L’agence spatiale américaine surveille étroitement les astéroïdes qui pourraient représenter un risque. Elle dispose désormais d’un outil encore plus performant pour le faire, Sentry-II.

Même si aucun astéroïde ne représente actuellement un danger pour notre planète, la Nasa prend très au sérieux cette possibilité. L’agence spatiale progresse encore dans ce domaine, détaille un communiqué publié le 6 décembre 2021. Le CNEOS (Center for Near Earth Object Studies, ou « Centre d’étude des objets géocroiseurs ») dispose d’un nouveau système, baptisé Sentry-II, pour encore mieux surveiller les potentiels impacteurs.

Près de 28 000 astéroïdes géocroiseurs identifiés

Il s’appuie pour cela sur les données les plus récentes des relevés d’astéroïdes et des missions spatiales, comme celle d’OSIRIS-REx. « À ce jour, près de 28 000 astéroïdes géocroiseurs ont été trouvés par des télescopes qui scannent continuellement le ciel nocturne, ajoutant de nouvelles découvertes à un rythme d’environ 3 000 par an », écrit l’agence spatiale dans sa publication. Cependant, la Nasa anticipe qu’une augmentation de ces découvertes aura lieu ces prochaines années, avec la mise en service d’observatoires plus grands et plus sophistiqués (comme l’Observatoire Vera-C.-Rubin). « En prévision de cette augmentation, les astronomes de la Nasa ont développé un algorithme de surveillance d’impact de nouvelle génération appelé Sentry-II. »

Les productions hollywoodiennes peuvent donner l’image que les astéroïdes sont des objets célestes vagabondant dans l’espace au hasard, qui pourraient soudainement représenter une menace pour la Terre. En réalité, il est possible de prévoir la trajectoire de ces corps, qui sont en orbite autour du Soleil. L’orbite de certains d’entre eux les amène relativement proche de la trajectoire de notre planète (d’où le nom de géocroiseur, qui ne concerne d’ailleurs pas que les astéroïdes, mais aussi les comètes).

L'orbite de 2 200 objets potentiellement dangereux. // Source : NASA/JPL-Caltech
L’orbite de 2 200 objets potentiellement dangereux, dont celle de Didymos, visé par la mission DART. // Source : NASA/JPL-Caltech

Goodbye Sentry, hello Sentry-II

Le rôle du CNEOS, rattaché au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, est de calculer les orbites de chaque objet potentiellement dangereux. Le centre le faisait depuis 2002 avec un logiciel nommé Sentry. Pendant plus de 20 ans, cet outil a bien fonctionné, permettant d’obtenir en moins d’une heure la probabilité d’impact d’un astéroïde venant tout juste d’être découvert, pendant les 100 années à venir. Sentry-II va néanmoins plus loin, car il peut prendre en compte des cas spécifiques. « Les chercheurs ont rendu le système de surveillance des impacts plus robuste, permettant à la Nasa d’évaluer en toute confiance tous les impacts potentiels avec des chances aussi faibles que quelques chances sur 10 millions. »

De quelles situations spécifiques la Nasa parle-t-elle ? Sentry tenait compte des forces gravitationnelles façonnant l’orbite d’un astéroïde (l’attraction du Soleil et des planètes). Mais il ne considérait pas d’autres forces, non gravitationnelles. Les principales étant, décrit la Nasa, des « forces non thermiques causées par la chaleur du Soleil ». Effectivement, la lumière de l’étoile chauffe le côté jour de l’astéroïde, qui est en train de tourner sur lui-même. Puis cette partie chauffée passe dans la nuit, se refroidissant. Ce refroidissement libère une énergie infrarouge, qui produit une poussée infime sur l’astéroïde. L’influence de ce phénomène est faible, mais sur des périodes de temps très longues (décennies, siècles) l’effet sur la trajectoire de l’objet peut être important.

Sentry était donc limité, puisqu’il ne pouvait pas gérer ce phénomène dans ses prédictions. Des analyses manuelles étaient donc requises dans certains cas, comme par exemple avec les astéroïdes Apophis, Bennu ou 1950 DA. Sentry-II permettra désormais à la Nasa de gagner un temps précieux.

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