Le rover Zhurong, de la mission chinoise Tianwen-1, s’est posé sur la planète Mars en mai 2021. Depuis cet atterrissage historique, l’Agence spatiale nationale chinoise (CNSA) a été assez peu prolifique dans sa communication au sujet de la mission (surtout comparé aux communiqués quasi quotidiens de la Nasa sur la mission du rover Perseverance). Une publication de la revue Nature, ce 30 novembre 2021, explique notamment pourquoi les premiers résultats scientifiques probants de Zhurong se font encore attendre.
La question est d’autant plus pertinente que l’astromobile de la CNSA a déjà terminé sa mission primaire sur Mars et qu’il est actuellement dans la phase prolongée de ses activités. Certes, Zhurong a connu comme les autres missions martiennes une période d’ « hibernation » en septembre, avec la conjonction solaire empêchant les agences spatiales de communiquer correctement avec leurs robots martiens. Néanmoins, indique Nature, Zhurong est redevenu opérationnel en octobre et a même parcouru 200 mètres de plus. Grâce à cette pause, les scientifiques de la mission ont d’ailleurs pu commencer l’analyse des données.
200 gigaoctets de données, collectées entre février et juin
Mais si cela prend tant de temps pour aboutir à de premiers résultats probants, c’est à cause du traitement et du nettoyage de ces données, dont le volume est important, indique Nature. Ces étapes sont importantes pour garantir la fiabilité des données et supprimer les bruits que produisent les instruments dans ces informations. Ce sont près de 200 gigaoctets de données qui ont été collectées à partir de huit instruments du rover et de l’orbiteur, entre février et juin 2021, et récupérées par les Observatoires astronomiques nationaux de l’Académie des sciences de Chine (NAOC). L’ensemble des données à analyser contient :
- Les images de la caméra de navigation du rover,
- Des données climatiques, au sujet de la température, de la pression et de la vitesse du vent,
- Des éléments sur la composition chimique des roches, du sol et des dunes de sable, obtenus par un spectromètre,
- Ainsi que des informations potentielles sur le sous-sol de Mars, obtenues avec un laser.
La CNSA a moins d’expérience que la Nasa
La manière dont travaillent les équipes responsables de la gestion des données de la mission peut aussi expliquer cette attente. Toutes les données produites par l’orbiteur Tianwen-1 et le rover Zhurong sont traitées par les NAOC, puis ensuite seulement mises à disposition des équipes scientifiques. Pour la mission de Perseverance, chaque instrument est développé par une équipe distincte, qui a accès aux données de l’instrument de façon exclusive, pendant plusieurs mois (puis les données sont rendues publiques).
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que Tianwen-1 est la première mission de la Chine posée à la surface d’une autre planète. La Nasa, elle, a bien plus d’expérience dans ce domaine, avec de nombreux atterrisseurs déjà posés à la surface de Mars. La CNSA a probablement beaucoup plus à apprendre que la Nasa, ce qui explique qu’il puisse lui falloir plus de temps pour aboutir à des résultats scientifiques.
Pour le moment, seules deux publications ont été mises en ligne à partir des données issues de la mission chinoise :
- Une en septembre, indiquant des propriétés de la surface (compacte et sableuse), dans la région explorée par Zhurong,
- Une en août, renseignant sur la localisation du rover sur Mars.
Les données n’ont été partagées qu’avec les chercheurs impliqués dans la mission, mais il est prévu que les NAOC finissent par les transmettre aux autres scientifiques (ce qui pourrait accélérer leur analyse) et au grand public, sans que l’on sache quand exactement. Selon Nature, il faut s’attendre dans les prochaines semaines et prochains mois à la publication de nouvelles études, informant sur le climat, la géologie et l’histoire de Mars grâce aux données de la mission Tianwen-1.
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