Il a fallu se rendre à l’évidence : envoyer la capsule spatiale Starliner rejoindre l’ISS en 2021 devenait mission impossible. Boeing et la Nasa visent désormais un décollage en 2022.

C’est fichu pour 2021. Après plusieurs semaines de valse-hésitation, la Nasa et Boeing ont dû se rendre à l’évidence : il n’y a plus assez de temps pour caler un nouvel essai de vol de la capsule CST-100 Starliner jusqu’à la Station spatiale internationale (ISS). Aussi a-t-il été annoncé le 8 octobre ce que beaucoup anticipaient déjà : un glissement du calendrier à 2022.

« L’équipe travaille actuellement à des possibilités de lancement au cours du premier semestre 2022, en fonction de l’état de préparation du matériel, du manifeste de la fusée et de la disponibilité de l’ISS », fait savoir l’agence spatiale américaine, sans se montrer plus précise sur la fenêtre de tir, au regard des difficultés que rencontre Boeing à trouver une issue aux soucis techniques repérés cet été.

Boeing Starliner Atlas

Un décollage était envisagé cet été, mais il n’a finalement pas pu avoir lieu. // Source : Joel Kowsky

Le géant de l’aéronautique, qui développe comme SpaceX une capsule spatiale habitable pour permettre des rotations d’équipage entre la Terre et l’ISS, cherche à comprendre ce qui entrave le bon fonctionnement des valves du système de propulsion. Cela fait bientôt deux mois que le pépin est identifié, sans qu’une solution n’ait pu être trouvée. En effet, on en parle depuis la mi-août.

Mais ce n’est pas anormal, suggère justement la Nasa. « Il s’agit d’un problème complexe impliquant des produits dangereux et des zones complexes du vaisseau spatial qui ne sont pas facilement accessibles. Il a fallu une approche méthodique et une ingénierie solide pour l’examiner efficacement », développe Steve Stich, le responsable en charge des programmes habités commerciaux au centre spatial Kennedy.

Au-delà des difficultés propres à Boeing, la capsule Starliner doit aussi tenir compte du trafic autour de l’ISS. Il s’avère que d’ici la fin de l’année, plusieurs créneaux sont occupés par des missions habitées (l’une russe Soyouz MS-20, l’autre américaine SpaceX Crew-3) et par des opérations de ravitaillement (deux russes avec Progress MS-18 et Progress M-UM) et une américaine avec SpaceX CRS-24).

Un deuxième essai de vol qui se fait attendre

L’incertitude sur le calendrier a commencé à devenir criante vers fin septembre, quand Kathy Lueders, la patronne des vols habités, a laissé faire entendre une petite musique sur un report à l’année prochaine. « Mon intuition me dit qu’il est plus probable que ce soit l’année prochaine, mais nous travaillons encore sur ce calendrier », disait-elle alors. Trois semaines plus tard, le calendrier pour 2021 est donc écarté.

La dernière tentative sérieuse de Boeing de lancer sa capsule Starliner vers l’ISS date de fin juillet / début août 2021. Malheureusement, l’entreprise a joué de malchance : elle a d’abord dû passer son tour, car un lancement plus important pour l’ISS s’est intercalé, puis renoncer tout simplement au tir, lorsque le fameux problème des valves a sauté aux yeux des équipes techniques.

La Station spatiale internationale // Source : Nasa

La Station spatiale internationale

Source : Nasa

Ce vol, avorté, doit être le deuxième essai de Boeing pour rejoindre l’ISS. Le premier date de fin 2019 et n’a rien donné à cause, là aussi, d’un dysfonctionnement logiciel. L’entreprise américaine doit absolument réussir au moins un vol inhabité — tous ces essais se font bien sûr sans personne à bord — avant de passer à l’étape d’après, qui cette fois inclura des astronautes.

Compte tenu du nouveau planning, ce premier vol habité n’aura pas lieu immédiatement — peut-être pour le second semestre 2022. Après ce vol avec un premier équipage, il y en aura un autre plus tard. Celui-ci sera alors le premier vol opérationnel au profit de la Nasa, avec un équipage qui effectuera un séjour long dans l’ISS — contrairement au précédent, qui ne restera que quelques jours.

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