C’est un pépin de dernière minute, comme il en survient parfois avant le tir d’une fusée. Dans la nuit du 2 au 3 décembre, Arianespace devait superviser le décollage du lanceur russe Soyouz. À son bord, deux satellites destinés à étoffer la constellation Galileo, qui permet à l’Europe de disposer de son propre service de de positionnement — celui-ci est opérationnel depuis 2016.
Sauf que patatras : un message publié un peu avant 22 heures sur Twitter annonce une mauvaise nouvelle. Il n’est plus possible de poursuivre la séquence jusqu’au tir, prévu à 1h27 du matin (heure de Paris). La cause du problème n’est pas à chercher du côté de la fusée ou bien d’un des deux satellites. Le souci est ailleurs : c’est une station avale de télémesure qui fait des siennes.
Une station de suivi était déconnectée
Il faut savoir que le départ d’une fusée est suivi avec attention, au niveau de son pas de tir, mais également tout au long de son ascension dans l’atmosphère, afin de s’assurer qu’elle a le comportement attendu — dans ce cas, on dit que le vol est nominal. Et si ce n’est pas le cas, il existe des procédures pour enclencher l’autodestruction du lanceur. Ainsi, des stations sont placées le long du parcours.
Un exemple : lors de la mission VA248 avec une fusée Ariane 5, en juin 2019, ce sont quatre stations qui ont été mobilisées : celle de Natal (sur la façade atlantique, au Brésil), celle de l’île de l’Ascension, au beau milieu de l’océan, celle de Libreville (au Gabon) et celle de Malindi (au Kenya). Ces stations sont des structures fixes, avec d’immenses paraboles pointées vers le ciel.
Arianespace n’a pas précisé quelle station de télémesure était indisponible. Toujours est-il que l’opérateur français n’a pas souhaité poursuivre avec une partie du suivi qui n’aurait pas pu être assuré correctement. Aussi a-t-il été « décidé de ne pas procéder au remplissage du tri-étage Soyouz ». Une nouvelle tentative est toutefois planifiée pour la nuit du 3 au 4 décembre (01h23 du matin, heure de Paris).
Dans une courte intervention sur Twitter, le patron d’Arianespace, Stéphane Israël, a fait savoir le 3 décembre que l’anomalie sur la station avale de télémesure a été corrigée. Il doit maintenant être décidé de poursuivre, ou non, le vol. Le remplissage doit survenir cinq heures avant le décollage. Si non, il faudra sélectionner un nouveau créneau ce week-end ou les jours suivants.
Galileo relève d’un choix stratégique de l’Europe pour gagner en autonomie vis-à-vis du GPS américain — même si dans un smartphone, il est possible d’accrocher aussi bien le service de l’un comme de l’autre. Galileo étant très récent, sa précision est très élevée, de l’ordre du centimètre. Le GPS, qui a été mis en place dans les années 70, est un peu plus en retrait, même s’il progresse.
Actuellement, « plus de 2,3 milliards d’usagers dans le monde » sont en mesure de profiter des services de Galileo, grâce au 26 satellites déjà en place — il y en aura plus de 30 à long terme, dont des satellites placés en réserve. Il existe d’ailleurs de nombreux smartphones qui sont compatibles avec Galileo. Et à encore plus long terme, une nouvelle génération de satellites doit être déployée dans le futur.
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