Ce n’est certes pas la problématique qui occupera le plus l’esprit de l’équipage Crew-2 lorsqu’il rentrera sur Terre, dans les tout prochains jours, début novembre 2021. On devine sans peine que pour les astronautes, ce qui compte surtout, c’est que l’intégrité de la capsule Crew Dragon demeure tout au long du voyage et que les parachutes servent bien à décélérer suffisamment le vaisseau avant de finir dans l’océan.
Il n’en demeure pas moins que les membres de Crew-2, dont fait partie le Français Thomas Pesquet, vont devoir gérer une petite contrariété pendant leur retour sur Terre : les « toilettes » de la capsule Crew Dragon qui servira à rapatrier les quatre passagers ne fonctionnent pas. Plus exactement, une fuite dans le système a été découverte il y a près d’un mois et celle-ci ne peut être colmatée aisément.
Se retenir
En conséquence, les quatre astronautes vont devoir prendre toutes leurs précautions avant de quitter la Station spatiale internationale, en passant bien aux commodités avant d’enfiler leur combinaison et de s’installer à bord de la navette. Car une fois assis et sanglés, il ne leur sera pas possible de se détacher pour retourner en vitesse aux WC. Une fois l’écoutille fermée, il n’y a plus de retour en arrière.
Cela étant dit, les astronautes n’auront pas forcément besoin de se retenir jusqu’à leur amerrissage. D’abord, parce que la phase de retour est susceptible de ne pas durer trop longtemps — à titre de comparaison, l’équipage de Crew-1 n’a mis que six heures et demie pour faire le trajet entre l’ISS et la Terre, une durée certes non négligeable, mais où il est concevable de se passer d’une pause pipi.
Mais rien ne garantit que les membres de Crew-2 auront droit à un vol express jusque sur Terre : le seul autre exemple connu d’un retour effectué par SpaceX a donné lieu à une situation complètement inverse. Lors du vol d’essai habité Demo-2, la capsule a mis près d’une vingtaine d’heures à revenir sur Terre. Là, il n’y a pas vraiment d’autres choix que de se soulager d’une façon ou d’une autre.
Si cela s’avère nécessaire, les astronautes peuvent toujours s’uriner dessus — ils n’auront de toute façon pas le choix, si cela s’avère trop pressant. Ce n’est bien sûr pas très raccord avec l’image glorieuse que l’on peut se faire de la conquête spatiale, mais il faut parfois être pragmatique et faire selon les circonstances. Et en comparaison d’autres problèmes, celui-ci est bénin.
La bonne nouvelle, toutefois, c’est que le souci des WC devrait être résolu bientôt. C’est du moins ce qu’a annoncé SpaceX fin septembre. Cela étant, la solution trouvée par SpaceX ne peut manifestement pas être mise en œuvre pour la capsule qui servira au retour de Crew-2. Elle ne pourra pas non plus être déployée à temps pour celle qui sera utilisée par les membres de Crew-3, qui vont partir bientôt (et qui auront donc le même souci).
Le souci de l’urine et des excréments dans l’aventure spatiale est ancien et demeure rudimentaire. Dans le cadre des sorties extravéhiculaires par exemple, les astronautes portent une couche absorbante dans leur combinaison pour parer à toute éventualité — y compris lorsqu’une envie pressante se déclenche avant même d’être sorti dans l’espace, car s’équiper prend beaucoup de temps.
C’est donc dans ce cas de figure que Thomas Pesquet et ses compagnons d’infortune — les Américains Shane Kimbrough et Megan McArthur, et le Japonais Akihiko Hoshide — vont devoir s’inscrire lors de leur vol de retour, dont la date reste indéterminée à ce jour. Mais pas de quoi les gêner outre mesure : après tout, l’histoire de la conquête spatiale est aussi une histoire de gestion des déjections.
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