La pilule anti-covid de Merck n’a pas passé l’examen de la Haute Autorité de Santé. L’instance qui se prononçait le 10 décembre sur deux nouveau traitements destinés à des patients à risques a indiqué, dans son avis, qu’elle n’autorisait pas l’accès précoce au monulpiravir en traitement curatif des formes légères et modérées du Covid-19.
Si une part importante de la lutte contre le covid repose sur des mesures préventives telles que la vaccination et les gestes barrières, les scientifiques travaillent également à enrichir l’arsenal de mesures curatives. Le molnupiravir qui est un traitement curatif antiviral entre dans cette catégorie. Comme le rappelle l’avis, ce traitement a pour objectif affiché d’empêcher le virus de se répliquer dans le corps humain, afin de réduire voire stopper l’infection. Le laboratoire Merck (MSD France) qui a développé ce traitement sous la marque Lagevrio, demandait son accès précoce en traitement des formes légères à modérées du Covid-19 chez les adultes testés positifs présentant « au moins un facteur de risque de développer une forme sévère de la maladie ».
Pourquoi la HAS n’autorise pas le molnupiravir
La Haute Autorité de Santé indique dans son avis que le molnupiravir est moins performant que d’autres traitements. Selon l’étude MOVe-OUT évaluant son efficacité, la pilule de Merck réduit les risques de progression vers la forme grave de Covid-19 de 30 % « alors que l’efficacité pour les anticorps monoclonaux casirivimab-imdevimab est d’environ 80 % », souligne la HAS.
L’instance indique également que les résultats d’efficacité ont beaucoup varié entre les différentes phrases de l’étude. Alors que dans la première période, les données pointent vers une efficacité de 50 %, celles recueillies sur la deuxième suggèrent ainsi une efficacité nulle. Le problème est que cette 2e période est plus représentative de la situation épidémiologique actuelle en France (avec une forte présence du variant delta). Cet écart est donc un signal défavorable au molnupiravir. La Haute Autorité de Santé explique que la capacité de la pilule de Merck à « négativer » la charge virale (autrement dit la réduire jusqu’à ce qu’elle devienne indétectable) n’est du reste pas démontrée.
Les 50 000 doses commandées par la France en suspens
Dans son avis du 10 décembre, l’institution encourage désormais la mise en place d’essais cliniques sur le monulpiravir en association avec une autre molécule. En attendant, la question du devenir des 50 000 doses de molnupiravir commandées par la France restait en suspens. Le ministère de la Santé a apporté une réponse à ce sujet, le 10 décembre, précisant que le contrat était conditionné à un avis positif de la HAS et ne se déclencherait donc pas en l’absence d’autorisation précoce de déploiement.
L’avis de la HAS ne remet pas question l’utilité que des traitements efficaces pourraient avoir dans la lutte contre le Covid-19, en complément des gestes barrières et de la vaccination. L’institution a rappelé que ces médicaments pouvaient jouer un rôle important en ciblant « les personnes qui répondent mal ou pas à la vaccination ou qui n’y sont pas éligibles ». En août dernier, elle a d’ailleurs autorisé le premier accès précoce à un traitement de ce type, le Ronapreve de Roche. Ce dernier est une association de deux anticorps monoclonaux, casirivimab-imdevimab, et vise à prévenir l’infection avant ou après exposition au virus. Il est également « indiqué pour limiter les formes sévères chez des patients atteint de Covid-19 », souligne l’instance.
A noter que dans l’avis du 10 décembre, qui retoque le molnupiravir, la HAS a aussi donné le feu vert à l’utilisation de l’Evusheld dans certains cas de figure. Ce traitement est aussi une association d’anticorps monoclonaux (tixagévimab et cilgavimab) qui vise à empêcher le virus d’entrer dans les cellules et de s’y multiplier. La HAS a approuvé son utilisation préventive chez des patients à très haut risque de forme sévère, qui ne répondent pas ou faiblement à la vaccination ou n’y sont pas éligibles.
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