« Les lunes sont des planètes », affirment les auteurs d’une nouvelle étude. Selon eux, il faut revoir la définition du mot planète, ce qui impliquerait de reclasser Pluton dans cette catégorie.

Qu’est-ce qu’une planète ? La réponse n’est pas si évidente. Certes, l’Union astronomique internationale (UAI) a rédigé une définition précise de ce mot et de ce qu’il recouvre. Elle est cependant remise en question dans une nouvelle étude, publiée dans Icarus et relayée par l’université de Floride centrale (Orlando) le 8 décembre 2021.

Dans ce texte intitulé « Les lunes sont des planètes », les scientifiques estiment que la définition actuelle de l’UAI est empreinte de folklore, y compris d’astrologie (à ne pas confondre avec l’astronomie, qui est une science) et, qu’à ce titre, elle devrait être annulée. Ils font référence à la définition adoptée en 2006, qui a conduit à ne plus considérer officiellement Pluton comme une planète, mais une planète naine.

Selon cette définition de 2006, une planète est « un corps céleste » :

  • « Qui est en orbite autour du Soleil »,
  • Qui « possède une masse suffisante pour que sa gravité l’emporte sur les forces de cohésion du corps solide et le maintienne en équilibre hydrostatique, sous une forme presque sphérique »,
  • Et qui « a éliminé tout corps susceptible de se déplacer au voisinage de son orbite ».

On comprend pourquoi Pluton a été changée de catégorie : la gravité de Neptune l’influence et Pluton partage son orbite avec des gaz glacés. Par ailleurs, Pluton partage son orbite avec d’autres corps de la ceinture de Kuiper, une zone du Système solaire peuplée de petits astres au-delà de l’orbite de Neptune.

Pluton et sa lune Charon. // Source : Flickr/CC/Lunar and Planetary Institute
Pluton, à gauche, et sa lune Charon. // Source : Flickr/CC/Lunar and Planetary Institute

Un critère-clé : si une planète est active géologiquement

C’est notamment cette dernière partie contre laquelle se dressent ces scientifiques : pour eux, il faut supprimer cette obligation qu’une planète ait dégagé sa propre orbite (que la planète est celle qui la force gravitationnelle la plus importante sur son orbite) pour être considérée comme telle. À la place, ils mettent en avant une autre caractéristique : le fait qu’une planète a été, ou est, active sur le plan géologique.

« L’histoire des taxonomies [ndlr : classifications] folkloriques vs scientifiques pour ‘planète’ que nous présentons ici est bien plus compliquée que les exemples du ‘poisson’ ou du ‘fruit’, et c’est un problème bien plus vaste que beaucoup ne le pensent : il s’agit de la nécessité de distinguer clairement le pragmatisme scientifique des priorités culturelles afin que les connaissances scientifiques les plus approfondies soient rendues claires comme du cristal », peut-on lire dans l’étude.

Dans cette étude, les auteurs rapportent avoir examiné les 400 dernières années de recherches sur le thème des planètes. « La littérature montre que le concept de planète développé par les scientifiques pendant la révolution copernicienne était chargé de théorie et de pragmatisme pour la science », lit-on dans Icarus. Ils font référence au modèle héliocentrique (de Copernic et Galilée), mettant le Soleil au centre du Système solaire, et non la Terre. Ce modèle « comprenait à la fois les [corps] primaires et les satellites en tant que planètes en raison de leurs caractéristiques géologiques intrinsèques communes ».

« C’est comme définir des mammifères »

Pour les auteurs, c’est cette approche qui est plus pertinente pour classer les planètes, car il faut selon eux tenir compte de la nature de l’objet (et non du critère de leur orbite). Dans le communiqué de l’université de Floride central, l’un des auteurs de l’étude, le physicien Philip Metzger, fait une comparaison parlante : « C’est comme définir des ‘mammifères’. Ce sont des mammifères, qu’ils vivent sur terre ou dans la mer. Ce n’est pas lié à leur emplacement. Ce sont leurs caractéristiques intrinsèques qui en font ce qu’ils sont. »

La question de définir correctement les planètes est d’autant plus importante que de nouveaux observatoires, comme le télescope spatial James Webb, permettront certainement de découvrir encore plus d’exoplanètes — des planètes situées en dehors du Système solaire.

Évidemment, changer la définition du terme tel que le souhaitent ces auteurs serait un bouleversement : il ne faudrait plus se représenter le Système solaire comme composé de 8 planètes, mais de centaines de planètes — puisque de nombreuses lunes, géologiquement actives, seraient considérées comme des planètes.

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