contraignent l’évolution hydrologique du cratère Jezero et potentiellement le climat et l’habilité de la jeune Mars », écrivent les chercheurs. La qualité des images prises par Perseverance a permis d’interpréter la géologie du lieu. Elles ont pourtant été prises à distance, à plus de 2 kilomètres des formations géologiques étudiées.
L’astromobile a ainsi observé, après son arrivée sur la planète rouge en février 2021, « un ensemble de strates sédimentaires inclinées, prises en sandwich entre des strates horizontales », décrit le CNRS dans son communiqué transmis à la presse. Cette géométrie est semblable à ce que l’on connait des deltas sur Terre et l’équipe a pu s’en servir pour déterminer la forme du lac, son altitude et le type de dépôts.
Résultat : la hauteur du lac se trouvait 100 mètres du bas que ce que suggéraient les données orbitales. Les scientifiques ont pu déterminer qu’il s’agissait d’un lac fermé, dont le niveau a fluctué. Un avantage de cette structure en lac clos est que les dépôts qui ont pu se former ont sans doute été bien préservés. Cependant, il n’est pas exclu que l’on soit donc face à un lac moins dynamique, avec moins d’activité hydrologique, qu’un lac ouvert.
Et si Perseverance grimpait sur le delta ?
Les images du rover ont aussi aidé à voir des strates situées au-dessus des dépôts du lac. Leurs caractéristiques sont différentes, avec la présence de gros galets et de blocs de roche. Ce pourrait être un signe de crues soudaines, peut-être d’un changement climatique important, à la fin de la période où le cratère Jezero abritait le lac. Pour l’heure, les scientifiques ne savent pas quel contexte a pu entraîner un changement dans le rythme fluvial.
« Nos résultats donnent des informations pour les stratégies d’échantillonnage par Perseverance dans le cratère Jezero », anticipent les auteurs. L’idéal serait de faire monter le rover sur le delta, pour s’approcher des blocs rocheux. La zone pourrait être pertinente afin de prélever quelques-uns des échantillons de la mission, qui devront un jour rentrer sur Terre.
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