Oui, réunir les représentants de 197 pays afin de leur demander de prendre des mesures qu’ils n’ont pas envie de prendre, c’est probablement un travail titanesque. Mais malgré la logistique incroyable que l’on devine derrière la COP26 (a fortiori dans un contexte de Covid), on se demande si la grande conférence sur le climat qui se tient du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow n’aurait pas dû se faire en visio — comme la plupart des événements depuis le début de la pandémie. Car le spectacle donné par cette assemblée est loin d’être à la mesure de l’événement.
Il y a eu, pour commencer, des manquements qui semblent inconcevables sur un événement de ce type. Le 1er novembre, on a par exemple découvert que la voiture qui transportait la ministre israélienne de l’Énergie, Karine Elharrar, qui est atteinte de dystrophie musculaire, s’était vu refuser l’accès de la COP26.
La circulation est en effet interdite dans les abords du Scottish Event Campus où se déroulent les échanges. Problème : la navette que les organisateurs lui ont proposée en échange pour se déplacer ne pouvait pas accueillir son fauteuil roulant. Le problème a été réglé le lendemain, heureusement, mais Karine Elharrar n’a pu assister aux diverses réunions où elle devait se rendre toute la journée du 1er novembre.
Des invités qui arrivent en jet privé
À mesure que les jours défilent, la dissonance entre les messages portés pendant la COP26 et son fonctionnement au quotidien, frappe par ailleurs. Certes, les pays semblent petit à petit prendre (enfin) conscience de la gravité de la situation. Les mois précédant la COP26, les États-Unis sont revenus dans l’accord de Paris qui fixe la neutralité carbone en 2050 pour cap (comme les scientifiques du GIEC le recommandent) et plusieurs gros pollueurs, notamment la Russie et l’Australie ont commencé à revoir leur position, parlant plus ouvertement de la crise climatique et des mesures à prendre pour lutter contre.
Mais, on sent que les politiques et leurs administrations ont encore bien du mal à aligner leurs actes quotidiens avec les lignes générales de la COP26.
Pour se rendre ou quitter la grande conférence sur le climat, de nombreuses personnalités politiques et privées ont ainsi opté pour un des modes de déplacement les plus polluants qu’il soit : le jet privé. C’est notamment le cas de Jeff Bezos, le PDG d’Amazon ou du premier ministre britannique Boris Johnson (dont le jet utilise en partie du carburant durable mais demeure bien moins écologique que le train… qu’il aurait pu prendre, au moins pour la forme, comme il habite le pays), mais ce sont loin d’être les seuls. Comme le note la BBC, le nombre de vols non commerciaux a tout bonnement doublé les jours précédents la COP26. Selon l’ONG Transports et Environnement, les jets privés rejettent pourtant en moyenne 10 fois plus de carbone que des avions commerciaux et polluent 50 fois plus que le train.
Et que dire des 85 véhicules du président Biden, bloquant l’accès aux artères d’une ville ?
La COP26 aura une empreinte carbone conséquente
Les déplacements aériens pèsent d’ailleurs très lourd dans l’empreinte carbone des COP. En se basant sur les émissions des trois COP précédentes, le Financial Times estime que la COP26 générera 53 000 tonnes de gaz à effet de serre, dont 45 000 tonnes pour le seul transport aérien. Pour vous donner un ordre de grandeur, l’empreinte carbone annuelle moyenne d’un Français s’élevait à 11 tonnes en 2018.
Bien sûr, une grosse partie des négociations des COP se déroulent dans des réunions physiques ou à distance en amont et en aval. Et bien sûr, il est également important de marquer le coup à certains moments, en se rencontrant : cela peut aider à fluidifier et accélérer les négociations. Mais lorsqu’on voit la quantité de gaz à effet de serre générés par l’organisation de la conférence et les choix de modes de déplacement des représentantes et représentants des 197 pays conviés à la COP26, on se demande si elle n’aurait pas mieux fait de se tenir sur Zoom.
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