La cinquième vague de la crise sanitaire est maintenant certaine en France. Dans la capitale, on compte 250 cas pour 100 000 habitants en cette fin novembre 2021, ce qui atteint le seuil d’alerte maximal. Ce taux d’incidence — c’est-à-dire le nombre de contaminations sur une population et une période données — équivaut à celui du pic de la dernière vague. Pourtant, cette cinquième vague ne semble que démarrer.
La situation peut-elle fait craindre un confinement ? Quels critères prendre en compte pour aborder ce questionnement ?
Les formes graves réduites par les vaccins
La cinquième vague se distingue par le taux de vaccination de la population française : plus de 75 % des personnes éligibles sont vaccinées à deux doses. Or, ce schéma complet permet de réduire les risques qu’une infection au covid se transforme en maladie grave (ou en covid long) nécessitant une hospitalisation ou provoquant le décès. C’est ce que prouvent les études basées sur les données « en vie réelle », c’est-à-dire sur la base des vaccinations réalisées ces derniers mois. Par exemple, un récent rapport d’octobre 2021 estime une efficacité de 90 % contre les formes graves (hospitalisations, décès) chez les plus de 50 ans.
De fait, la cinquième vague n’a déjà pas, à l’heure actuelle, la même structure que les précédentes. Si l’augmentation du nombre cas positifs est fulgurante, le nombre de décès et d’hospitalisations est moins conséquent, n’obéissant pas à la même évolution. En clair, cela pourrait être une vague de contaminations davantage qu’une vague d’hospitalisations et de décès.
Le confinement est utile contre la pression hospitalière
Le confinement est une mesure globalement efficace pour freiner la propagation du coronavirus. Des études ont démontré cette efficacité, mais en posant quelques limites. Ces limitations signifient notamment qu’une telle décision est assez lourde de conséquences. Or, après deux années qui ont largement éprouvé la société, il est clair qu’un nouveau confinement pourrait avoir des conséquences psychologiques et économiques assez dures. La mesure, si elle est à nouveau prise, se devrait donc d’être vraiment bien justifiée.
Mais alors que justifie, précisément, un confinement ? Ce n’est pas vraiment l’augmentation du nombre de cas positifs. En réalité, un confinement vient éviter ou enrayer très spécifiquement la pression hospitalière. Lorsque la courbe des contaminations atteint un certain stade, les modèles épidémiologiques montrent alors souvent que dans les jours et semaines qui vont suivre, cela va se répercuter sur les admissions à l’hôpital ainsi que sur les décès. Cela rend la prise en charge des patients plus difficile, sans compter que les soignants sont débordés.
Le confinement vient limiter le nombre de contaminations pour, précisément, stopper ou éviter cette pression hospitalière. C’est bien ce que rappelle l’Institut Pasteur pour expliquer la raison d’être de ses projections : « Pour pouvoir continuer à accueillir ces patients, les hôpitaux peuvent être amenés à déprogrammer certaines opérations, à fermer des services non COVID-19 et réallouer du personnel au profit des soins COVID-19, avec un impact qui peut être délétère pour les patients COVID-19 et les non-COVID-19 ainsi que pour les soignants. Ces rebonds épidémiques conduisent donc en général à un renforcement des mesures de contrôle, qui doit permettre de réduire la pression sur le système hospitalier. »
Or, la vaccination venant limiter le nombre de versions sévères de la maladie, elle réduit statistiquement le nombre d’admissions à l’hôpital en soins intensifs. Cela allège les risques de pression hospitalière. De fait, les risques qu’un confinement soit nécessaire en France s’avèrent bien moindres que lors de toutes les précédentes vagues.
L’incertitude s’insère toutefois quant à la durée de la protection immunitaire : l’efficacité des vaccins semble diminuer à travers le temps, notamment après 6 mois, d’où la stratégie actuelle d’une dose de rappel pour les personnes les plus à risque de contacter des formes graves. Le taux de vaccination en rappel pourrait donc avoir un impact sur la pression hospitalière. Par ailleurs, l’Institut Pasteur relevait qu’« une épidémie de grippe concomitante à l’épidémie de COVID-19 pourrait toutefois augmenter la pression sur le système de santé ». Le risque d’un retour en force de la grippe justifie d’autant plus le maintien des gestes barrières.
En Allemagne, le gouvernement a d’ailleurs annoncé un renforcement des restrictions pour les personnes non vaccinées spécifiquement dans les régions où le nombre d’hospitalisations dépasse le seuil d’alerte. En Autriche, le confinement a été décrété après un record dans le nombre de contaminations (1531 cas de Covid-19 pour un million d’habitants au 21 novembre 2021, le précédent record était autour de 800), ce qui laissait craindre un rebond hospitalier en conséquence. La décision d’un confinement est donc aussi très contextuelle au niveau national.
Des annonces d’Olivier Véran jeudi 25 novembre
La probabilité d’un reconfinement est donc relativement faible en France. Il demeure cependant quelques facteurs incertains qui pourraient éventuellement pousser les autorités à envisager cette solution. Le jeudi 25 novembre, le ministre de la Santé Olivier Véran a prévu d’annoncer de nouvelles mesures pour endiguer la 5e vague, mais la méthode du confinement est loin d’être au programme, si l’on en croit les récentes conclusions du porte-parole Gabriel Attal à l’issue du dernier conseil de défense.
Comme souvent, depuis les débuts de l’épidémie, nous tenons à rappeler que le facteur « incertitude » relève en soi d’une véritable information à prendre en considération. Les modèles, projections et connaissances déjà établies ne suffisent à tout prévoir ni à tout savoir, a fortiori dans un contexte où la situation évolue beaucoup — parfois assez vite.
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