Derrière les succès réels de SpaceX dans l’aérospatial, une crise est-elle sur le point d’éclater en interne ? Un courrier électronique envoyé par Elon Musk, le fondateur de l’entreprise, dépeint une situation critique, causée par un problème de production au niveau du Raptor, le moteur-fusée qui doit servir à Starship, le lanceur qui doit remplacer un jour le Falcon 9.
« Les conséquences pour SpaceX si nous ne parvenons pas à fabriquer assez de Raptors fiables sont que nous ne pouvons pas faire voler Starship, ce qui signifie que nous ne pouvons pas faire voler le satellite Starlink V2 (Falcon n’a ni le volume *ni* la masse en orbite nécessaire pour le satellite V2). Le satellite V1 en lui-même est financièrement faible, alors que le V2 est fort », lit-on dans le mail, obtenu par The Verge le 30 novembre 2021.
C’est dans ce cadre qu’Elon Musk sonne le branle-bas de combat, en demandant à son personnel d’être là — il se présente lui-même en exemple à suivre, où il choisit de sacrifier son premier week-end de libre, mais aussi certaines de ses nuits, pour agir sur les lignes de production. « Nous avons besoin de toutes les mains sur le pont pour nous remettre de ce qui est, franchement, un désastre », dit-il encore.
Des signes avant-coureurs des difficultés importantes auxquelles semble confrontée la société étaient apparus il y a quelques semaines, avec le départ de deux cadres de SpaceX en novembre. CNBC signalait le 22 novembre que l’un des deux était impliqué justement dans le développement du Raptor. Le journal américain évoquait alors que sa mise à l’écart était « en raison d’un manque de progrès ».
« Malheureusement, la crise de production du Raptor est bien pire qu’il n’y paraissait il y a quelques semaines. Au fur et à mesure que nous avons creusé les problèmes à la suite du départ de l’ancienne direction, ils se sont malheureusement révélés bien plus graves que ce qui avait été annoncé. Il n’y a pas moyen d’édulcorer la situation », poursuit la missive. En somme, ça passe ou ça casse en 2022.
L’avenir de la motorisation de SpaceX ? Le Raptor
Actuellement, les fusées Falcon 9 et Falcon Heavy utilisent un autre type de moteur-fusée, appelé Merlin. Le Raptor est en développement depuis des années — la première fois que l’engin a été allumé, c’était en 2016, signe que sa conception remonte à bien avant. Depuis, il a été amélioré et il a été partiellement intégré sur les prototypes du Starship pour mener des essais de plus en plus poussés.
Dernièrement, l’entreprise américaine a mis au point une déclinaison particulière du Raptor, avec le Raptor Vacuum. Il s’agit d’une variante qui mobilise un système de refroidissement régénératif. Celui-ci a été testé pour la première fois en septembre 2020 à pleine capacité. Trois exemplaires du Raptor Vacuum doivent équiper l’étage supérieur du lanceur. Tous les autres emplacements seront utilisés par le Raptor.
Le Starship est composé de deux segments : le premier est l’étage principal, qui s’appelle le Super Heavy. Il doit accueillir 33 moteurs Raptor. Le second s’appelle Starship (comme la fusée dans son ensemble) et doit être propulsé par 3 moteurs Raptor et 3 moteurs Raptor Vacuum. Le Starship doit effectuer son premier vol orbital en 2022 — c’est le souhait d’Elon Musk, qui voudrait bien le faire dès janvier.
Il est difficile de jauger si la situation dans laquelle SpaceX se trouve est à ce point critique que le devenir même du groupe est menacé de disparition. Elon Musk a la réputation de se montrer parfois excessif dans ses prises de parole. Dans son courrier, l’intéressé évoque un risque de faillite si le Starship n’est pas en mesure de voler au moins une fois toutes les deux semaines.
Le modèle économique de SpaceX repose en partie sur son service d’accès à Internet par satellite, qu’il est en train de mettre en place depuis quelques années. Cette prestation, qui est déjà disponible dans quelques pays, y compris en France, nécessite de positionner en orbite basse des milliers de satellites, mais aussi de déployer au sol des stations pour faire la liaison avec les internautes.
Mais pour assurer le succès de Starlink, le nom du service, il faut non seulement avoir assez de satellites dans l’espace, mais aussi que ces satellites soient assez performants en termes de bande passante et de latence. Or, une partie de la clé dépend de l’envoi de ces engins par Starship… et l’utilisation du Starship dépend de la qualité de production du moteur Raptor.
Le développement de Starlink doit pouvoir fournir une source de financièrement régulière à SpaceX, avec des abonnements relativement coûteux (environ 100 euros par mois, outre l’achat de tout l’équipement nécessaire). Pour l’heure, le projet apparaît comme un gouffre financier, car il faut dépenser des montants importants pour fabriquer ces satellites et les envoyer dans l’espace avec une fusée.
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