Des modélisations projetant l’avenir à court et moyen terme de l’épidémie en France, voilà ce que propose l’Institut Pasteur dans un rapport publié le 29 novembre 2021 et intitulé « Impact de la décroissance de l’immunité et du rappel vaccinal sur l’épidémie Covid-19 ». À quel point les doses de rappel, maintenant généralisées en France, peuvent-elles changer les choses ? Et plus précisément, dans quelle mesure peuvent-elles freiner les admissions à l’hôpital ?
L’Institut Pasteur alerte sur le fait que sa modélisation provient des données disponibles en cet instant précis et que cela peut évoluer. Le principe d’un scénario est qu’il extrapole le présent, mais pendant cette épidémie, le présent change assez vite. Les projections ne prennent pas en compte, par exemple, la potentialité que le variant Omicron se répande (on ne sait pas, à l’heure actuelle, s’il est vraiment plus contagieux et/ou plus virulent).
Une efficacité de 95 %
En préalable, Pasteur fait l’hypothèse d’un renforcement des gestes barrières (aération, masques, distanciation physique, télétravail) dans la société française en cette fin novembre. Si cette « hypothèse d’un renforcement des comportements protecteurs » se confirme, les épidémiologistes estiment que l’on peut espérer une réduction de 10 % des taux de transmission à compter du 1er décembre (ce mercredi). « Une réduction même petite des taux de transmission pourrait produire une diminution importante de la taille du pic épidémique. Le renforcement des gestes barrières, du port du masque, le télétravail et une réduction des contacts peuvent jouer un rôle important sur la dynamique de l’épidémie », avertissent les épidémiologistes.
Concernant la dose de rappel, l’Institut Pasteur postule que, compte tenu des données actuelles, on sait que l’efficacité vaccinale contre l’infection chute de 80 % à 50 % après 6 mois, et que la capacité des vaccins à freiner les hospitalisations passe de 95 % à 85 % après cette même période. Dans leur scénario de référence, les épidémiologistes de l’institut relèvent que la dose de rappel permet d’arriver à une efficacité de 95 % dans son ensemble : « Après une dose de rappel, l’efficacité vaccinale contre l’infection augmente à 95% (85 % après 6 mois en moyenne) et l’efficacité contre l’hospitalisation se stabilise à 95%. »
En rapportant cette efficacité du rappel avec la vague épidémique actuelle, l’Institut Pasteur a pu dresser un scénario sur l’impact de cette stratégie pour freiner le pic. Dans un scénario où il y aurait environ 400 000 doses injectées chaque jour, avec une règle de 5 mois de délai entre la dernière dose en date et la dose de rappel, alors le pic des hospitalisations est réduit de 44 % si le rappel cible les personnes de plus de 18 ans, comme c’est le cas maintenant. Si la stratégie n’était ouverte qu’aux 50 ans et plus, ce chiffre tomberait à 33 %, et à 20 % si elle ne visait que les personnes de 65 ans et plus.
La dose de rappel stabiliserait la situation
Dans un graphique fourni par l’Institut Pasteur, on peut également constater que cohabitent, selon ces projections, un scénario optimiste et un scénario pessimiste :
Dans le scénario pessimiste, après deux doses, la protection contre les hospitalisations baisse davantage chez les plus de 65 ans, et baisse globalement pour toutes les tranches d’âge. Il en va de même pour la capacité à freiner les infections, où un scénario pessimiste montre une baisse plus rapide et plus nette de la protection après deux doses.
Toutefois, dans les deux scénarios, la dose de rappel stabilise la situation : qu’on soit dans le scénario optimiste ou pessimiste, la dose de rappel maintient la protection à 95 % contre les infections et contre les hospitalisations.
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